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« Voici pourquoi je suis sur le point de brûler mon passeport israélien »
19 juillet 2014 02:51
Je ne peux plus supporter que des politiciens israéliens comme Ayelet Shaked approuvent la mort de femmes et d’enfants palestiniens innocents.



Elle est jeune. Elle est jolie. Elle a un diplôme universitaire d’ingénieur en informatique. Elle est également parlementaire israélienne, et la raison pour laquelle je suis sur le point de brûler mon passeport israélien. Parce que derrière ce visage innocent et ces grands yeux se cache l’Ange de la Mort.

Ayelet Shaked représente le parti d’extrême droite Jewish Home dans la Knesset. Ce qui veut dire qu’elle se trouve encore plus à droite que Benjamin Netanyahu, juste au cas où vous penseriez qu’une telle chose serait impossible.

Ce lundi, elle a publié sur sa page Facebook :

Derrière chaque terroriste se cache une dizaine de femmes et d’hommes, sans quoi il ne serait pas en mesure de s’engager dans la voie du terrorisme. Ce sont tous des combattants ennemis, et leurs têtes devraient être couvertes de leur propre sang. Ceci vaut aussi pour les mères des martyrs, qui les envoient en enfer avec des fleurs et des baisers. Elles devraient suivre leurs enfants, rien ne serait plus juste. Elles devraient quitter ce monde, tout comme leurs maisons dans lesquelles elles ont élevé les serpents. Autrement, davantage de petits serpents y seront élevés.

Une semaine auparavant, juste avant que Mohammed Abu Khdair, âgé de 17 ans, ne soit enlevé puis brûlé vif, Shaked écrivait : « Ce n’est pas une guerre contre la terreur, ni une guerre contre des extrémistes, ni une guerre contre l’Autorité palestinienne. En réalité, c’est une guerre entre deux peuples. Qui est l’ennemi ? Le peuple palestinien. Pourquoi ? Posez-leur la question, ce sont eux qui ont commencé. »

Alors avant même que ce jeune homme ne décède dans des conditions horribles, elle déclarait qu’il était son ennemi, puis sans jamais feindre d’avoir des remords ou de se sentir coupable, elle appelait à ce que davantage de femmes enceintes innocentes soient tuées.

Elle m’a fait penser à la mère de ma sœur, Klara, et ses trois petits bambins qui vivaient à Cracovie en 1939, lorsque les Allemands ont envahi la Pologne. Ils avait décidé que les juifs (tous les juifs) étaient des ennemis et devaient être éliminés, y compris les femmes et les petits serpents qu’elles élevaient. « Pourquoi ? Posez-leur la question : ce sont eux qui ont commencé », auraient affirmé les nazis si on leur avait posé la question.

Je n’ai jamais rencontré Klara ni ses enfants, qui sont morts en 1942. Par contre, j’ai rencontré mon oncle Romek, qui a survécu en travaillant dans l’usine de Oskar Schindler, ainsi que sa femme Yetti, qui a survécu car elle parlait bien l’allemand et qu’elle était en mesure de faire croire aux Allemands qu’elle était elle-même une bonne Allemande qui avait mis à la porte son mari juif polonais, et qu’elle souriait joliment à chaque nazi qu’elle rencontrait.

Le frère de mon père, Shmuel, et sa jeune famille, ont également péri avant ma naissance, ayant été arrêtés en Hollande, où ils s’étaient réfugiés après avoir fui Berlin, puis déportés vers le même camp où Anne Frank est morte.

Je sais ce que veut dire le fait d’avoir été des victimes sans aucun secours, vivant et mourant sous les pieds d’oppresseurs racistes, et je sais que les Israéliens d’aujourd’hui ne sont plus les victimes, mais bien les orchestrateurs de la crise actuelle. Oui, le Hamas est un groupe de redoutables assassins emplis de haine qui plongeraient Israël tout entier dans le malheur s’ils en avaient les moyens. Mais le fait est que c’est Israël qui dispose de tanks, de bombardiers, d’artillerie, de têtes nucléaires et de défenses anti-missiles de Goliath, tandis que les Gazaouis ordinaires n’avaient rien il y a une semaine, et encore moins aujourd’hui, puisque même leurs hôpitaux et leurs écoles ont été bombardés.



