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Maroc : Après les profs, les élèves du Lycée Lyautey haussent le ton

La grogne monte au lycée Lyautey de Casablanca avec des mouvements de grève intensifiés et une journée «école morte» annoncée pour le début du mois de février sur tout le territoire marocain. Les élèves se plaignent d'une prise en otage de leur avenir par un petit groupe de professeurs.

«Si vous voulez tout, vous n’aurez rien». Ce propos aurait été exprimé par la direction générale du lycée Français, situé à Casablanca, suite aux appels à la grève initiés par des étudiants de l’établissement pour protester contre le mouvement de grève de professeurs (détachés par le ministère de l’Education nationale Français au Maroc) qui dénonce la politique de réforme du gouvernement de François Fillon.

Le «hic» ne repose pas sur les revendications des professeurs, mais sur la méthode utilisée par ces derniers pour se faire entendre. En effet, ils ont tout bonnement décidé de faire grève durant la période programmé pour le passage du Baccalauréat blanc. Un exercice de simulation qui permet aux élèves d’être en condition d’examen.

Au passage, il est bon de noter que la communauté de «profs» en grève – au nombre de 20 sur environ 280 enseignants que comptent l’établissement – a décidé de planter le piquet de grève les jours d’examens blancs afin de ne pas être…pénalisés financièrement (ils ne seraient pas obligés d’encadrer les élèves pour ce type d’examen). Cela ressemble fort à des «tirs» à cartouche à blanc.

«Nous n’avons pas à être pris en otage ! Si on peut comprendre l’attitude des professeurs en grève, il n’en reste pas moins que nous priver d’épreuves simulées comme le BEPC ou le baccalauréat au nom de la revendication et de la contestation, c’est injuste. Nous sommes également opposés farouchement à la nouvelle réforme de l’éducation nationale, mais pas au point de mettre en péril notre avenir», déclare Cheyrin, 17 ans, élève de Terminale au lycée Lyautey.

Autant dire que la grogne bât son plein. «Il est bon de rappeler que nous ne faisons pas grève par plaisir ou par fumisterie. Les plus pénalisés, c’est bien nous. On doit rattraper les cours et redoubler d’efforts pour ne pas être trop en retard sur l’agenda de travail. C’est dire la motivation qui nous anime. En outre, on se sent piégé et utilisé alors que nous sommes en pleine construction de vie», précise Ghita, également élève en classe de Terminale.

Attroupé devant les grilles de l’établissement scolaire, un groupe de jeunes tient également à se faire entendre. «Ce que l’on souhaite, c’est qu’un débat constructif et serein s’installent pour que chacun puisse faire valoir ses arguments et ses craintes. Pourquoi la direction fait la sourde oreille ? Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui on décide à Paris du devenir de milliers de jeunes étudiants Français et Marocains dont le seul tort, c’est d’être scolariser au lycée Lyautey ? Comment se fait-il que le plus grand lycée Français à l’étranger soit le seul visé par la réforme ? », s’interroge le groupe d’étudiants. «Ceux sont pour toutes ces interrogations que nous militons. Sans haine, sans violence, mais avec beaucoup de détermination», ajoute un élève, sur fond d’amertume.

Seront-ils entendus ? Pour l’heure, il ne semble pas que les conditions (politiques ) et l’environnement (économique sur fond de crise) soient réunis pour trouver une issue favorable aux…professeurs.

Rachid Hallaouy
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