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Maroc - Libye : Tout est bien qui finit bien (?)

Le Maroc a réagit vigoureusement et a demandé des explications à la Libye suite à la présence des représentants du Polisario aux festivités marquant le 40e anniversaire de Mouammar Kadhafi au pouvoir. Quelques jours après, le 5 septembre, la Libye répond par un simple communiqué, et le Maroc semble se contenter de la version relatée dans le message libyen. Retour sur le feuilleton du ramadan.

La délégation marocaine devant participer aux cérémonies des 40 ans de la Révolution du 1er septembre a quitté les lieux. Elle a été suivie par le contingent des Forces armées royales qui devait lui aussi, prendre part pour l’occasion à une parade militaire. Motif du boycott marocain, la présence parmi les hôtes de Mohamed Abdelaziz, président de la « République autoproclamée RASD », accompagné d'une importante délégation. Après avoir pris tout son temps, la Libye par l’intermédiaire de son Comité populaire général des relations extérieures et de la coopération internationale, a adressé le samedi 5 septembre, un communiqué explicatif à l’ambassade du Maroc à Tripoli.

«La présence de Mohamed Abdelaziz dans la Grande Jamahiriya était liée à sa participation au sommet de l'Union Africaine, dont la «RASD» est membre, tenu à Tripoli le 31 août 2009 et consacré au règlement des conflits en Afrique. Il n'était pas invité aux festivités du 1er septembre, malgré qu'il ait exprimé son souhait d'y participer si une invitation lui avait été adressée. Les Etats qui ont été invités à participer à ces festivités ont été conviés à y prendre part par des délégations officielles au niveau des chefs d'Etat ou leurs hauts représentants, par des unités militaires et des troupes artistiques, ce qui n'a pas été le cas de la «RASD», conformément à notre engagement de respecter les garanties données à nos frères du Royaume du Maroc » pouvait-on lire dans le communiqué.

Face à la chronologie des événements, plusieurs questions nous taraudent l’esprit. S’il est vrai que la RASD n’était pas officiellement invitée, pourquoi la Libye a tardé avant de donner suite à la réaction marocaine ? Pourquoi le pays hôte n’a pas rectifié son erreur immédiatement empêchant ainsi le couac diplomatique ? La lettre explicative des Libyens n'est pas non plus très convaincante par rapport aux faits – comportement hostile et inamical – qui leur sont reprochés.

D’ailleurs ils ajoutent dans leur message que « ce qui est arrivé ne sort aucunement de cette clarification. Toute contrariété qui aurait été occasionnée à nos frères du gouvernement marocain n'était peut être due qu'à des aspects protocolaires involontaires, liés à la dimension de l'évènement et au nombre élevé des invités, ce qui a causé des perturbations, choses qui se produisent dans de tels évènements. ». La Libye ne présente pas des excuses officielles pour ses manquements et justifie la présence de Mohamed Abdelaziz par une erreur de protocole. Elle s’est contentée d’exprimer « son ferme attachement à la poursuite, au renforcement et à la consolidation des relations fraternelles et stratégiques entre les deux pays frères dans tous les domaines (…) et de renouveler à l'ambassade du Maroc à Tripoli l'expression de son respect et de sa sincère considération».

Le Maroc, après avoir eu une aussi violente réaction à Tripoli, a semble-t-il choisi la souplesse. Et ce malgré des informations relayées par la presse faisant état que le Guide libyen aurait déclaré à propos du conflit du Sahara que « l'unique solution passe par un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui » ; de même qu'il aurait même décoré le chef des séparatistes de la « Médaille du 40e anniversaire de la grande révolution d'Al-Fateh », selon l’Association le Sahara Marocain.

Evidemment, la presse algérienne n’a pas raté l’occasion de faire de cette affaire ses choux gras. Sur le plan national, les médias marocains ont préféré jouer à la réponse du loup à la bergère. Dans son éditorial du 7 septembre titré « Maroc-Libye et manœuvres dilatoires d'Algérie », Le Matin renvoi la balle à l’Algérie. Selon ce quotidien, « l'instrumentalisation de l'incident de Tripoli par les propagandistes algériens constitue le comble du cynisme politique ». On se retrouve donc avec un édito au vitriol contre l’Algérie alors que le principal incident concernait la Libye. Aucun décryptage n’est donné par le Matin sur la polémique avec la Libye puisqu’il se contente du communiqué des autorités libyennes pour enterrer l’affaire. Peut-être est-ce simplement une directive des autorités marocaines pour calmer le jeu. C’est ce qu’on appelle la realpolitik.

Dans tous les cas, le calme semble être revenu après la tempête. Les deux pays se lanceraient même pour un nouveau départ dans leurs relations. Depuis le lundi 7 septembre, une délégation de responsables politiques marocains est à Tripoli sur invitation du colonel Kadhafi lui-même. D’après une dépêche de la MAP, elle est composée du président de la Chambre des Représentants et président du parti du Rassemblement National des Indépendants (RNI), Mustapha Mansouri, l'ancien patron de l'USFP, Mohamed El Yazghi et Mohand Laenser, Secrétaire général du mouvement populaire (MP). Ils ont assisté au dernier jour des festivités (qui durent depuis le 1er septembre) et ont été reçus le mardi par le Guide.

Le feuilleton de ce début de ramadan semble ainsi bien se terminer. Tout est bien qui finit bien... en attendant le prochain épisode.

Mohamed Ezzouak
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