Shaked a obtenu ce qu’elle voulait : le bilan des morts à Gaza s’approche de la centaine (ndlr : chiffres du 11 juillet 2014), dont un sur quatre est un enfant. Des centaines d’autres souffrent de graves blessures là où les hôpitaux ont aussi été bombardés et où le strict nécessaire en terme de matériel médical commence à faire défaut.

En Israël, malgré les efforts du Hamas, aucun mort n’est à déplorer (ndlr : depuis, un mort), aucun blessé, tout au plus un mariage a été interrompu, et est passé aux journaux télévisés.

Et, alors que les bombes pleuvent littéralement sur Gaza, des ados israéliens ont commencé à tweeter des selfies en petites tenues en s’exprimant sur la politique. Dans deux tweets effacés depuis, l’une écrivait « Mort à tous les Arabes, espèce de tarlouzes », tandis qu’une autre proclamait « Arabes, j’espère que vous serez paralysés et que vous décéderez dans d’atroces souffrances ! ». Un autre ado a tout simplement tweeté « Mort à tous ces p***** d’Arabes », avec une photo d’eux en train de faire la moue.

En voyant ces visages angéliques desquels jaillissent une telle rhétorique génocidaire, je prends mon passeport israélien et une boite d’allumettes. « Pas en mon nom, peuple israélien. Pas en mon nom ! »

Mira Bar Hillel, le vendredi 11 juillet 2014

Traduit de l’article de The Independent par Fabio Coelho pour Croah.fr

Source : The Independent
Ma Sha Allah !!! "[i]Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ![/i]" (Lavoisier) [Bienvenue au Yabi Poésie Club]([url=http://www.yabiladi.com/forum/yabi-poesie-club-7-3375889-5377811.html#msg-5377811])
19 juillet 2014 12:14
le regime sioniste fabrique une jeunesse hitlerienne haineuse dés leurs tendre enfance.
Le lavage de cerveau est tel que les rues en israhell ressemblent a celles de Berlin dans les annés 30.
le meme systeme politique, la meme ideologie et les meme objectifs: la solution finale
le peuple elu comme la race arienne poursuivent la liquidation totale des palestiniens pour s'accaparer la terre.
Le silence de politiques en europe ressemble a ce qui se passée dans les gouvernements italiens, francais, espagnole, autrichien dans les années 30.

donc les gens qui se revoltent contre ses faits la sont conscient de l'histoire et connaissent les dangers.
Sommes nous a la veille d'une troisieme guerre mondaile?
les crises economiques qui se perpetuent a cause des americains et des banques font penser aux politique qu'une gurre mondaile pourrais resoudre le probleme
de toutes les manieres eux ils ont leurs bunker pour se casher et en plus si la moitié de la ppulation du monde est liquidé cela pourrais aussi arranger pas mal leurs situation.

il y auarit aussi bcp de territoires nouveau sans personne dedans et avec des ressources naturels pour reconstruire et prosperer.

Ce qu'ils ne semblent pas comprendre c'est que toute l'europe va etre raillé de la carte et que seules les Chinois et les Russes ont suffisament de profendeurs territoriale pour pouvoir survivre a la catastrophe

les europeens serons a nouveau les dindons de la farce

les us comme d'hab vont essayer que la gurre se passe ailleurs
le dome protecteurs sur Israhell est sené les protegés aussi mais que nini, personne ne sera a l'abris meme pas les singe du kilimanjaro

une petite video pour demonter la malhonete manipulation des merdias
Il y a la liberté d'expression mais il y a plus de liberté apres l'expression
s
19 juillet 2014 22:43
Citation
Moh Tsu a écrit:
Je ne peux plus supporter que des politiciens israéliens comme Ayelet Shaked approuvent la mort de femmes et d’enfants palestiniens innocents.



Elle est jeune. Elle est jolie. Elle a un diplôme universitaire d’ingénieur en informatique. Elle est également parlementaire israélienne, et la raison pour laquelle je suis sur le point de brûler mon passeport israélien. Parce que derrière ce visage innocent et ces grands yeux se cache l’Ange de la Mort.

