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L’Espagne est plus accessible pour les étudiants marocains

Habla Espagnol…? Proximité géographique, histoire commune, vacances torrides, et difficulté de poursuite des études à l’étranger ont intensifié, ces dernières années, l’engouement des Marocains, en particulier les jeunes, pour la langue espagnole. Ce qui fait, aujourd’hui, de l’Institut Cervantès à Casablanca, le deuxième centre culturel espagnol dans le monde après celui de Moscou. D’autant plus que ces centres n’existent au Maroc que depuis une quinzaine d’années. En aussi «peu de temps», ce sont tout de même plus de 100.000 étudiants qui ont bénéficié des prestations des cinq centres de la mission culturelle espagnole au Maroc.

D’autant plus que face au durcissement des conditions d’octroi de visas étudiants pour l’Europe et particulièrement la France, avec la loi Sarkozy, les élèves peinent à trouver des inscriptions. Grâce à la langue espagnole, de nouvelles perspectives se présentent à eux.

Aussi, ce sont près de 65% des élèves de terminale inscrits dans les 10 établissements espagnols au Maroc qui rejoignent l’Espagne pour continuer leurs études universitaires. En 2006, leur nombre a atteint 3.159 dont 2.722 en premier et second cycles et 437 en troisième cycle. Mais il faut noter qu’une grande partie de ces étudiants ont regagné «la péninsula» après avoir préparé le cursus de selectividad dans des établissements privés marocains. Contrairement aux autres pays, un bachelier, quelle que soit sa nationalité, ne peut pas accéder à l’université ou aux écoles supérieures espagnoles sans réussir cette épreuve de sélection. Au Maroc, ce créneau connaît un succès ces dernières années, car, en sus de la possibilité des études supérieures, il offre l’occasion aux bacheliers de s’installer dans ce pays. Aujourd’hui, le réseau des établissements qui préparent ce concours au Maroc est en pleine croissance. A Casablanca et Rabat, il existe déjà plus de six centres, les autres sont disséminés dans les villes du Nord. A l’issue, d’une année de préparation, les bacheliers doivent obtenir au moins cinq sur dix pour réussir l’examen de selectividad. Par la suite, le choix des universités et les écoles se fait en fonction des notes obtenues: l’ingénierie est la plus sollicitée, suivie de la médecine et de l’architecture. Les frais des études sont de l’ordre de 2.200 DH par mois. Pour le moment, les élèves admis ne trouvent pas de problème pour s’inscrire en Espagne, il suffit d’avoir les moyens financiers pour assurer leurs prise en charge durant cinq années. Les dépenses sont estimées à 6.000 DH par mois. Le créneau est si juteux que le nombre d’élèves inscrits dans les dix établissements existants est passé de 4.282 en 2003/04 à près de 4.800 pour cette nouvelle rentrée, soit une progression de 12% pendant quatre années. Il faut noter que 85% des élèves sont de nationalité marocaine et de tous les âges, de la maternelle à la terminale. La formation est assurée par 325 professeurs qui sont mis à la disposition de l’ambassade par le ministère espagnol de l’Enseignement. Outre l’aspect culturel, il faut reconnaître que le développement remarquable des relations commerciales et économiques entre le Maroc et son voisin européen y est pour beaucoup. A ce propos, il convient de rappeler que durant ces cinq dernières années, le volume des investissements espagnols est estimé à 5 milliards de dirhams et à quelque 500 entreprises. De même pour les échanges commerciaux, qui ont connu durant cette période une évolution de plus de 50%. Un signal fort pour l’incitation à l’investissement d’autres entreprises espagnoles. Celles-ci vont s’adresser au marché local pour recruter la majorité de leurs effectifs. Et également, développer leurs relations avec un certain nombre d’entreprises publiques et privées dans le cadre de la prise en charge des marchés dont elles sont adjudicataires. Et là, appel est fait aux Instituts espagnols, qui dispensent des cours professionnels dans plusieurs domaines tels que le commercial, le juridique et la finance. Ces cours profitent aux cadres des grandes entreprises et de banques de la place. Pour accompagner cet engouement pour la langue espagnole, une convention a été signée entre le Cervantès de Casablanca et l’Université Hassan-II pour la contribution à la formation des professeurs en langue espagnole.

Pour la petite histoire, en 1992, l’année du premier exercice, le nombre des inscrits avoisinait les 2.900 avant d’atteindre plus de 12.000 aujourd’hui, affichant un accroissement de 38%. Plus de la moitié des inscriptions est concentrées dans les Instituts de Casablanca et Rabat. Le réseau culturel est renforcé cette année par l’ouverture à Marrakech d’un grand centre d’une superficie de 900 m2. Le septième établissement est prévu prochainement à Agadir.

Nour Eddine El Aissi
Source: L'Economiste

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