Menu

Pêche-Maroc : Le certificat d’origine imposé par l’UE crée des remous

A partir du premier janvier 2010, l’UE interdira l’accès à toute cargaison de poisson qui n’aura pas de certificat d’origine de capture. Le ministère marocain de tutelle tente de sensibiliser les professionnels. Ces derniers jugent qu’il s’y prend un peu en retard et veut, dans la foulée, leur faire accepter la présence des intermédiaires mareyeurs.

Encore une fois, le ministère de l’agriculture et de la pêche maritime fait des mécontents. Reportée à plusieurs reprises, la réunion du secrétaire général du ministère avec les présidents des chambres maritimes a finalement eu lieu lundi 21 décembre. Au menu : la présentation des procédures de certification de l’origine des captures. En des termes plus simples, le département de Aziz Akhannouch a, soi-disant, tenté de sensibiliser les présidents de chambres sur les nouvelles directives de l’Union Européenne. En gros, cette dernière interdira, à partir du premier janvier 2010, toute cargaison de poisson qui ne sera pas accompagnée d’un nouveau certificat d’origine. Le texte de règlement a été publié en octobre dernier. Au lieu de s’y prendre un peu plutôt pour mieux préparer les professionnels, le ministre a traîné des pieds.

Pourtant, les enjeux de cette nouvelle réglementation sont importants pour le Maroc. D’abord, l’UE peut interdire toute exportation vers ses territoires si les professionnels marocains ne suivent pas, à la lettre, la nouvelle procédure. L’Europe est tellement à cheval sur cette question que cela fait dire à Abderrahmane El Yazidi, secrétaire général du Syndicat des officiers et marins de la pêche hauturière : « Elle cherche par sa force de loi à nous protéger contre la pêche illicite parce que nous n’avons pu le faire par nous-mêmes ». L’amertume dans le discours du syndicaliste n’est pas anodine. Des mouvements de protestation ont été organisés dernièrement pour inciter les pouvoirs publics à réagir d’une main ferme contre le braconnage et l’informel.

Mais au lieu de s’inscrire dans une démarche vertueuse, les autorités tergiversent. La preuve ? Lors de la réunion du lundi 21 décembre, avec les présidents des chambres maritimes, les cadres du ministère ont tenté de faire avaler une nouvelle pieuvre aux professionnels. « Nous avons été surpris quand le secrétaire général nous a parlé des collecteurs, un intermédiaire que nous devons incorporer dans la procédure imposée par l’UE. Or, nous ne voulons plus traiter avec les intermédiaires », confie Kamal Sabri, président de la chambre de pêche maritime de l’Atlantique Nord. L’étonnement de ce dernier est justifié dans la mesure où ces collecteurs « légalisent » leurs achats de poisson par une simple déclaration sur l’honneur. Les armateurs cherchent plutôt à rétablir une relation directe à la fois avec les exportateurs et les usiniers. « Ces derniers doivent venir s’approvisionner directement chez les professionnels de la pêche et la nouvelle réglementation européenne, qui concerne d’abord l’export, est une occasion pour nous de cadrer le circuit de commercialisation du poisson », explique Kamal Sabri. D’ailleurs, le président de la chambre de l’Atlantique Nord précise que les professionnels en ont fait la demande et attendent une réaction positive de la part du ministère. En attendant, le premier janvier approche à une vitesse vertigineuse.

Khalid Tritki
De notre partenaire Marcoeco.ma

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com