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Vlaams Belang: «L’immigration, une faveur»

Expulser les immigrés clandestins, aider au retour des Marocains en situation régulière, déterminer la nationalité par les liens du sang, supprimer la double nationalité, mettre en place des camps de réfugiés subsahariens au Maroc…

Tel est, en tout et pour tout, le projet politique défendu bec et ongles par le Vlaams Belang, le tristement célèbre parti flamand d’extrême droite. A ces “projets” s’ajoutent d’autres: forcer les détenus marocains en Belgique à purger leur peine dans leur pays d’origine, lutter contre les mariages mixtes et contre “l’invasion” subsaharienne. Actuellement dans une position de brebis galeuse, les partis belges ayant créé un “cordon sanitaire” autour de lui (ni coalition ni accord), le Vlaams Belang propage sa haine de l’étranger jusqu’en terre marocaine.

Pour assurer la publicité de ses propos, le parti, qui se targue d’avoir 25% de l’électorat flamand dans ses rangs, a dépêché, les 8 et 9 décembre, une délégation au Maroc. Celle-ci avait pour objectif de faire part de ses idées aux officiels et à l’opinion publique. Au menu, des slogans skinhead en guise de projet de société. Moralité, “l’immigration n’est pas un droit. C’est une faveur”, à laquelle n’accède plus qui veut.

L’échec a été cuisant. Aucun responsable marocain ne les a reçus. La question de l’autorisation obtenue par le parti de tenir une conférence de presse se pose cependant. A la conférence organisée jeudi à Rabat, seuls quelques journalistes et médias étrangers accrédités ont daigné faire le déplacement. Le spectacle valait cependant le détour. Le leader Filip Dewinter en était la star.
Parti indépendantiste, Vlaams Belang avance des statistiques nationales belges. Ainsi, telles que présentées -dans le désordre et une terminologie accablante à la clef- le chômage touche 38% de la communauté marocaine contre 7% pour les “autochtones”. Au lieu d’y voir un échec du modèle d’intégration belge, Dewinter préfère parler d’inadaptation.

Environ 30% des mariages mixtes se terminent mal. A peine 1% des enfants marocains accèdent à l’enseignement supérieur. “Là encore, le taux de réussite ne dépasse guère 30%”. Sur les 10.000 détenus que compte la Belgique, “1.100 sont marocains ou d’origine marocaine”.

Mais si la communauté d’immigrés est plus défavorisée en moyenne que le reste de la population, à qui en incombe la responsabilité?
Vlaams Belang ne veut rien savoir. L’important à ses yeux est de chasser les immigrés. Bâtons sécuritaires ou carottes financières, peu importe. Parlant de volonté de tendre la main aux Marocains, et se voulant modéré, un autre responsable du parti, pour le parti, le Maroc doit verrouiller ses frontières à ses propres ressortissants, mais aussi et surtout aux Subsahariens. Affirmant que le but recherché de cette visite est le “dialogue, le Maroc et le Vlaams Belang étant confrontés aux mêmes problèmes d’immigration”. Dewinter a milité pour l’abolition des frontières, dans un parfait mélange des genres et à sa manière. A la libre circulation des personnes, il préfère celle de la xénophobie et la peur de l’autre. Les mêmes desseins sont formulés à l’égard de l’islam. Dewinter rejetant le caractère raciste de sa formation, se dit ouvertement “islamophobe”. Cette revendication nourrit allègrement les confusions entre islam et terrorisme et oppose la foi à la citoyenneté. Et la Belgique dans tout cela? “Nous voulons une Flandre démocratique”. Mais ne l’est-elle pas déjà? Ou alors, pour quel type de démocratie plaide Vlaams Belang, celle de Hitler, chantre suprême de l’absolutisme, la méprise des peuples et de la culture démocratique?


Un CV «bien garni»


LE Vlaams Belang (Intérêt flamand) est un parti nationaliste flamand d’extrême droite, connu pour ses idées radicales et nationalistes réactionnaires. Né en 1978 de la fusion entre deux formations d’extrême droite, il s’appelait Vlaams Blok (Bloc flamand) avant le 15 novembre 2004. Aux élections du Parlement flamand du 13 juin 2004, il a recueilli 24% des votes, devenant ainsi le deuxième parti flamand.
Par la suite, il se dissout et refonde un nouveau parti (Vlaams Belang) avec les mêmes personnes et essentiellement le même programme. Et pour cause, la décision de la Cour de cassation de Belgique, le 9 novembre, qui condamnait pour racisme et xénophobie plusieurs associations “proches” du Vlaams Blok et risquait d’entraîner, à court terme, une mise hors la loi du parti lui-même.

Tarik QATTAB
Source : L'Economiste

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