Ayelet Shaked représente le parti d’extrême droite Jewish Home dans la Knesset. Ce qui veut dire qu’elle se trouve encore plus à droite que Benjamin Netanyahu, juste au cas où vous penseriez qu’une telle chose serait impossible.

Ce lundi, elle a publié sur sa page Facebook :

Derrière chaque terroriste se cache une dizaine de femmes et d’hommes, sans quoi il ne serait pas en mesure de s’engager dans la voie du terrorisme. Ce sont tous des combattants ennemis, et leurs têtes devraient être couvertes de leur propre sang. Ceci vaut aussi pour les mères des martyrs, qui les envoient en enfer avec des fleurs et des baisers. Elles devraient suivre leurs enfants, rien ne serait plus juste. Elles devraient quitter ce monde, tout comme leurs maisons dans lesquelles elles ont élevé les serpents. Autrement, davantage de petits serpents y seront élevés.

Une semaine auparavant, juste avant que Mohammed Abu Khdair, âgé de 17 ans, ne soit enlevé puis brûlé vif, Shaked écrivait : « Ce n’est pas une guerre contre la terreur, ni une guerre contre des extrémistes, ni une guerre contre l’Autorité palestinienne. En réalité, c’est une guerre entre deux peuples. Qui est l’ennemi ? Le peuple palestinien. Pourquoi ? Posez-leur la question, ce sont eux qui ont commencé. »

Alors avant même que ce jeune homme ne décède dans des conditions horribles, elle déclarait qu’il était son ennemi, puis sans jamais feindre d’avoir des remords ou de se sentir coupable, elle appelait à ce que davantage de femmes enceintes innocentes soient tuées.

Elle m’a fait penser à la mère de ma sœur, Klara, et ses trois petits bambins qui vivaient à Cracovie en 1939, lorsque les Allemands ont envahi la Pologne. Ils avait décidé que les juifs (tous les juifs) étaient des ennemis et devaient être éliminés, y compris les femmes et les petits serpents qu’elles élevaient. « Pourquoi ? Posez-leur la question : ce sont eux qui ont commencé », auraient affirmé les nazis si on leur avait posé la question.

Je n’ai jamais rencontré Klara ni ses enfants, qui sont morts en 1942. Par contre, j’ai rencontré mon oncle Romek, qui a survécu en travaillant dans l’usine de Oskar Schindler, ainsi que sa femme Yetti, qui a survécu car elle parlait bien l’allemand et qu’elle était en mesure de faire croire aux Allemands qu’elle était elle-même une bonne Allemande qui avait mis à la porte son mari juif polonais, et qu’elle souriait joliment à chaque nazi qu’elle rencontrait.

Le frère de mon père, Shmuel, et sa jeune famille, ont également péri avant ma naissance, ayant été arrêtés en Hollande, où ils s’étaient réfugiés après avoir fui Berlin, puis déportés vers le même camp où Anne Frank est morte.

Je sais ce que veut dire le fait d’avoir été des victimes sans aucun secours, vivant et mourant sous les pieds d’oppresseurs racistes, et je sais que les Israéliens d’aujourd’hui ne sont plus les victimes, mais bien les orchestrateurs de la crise actuelle. Oui, le Hamas est un groupe de redoutables assassins emplis de haine qui plongeraient Israël tout entier dans le malheur s’ils en avaient les moyens. Mais le fait est que c’est Israël qui dispose de tanks, de bombardiers, d’artillerie, de têtes nucléaires et de défenses anti-missiles de Goliath, tandis que les Gazaouis ordinaires n’avaient rien il y a une semaine, et encore moins aujourd’hui, puisque même leurs hôpitaux et leurs écoles ont été bombardés.



Shaked a obtenu ce qu’elle voulait : le bilan des morts à Gaza s’approche de la centaine (ndlr : chiffres du 11 juillet 2014), dont un sur quatre est un enfant. Des centaines d’autres souffrent de graves blessures là où les hôpitaux ont aussi été bombardés et où le strict nécessaire en terme de matériel médical commence à faire défaut.

