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Enclavement du monde rural: un lourd tribut pour le Maroc

C’est indéniable. Une bonne infrastructure routière impacte positivement les conditions de vie de la population. Et inversement, l’enclavement contribue à la précarité et la détérioration des indicateurs socioéconomiques des populations concernées.

Chiffres à l’appui, une analyse du HCP parue dans le dernier numéro des Cahiers du Plan et basée sur le recensement général de 2004 démontre, en effet, cette corrélation via les indicateurs relatifs à la natalité, la fécondité et la mortalité infantile. Ainsi par exemple, le taux de mortalité infantile chute de 62,5 à 44,8% en passant des niveaux élevés d’enclavement (tranche de 10 km et plus) à ceux plus bas (moins d’un km).

Mais plus parlants, les niveaux de précarité qui augmentent dans les localités mal desservies par le réseau routier. Ainsi, l’analyse du HCP qui s’appuie sur les données du RGPH de 2004 démontre la relation entre le taux de pauvreté et le niveau d’accessibilité à la route. Le taux de pauvreté qui était, en 2004, de 22% dans le milieu rural, grimpe au fur et à mesure que l’enclavement des localités rurales s’intensifie. Pour les ménages situés à moins d’un km de la route, le taux de pauvreté est de l’ordre de 19%. Il atteint son seuil le plus élevé (32%) dans les zones à fort niveau d’enclavement (10 km et plus pour la route la plus proche). Cette tendance est observée dans toutes les régions du pays avec quelques variations. Les écarts les plus élevés entre zones enclavées et non enclavées sont relevés au niveau de Tadla-Azilal, Guelmim-Smara et l’Oriental.

De même, l’impact sur la scolarité est aussi avéré. Le taux de scolarisation des enfants âgés de 7 à 12 ans, de l’ordre de 69% dans le milieu rural, affiche une tendance baissière nette pour les localités mal desservies par la route. Il passe ainsi à 54% chez les ruraux les plus enclavés contre 77% chez ceux qui le sont moins. Une tendance qui, on s’en doute, est particulièrement accentuée chez les filles. Ainsi, chez les garçons, le taux de scolarisation passe de 81% pour la tranche habitant à moins d’un km de la route à 63 pour celle de 10 km et plus. Chez les filles, il baisse respectivement de 74 à 46%.

Même constat pour l’analphabétisme. De l’ordre de 60% en milieu rural pour les 10 ans et plus, ce taux grimpe avec l’enclavement des populations. Il atteint ainsi 72% chez les populations obligées de parcourir 10 km et plus pour arriver à la route la plus proche contre 53% pour les populations désenclavées. Et c’est sans surprise que, dans ce schéma, l’élément féminin soit le plus défavorisé avec des taux encore plus élevés d’analphabétisme. On relève en effet jusqu’à 84% chez les populations féminines dans les régions les plus enclavées.

En matière d’équipement des logements, le désenclavement joue aussi un rôle dans l’amélioration des conditions de vie. Il en est ainsi de l’accès à l’eau et à l’électricité favorisé par la proximité d’une route. Il est aussi établi que le réseau routier contribue à la diffusion des moyens de communication et d’information en milieu rural. Ainsi, selon les résultats du RGPH de 2004, la proportion des campagnards disposant d’un téléviseur est de l’ordre de 75% pour ceux résidant à moins d’un km d’une route revêtue. Elle chute à 37% pour la population rurale plus éloignée (10 km et plus).

Même tendance pour le téléphone qu’il soit portable ou fixe. Ainsi, alors que 55% des ruraux dans les localités désenclavées déclarent posséder un portable, ils ne sont que 29% à en disposer dans les localités enclavées. Même tendance baissière pour la ligne téléphonique fixe dont la fréquence en milieu rural est plus faible que celle du portable. Les proportions sont respectivement de 4 à 1%. Plus révélateur encore, l’équipement des foyers en toilettes dont le niveau s’améliore considérablement avec la proximité d’une route. On passe ainsi du simple (34%) à un peu plus du double (72%) entre localités enclavées et celles désenclavées.

Source: L'Economiste

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