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Voyage au coeur de la Palestine
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3 juillet 2008 09:12
« Résiste avec ta vie si tu crains l’oppression,
Et laisse le logis dire le destin de son constructeur,
Tu n’en trouveras pas un autre pour la terre que tu quittes,
Et sache que,
Jamais son âme dans ton logis ne substituera la tienne »


Haïfi Abdellah

Tel Aviv ou la colline de l’Impudence…

Abdellah a participé à la dernière journée capislam. En faisant connaissance du site capislam, il a voulu nous faire partager le témoignage de son dernier voyage en Palestine, témoignage malheureusement toujours d’actualité…

"Dans le cadre d’un voyage humanitaire inter-religieux entre Chrétiens et Musulmans (nous étions 3 sur 40 !), j’ai eu l’immense faveur de me rendre en Palestine du 1er au 15 août 2007. Je veux vous faire part d’un témoignage. C’est une expérience inoubliable. J’ai vu des choses que les mots ne pourraient dépeindre tant sur le plan humanitaire que sur le plan mystique de la rencontre d’une terre de prophètes. Que Dieu nous fasse prendre conscience de la valeur de cette terre !

Nous sommes au 7ème jour de notre périple.
Après le spectacle de Jéricho (Ariha) puis de Nazareth (Naçira) plus grande ville palestinienne, j’ai des sentiments qui traversent mon être. Des questions sans véritable réponse. La tâche semble bien lourde face au constat que je viens de voir dans ces deux villes. Jéricho sans aide internationale, des fonctionnaires sans salaire depuis un an, une prison à ciel ouvert, des enfants qui ont pour métier de quémander…

Et Nazareth, à 400 mètres d’altitude, ville pleine d’histoire où j’ai fait le plein d’émotions… D’ailleurs, je me souviens, alors que l’on retournait de la mosquée à l’église où l’on séjournait, mon compagnon me dit : « Imagine Issa (Jésus) qui a peut-être pris ce chemin »… des histoires pleines la tête, des rencontres enrichissantes… cependant un constat humain et social qui assombrit le merveilleux de cette ville…
L’injustice partout qui ruine la valeur de cette ville.

Bref, nous voilà à Tel Aviv, la ville où l’on s’amuse dit-on… mais au fait ce n’était pas que des « on dit » car depuis le car et la découverte progressive de la ville, c’est ce que je ressens. Hôtels exubérants, plages alléchantes, luxe ostentatoire, soleil radieux… un paysage, une ville qui veut oublier, oublier ce qu’il se passe, se trame, à quelques kilomètres, qui veut s’oublier, oublier la paix et qui ne cherche la sécurité que dans l’insouciance. Une sécurité bâtie sur un château de carte. C’est ce que je ressens perplexe, effaré, en colère… Je n’ai plus de mots à ce moment de notre séjour.
Ce que j’ai vu à Jéricho, ce que je vois ici… ce que j’ai vu à Nazareth, ce que je vois ici… ce que je vais voir, entendre à Hébron (Khalil), à Bethléem, ce que je vois ici… L’impudence d’une ville, l’arrogance de Tel Aviv voilà ce que j’ai ressentis. On vit, certes, comme si de rien n’était mais avec la peur, la peur des ressentiments de ceux qu’on humilie, qu’on opprime et qu’on enferme pour petit à petit étouffer, affamer, affaiblir puis décimer. Cela, rappelle des scénarios peu glorieux des pages de notre histoire du 20 ème siècle…

Et puis, c’est la rencontre d’une association militante et la découverte de Jaffa( Yaffa). Jaffa ! La vieille ville au sud, 3500 ans d’existence, on y rencontre des militants et deux palestiniens qui m’ont personnellement et profondément marqués. Peut-être parce qu’ils ressemblent à mon père et à mon grand père, même moustache, même nez aquilin, mêmes traits du visage… peut-être ? ! En tout cas, l’un d’eux était frêle, attachant, âgé, le dos courbé par la vieillesse, le visage marqué par la vie, le regard recelant la mémoire des palestiniens de Jaffa… Une mémoire douloureuse d’ailleurs, puisqu’au fur et à mesure de la découverte de la ville, il nous en révèle quelques bribes. Habitant de Jaffa, chassé vers les années 1950, sa maison a été détruite mais il espère pourtant, sans faille, son retour. Je peux voir des maisons détruites, on nous en raconte les épisodes, toujours les mêmes scénarios d’ailleurs : on chasse les Palestiniens, on reconstruit des demeures pour artistes juifs de renommée internationale. On rend la ville plus embourgeoisée et plus « juive » dit-on. J’en ai les larmes aux yeux, de la tristesse mêlée à un profond sentiment d’injustice.

Suite : [www.capislam.com]
 
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