En Israël, malgré les efforts du Hamas, aucun mort n’est à déplorer (ndlr : depuis, un mort), aucun blessé, tout au plus un mariage a été interrompu, et est passé aux journaux télévisés.

Et, alors que les bombes pleuvent littéralement sur Gaza, des ados israéliens ont commencé à tweeter des selfies en petites tenues en s’exprimant sur la politique. Dans deux tweets effacés depuis, l’une écrivait « Mort à tous les Arabes, espèce de tarlouzes », tandis qu’une autre proclamait « Arabes, j’espère que vous serez paralysés et que vous décéderez dans d’atroces souffrances ! ». Un autre ado a tout simplement tweeté « Mort à tous ces p***** d’Arabes », avec une photo d’eux en train de faire la moue.

En voyant ces visages angéliques desquels jaillissent une telle rhétorique génocidaire, je prends mon passeport israélien et une boite d’allumettes. « Pas en mon nom, peuple israélien. Pas en mon nom ! »

Mira Bar Hillel, le vendredi 11 juillet 2014

Traduit de l’article de The Independent par Fabio Coelho pour Croah.fr

Source : The Independent
bonsoir
ahh non ne brûlez votre Passeport , c'est votre identité que vous voulez brûler!
on ne brûle pas le (MOI )
je hais l'hypocrisie
20 juillet 2014 00:59
@sakki tu t'y connais en identité toi? elle est ou la tienne?
20 juillet 2014 20:27
Salam,

De belles paroles, comme on dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions, que Dieu anéantisse chaque humain qui désire la mort d'un autre, toutes les palestiniennes, les arabes et les musulmanes voient et écoutent les paroles du démon incarné en cette femme.
[hr][b]L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat.[/b] (Sun Tzu)
s
20 juillet 2014 21:35
Citation
idbel a écrit:
@sakki tu t'y connais en identité toi? elle est ou la tienne?
bonsoir
je te réponds en toute sincérité , même si je ne suis pas obligé , mais tu es correctes , et courtois je te réponds
moi je suis pure sang Marocain , c'est mon Identité en Arabe on l'appelle = Alhaouiya
je hais l'hypocrisie
20 juillet 2014 21:38
Citation
sakki a écrit:
Citation
idbel a écrit:
@sakki tu t'y connais en identité toi? elle est ou la tienne?
bonsoir
je te réponds en toute sincérité , même si je ne suis pas obligé , mais tu es correctes , et courtois je te réponds
moi je suis pure sang Marocain , c'est mon Identité en Arabe on l'appelle = Alhaouiya

je te conseille de lire sur israel, cet etat a volé l'identité des juifs du monde et beaucoup d'historiens et universitaires israeliens commencent a comprendre et a se sentir mal avec cette fausse identité...
s
20 juillet 2014 22:34
Citation
idbel a écrit:
Citation
sakki a écrit:
Citation
idbel a écrit:
@sakki tu t'y connais en identité toi? elle est ou la tienne?
bonsoir
je te réponds en toute sincérité , même si je ne suis pas obligé , mais tu es correctes , et courtois je te réponds
moi je suis pure sang Marocain , c'est mon Identité en Arabe on l'appelle = Alhaouiya

je te conseille de lire sur israel, cet etat a volé l'identité des juifs du monde et beaucoup d'historiens et universitaires israeliens commencent a comprendre et a se sentir mal avec cette fausse identité...

bonsoir
tu m'as posé la question , je t'ai répondu , le reste m'importe peu
les israéliens je ne les portent pas dans mon coeur pas du tout , mais vraiment pas du tout
sauf certains qualité qu'ils véhiculent , et qu'ils ont

leur travail
leur l'intelligence
et leur droiture (entre eux)
et leur fidélité (entre eux)
nous devrions prendre exemple ; il n'y a pas de honte , de jouer dans la cour des meilleurs que soit
au lieu de s'entretuer entre nous , de tricher, de glaner, de trahir, de voler les uns les autres
bonne soirée
je hais l'hypocrisie
20 juillet 2014 23:02
Citation
sakki a écrit:
bonsoir
ahh non ne brûlez votre Passeport , c'est votre identité que vous voulez brûler!
on ne brûle pas le (MOI )

Shlomo Sand : l'invention d'Israël

Dans "Comment la terre d'Israël fut inventée" (Flammarion), l'historien de Tel-Aviv s'attaque à l'idée fondatrice de l'imaginaire sioniste.



