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Pas de visas pour les sportifs marocains

On sait que la diplomatie marocaine se préoccupe peu du sport et des sportifs. C'est ainsi que rares sont les équipes ou les athlètes qui sont pris en charge par nos diplomates, qui prennent rarement exemple sur leurs collègues d'autres contrées, qui exploitent l'impact sportif de leur pays à diverses fins, sportive, économique, politique et, aussi, culturelle.

Aujourd'hui, beaucoup de nos sportifs de haut niveau, porteurs du passeport marocain sont confrontés aux pires difficultés et certains se voient refuser les visas à destination de l'Europe, des Etats-Unis, de l'Amérique Latine voire même de l'Afrique

Talal Ouhabi, le vétéran du tennis national vient d'en payer les frais, tout autant que le champion d'Afrique et joueur de l'équipe de Coupe Davis, Anas Fettar.

Ce dernier a été privé du visa pour la Roumanie, chose que nous avions dénoncée en son temps, mais voilà que le champion, qui a souffert avant d'avoir le quitus pour aller à Barcelone, confronté au même problème pour aller au Brésil.

Nos champions ne comprennent plus pourquoi ils sont l'objet d'une exclusion, synonyme d'un ostracisme avéré, au moment où d'autres pays d'Afrique Subsaharienne ne rencontrent pas de difficulté et accèdent facilement à des Etats où nos champions sont refoulés ?

Tout récemment, l'équipe de basket-ball du prestigieux club de Casablanca, le Wydad, a été privée de visa pour l'Espagne et les exemples ne manquent pas de ces sportifs et artistes qui sont rejetés comme des moins que rien et privés de déplacements dans d'autres pays.
Hadj Younes, qui passe pour l'un des meilleurs luthistes arabes, sur les traces de Mounir Bachir, a, également, été privé de visa pour les Etats-Unis où il a été invité dans le cadre d'un festival de musique.
Inutile de rappeler l'état psychologique de nos stars, qui se voient traités comme des «Harragas» potentiels, au moment où leur statut intellectuel et financier en fait des personnes intégrées dans leur pays, le Maroc, qu'ils ne quitteraient pour rien au monde.

Le Ministère des Affaires Etrangères va-t-il continuer à fermer les yeux sur les excès qui privent nos champions de déplacements professionnels, comme dans le cas de Talal Ouhabi, qui a longtemps vécu dans les pays du Golfe et qui a un statut social respectable ou du jeune espoir du tennis national Anas Fettar ?

Anas a trouvé des sponsors, Menara Holding et la SAMIR, qui financent une partie de ses déplacements, pour ramasser le maximum de points et aspirer à jouer les premiers rôles, sur les traces des Trois Mousquetaires : Younes El Aynaoui, Hicham Arazi et Karim Alami.

Mais le voilà ballotté à chaque fois qu'il réclame un visa et qu'il se voit rejeté, au moment où ses alter ego d'autres continents, y compris africains, qui sont ses sparring partners sont partout accueillis, sans problème.

Imaginez qu'on refuse l'accès à Ouhab, le champion algérien en Espagne ou ailleurs, la diplomatie algérienne peut en faire un incident diplomatique et protester énergiquement auprès des autorités concernées et priées illico presto de rétablir le citoyen lésé dans son droit absolu d'aller et de venirsur un court de tennis.

Est-ce le cas, chez nous, où les champions de Roumanie, d'Espagne, du Brésil et d'ailleurs de Namibie ne rencontrent jamais de problème et sont accueillis à bras ouverts, y compris à l'aéroport où on se permet, dans des cas spécifiques, de délivrer des visas ou de se suffire de la carte nationale.

Même Hicham El Guerrouj avait une fois subi les affres de l'exclusion, avant de trouver la solution pour aller aux Etats-Unis. Le Ministère des Affaires Etrangères (appréciez les majuscules !) n'avait pas levé le petit doigt, à l'époque et c'est M.Boubker Mazoz qui avait permis au double médaillé d'or d'Athènes d'aller «en Amérique où il n'y a pas de chat», comme le dit si bien la chanson du beau dessin animé de Walt Disney.

Nos champions sont négativement affectés, au niveau de leur personnalité et n'ont plus confiance ni en leur pays, qui ne les défend pas, même s'ils ont raison et perdent le moral jusqu'à opter, pour certains d'entre eux, pour d'autres nationalités.

C'est comme ça qu'on a perdu des champions de haut niveau, monsieur le Ministre des affaires étrangères et c'est comme ça qu'on continuera à subir la fuite des muscles et des godasses, tant que nos vedettes seront traitées comme des candidats à l'«émigration négative» !

A propos, monsieur le Ministre, quel est l'impact diplomatique du sport, au moment où nos présidents de confédérations africaines et nos représentants dans les institutions sportives internationales, sont acculés à subir les mêmes affres de l'exclusion que nos champions ?
Et si on appliquait la clause de la réciprocité, pour les sportifs tennismen, golfeurs, footballeurs

Il y a de fortes chances pour que nos sportifs retrouvent le moral, pour remporter le maximum de points et de trophées, qui permettront au monde entier de dissocier «Monaco» de «Morocco», comme l'avait relevé feu SM Hassan II, quand il reconnaissait l'apport de Saïd Aouita et Nawal El Moutawakil, au plus haut niveau.
A vos marques, monsieur le Ministre !

Belaïd Bouimid
Source: Al Bayane

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