Le Point : Dans votre précédent livre, vous expliquiez que le peuple juif est une invention. Aujourd'hui, vous vous en prenez à l'idée d'"Eretz Israël" (la terre d'Israël). D'où vient cette rage qui vous pousse à déconstruire l'imaginaire de la collectivité à laquelle vous appartenez, l'Etat d'Israël ?

Shlomo Sand : Ma rage, comme vous le dites à juste titre, vise les fondements judéo-centristes et ethnocentristes d'Israël, qui compromettent son avenir. Elle est donc redoublée par une profonde inquiétude. Je vis au Proche-Orient, et je veux croire que mes enfants et petits-enfants y vivront aussi : en effet, bien que je ne sois pas sioniste, j'espère qu'Israël me survivra. Si mes parents n'ont pas perdu espoir dans l'Europe des années 40, les "anges de l'Histoire" qui m'accompagnent ne m'ont pas autorisé à désespérer.

Ce n'est pas de l'avenir mais du passé que traite votre livre. Que la terre d'Israël promise par Dieu aux Hébreux soit un mythe et pas une vérité historique, d'accord, mais la belle affaire ! Tous les peuples, toutes les communautés humaines se nourrissent de mythes.

Encore faut-il savoir que ce sont des mythes. Petite, vous avez peut-être cru que les bébés étaient apportés par les cigognes. Si cette croyance avait perduré après un certain âge, elle serait devenue problématique. Ma génération gauchiste a dit beaucoup de sottises, mais elle a eu le mérite de déconstruire la vision essentialiste de la francité qui découlait du mythe gaulois dont même Marine Le Pen n'ose pas se réclamer aujourd'hui. Ainsi, si nous n'avons pas changé le monde, nous avons au moins contribué à ouvrir la politique de l'identité. Alors, bien sûr, je n'ignore pas que la Révolution française, la Révolution soviétique et tous les grands événements de l'Histoire relèvent autant de la mythologie que de la vérité historique. Et je sais pertinemment que les groupes n'agissent pas seulement en fonction de leur raison, mais aussi sous l'emprise de leur imaginaire. Mais je vous rappelle que l'université de Tel-Aviv me verse un salaire pour décomposer des mythes et dévoiler des vérités.

Les nations ne vivent pas de vérités ! En 1945, la France avait sans doute besoin de croire qu'elle avait été plus résistante qu'elle ne l'avait vraiment été. Comment conjuguer la quête de vérité avec ces croyances qui aident les peuples à vivre ?

Je le répète, le métier d'historien consiste à dévoiler la vérité. Cela dit, je sais que toute identité collective a besoin de la chaleur des mythes pour affronter la dureté de la vie, même si, personnellement, comme citoyen et comme historien, je préfère rechercher cette chaleur dans l'universalisme. Quoi qu'il en soit, certains mythes sont préférables à d'autres. Le discours de la gauche française, notamment de Jean-Luc Mélenchon, qui prétend que tous les Français sont des immigrés, comporte beaucoup d'aspects mythologiques, mais ces mythologies me paraissent moins nocives que celles de Marine Le Pen, dès lors qu'elles permettent de combattre le racisme. Le problème, aujourd'hui, est que le futur n'est plus porteur d'espérance. Autrement dit : il n'y a plus de mythe fondateur. Aussi les sociétés ont-elles tendance à se tourner vers le passé. Il est vrai que nous devons beaucoup à la tradition : beaucoup de sagesse et beaucoup de bêtises.

Quand vous vous attaquez aux mythes du peuple juif ou de la terre d'Israël, vous savez bien que votre travail d'historien a une résonance politique...

Evidemment ! Tout d'abord, les tragédies du XXe siècle font qu'il est plus facile d'étudier les mythes aryens, gaulois ou jacobins que le mythe du "peuple-race" juif qui prétend que les juifs modernes sont des descendants des Hébreux. Marc Bloch et Raymond Aron l'ont fait avant moi, mais, dans les années 40 et jusqu'en 1980, on pouvait dire : "Les juifs ne sont pas une ethnie" ou "Le judaïsme recouvre plusieurs cultures". Aujourd'hui, il est beaucoup plus périlleux de tenir ce genre de discours, d'une part à cause de la montée du communautarisme et du repli identitaire, et d'autre part en raison du recul du nationalisme républicain classique. Par ailleurs, comme citoyen israélien, je ne pense pas seulement historiquement, mais aussi politiquement. Or je crois que, de même que le mythe jacobin a pu s'avérer oppresseur à un moment donné, le mythe sioniste engendre aujourd'hui des malheurs, tant pour les sionistes que pour leurs voisins.

Même si ce n'est pas votre but, ne remettez-vous pas en question l'existence même de l'Etat dont vous êtes citoyen ?

C'est ce dont on m'a accusé, mais c'est faux. Je ne suis pas sioniste, mais pas non plus antisioniste ! D'ailleurs, ayant vu le jour en 1946 dans un camp de réfugiés qui attendaient leur départ pour Israël, je suis en quelque sorte un produit du sionisme. Je pense donc que les Israéliens ont aujourd'hui le droit de vivre sur cette terre et que toute remise en question de ce droit engendrerait des injustices pour les deux parties. Mais, pour moi, ce droit se fonde sur les processus historiques et politiques intervenus au XXe siècle, pas sur les assertions bibliques. Or le postulat sioniste qui est à l'origine de cet Etat repose sur le mythe selon lequel la terre d'Israël appartient aux juifs. Et tous les écoliers israéliens qui étudient la Bible comme s'il s'agissait d'un manuel d'histoire intègrent ce mythe comme une vérité historique.

D'accord, la Bible est un récit mythologique, pas un livre d'histoire. Mais il se trouve que ce récit, qui est le texte de référence des Juifs, se déroule bel et bien au Proche-Orient. Cela ne confère sans doute pas de droits historiques aux Juifs, mais cela crée des liens, non ?

On touche là au coeur du problème : tous les événements de la Bible se situent autour des Territoires occupés en 1967. Si nous avons un droit de propriété historique sur cette terre, il concerne davantage Jérusalem, Bethléem, Hébron et Naplouse que Tel-Aviv et la côte. Il est vrai que l'attrape-nigaud sioniste, c'est-à-dire l'idée que la terre historique d'Israël appartient au peuple juif historique, a bien fonctionné jusqu'en 1967, tant que cela restait un vague rêve. A partir du moment où cette prétention à réaliser le Grand Israël, c'est-à-dire l'Israël de la Bible, s'est incarnée dans la réalité, elle est devenue un projet politique très problématique. Le rejet de ce projet est d'ailleurs au coeur de l'idéologie de la gauche israélienne actuelle : si on est favorable, comme je le suis, à l'instauration de deux Etats (plutôt en confédération), Israël doit quitter Hébron et Naplouse et accepter que Jérusalem soit la capitale de deux Etats. Bref, on ne peut pas, dans la même phrase, réclamer le retour aux frontières de 1967 et invoquer le droit historique des juifs sur cette terre.

De toute façon, on n'a pas besoin de la Bible pour affirmer qu'il y a toujours eu une présence juive en Palestine.

Certes, mais cette présence a longtemps été très faible, notamment parce que, du point de vue rabbinique, les juifs n'avaient pas le droit d'émigrer en Terre sainte avant l'arrivée du Messie. Surtout, même la gauche sioniste oublie opportunément que la Palestine était plutôt une terre d'exil pour les juifs persécutés en Europe. Le soutien accordé par les Britanniques au mouvement sioniste s'explique essentiellement par le fait qu'ils n'avaient pas la moindre envie de voir les juifs orientaux (Ostjuden), misérables et pouilleux, qui fuyaient les pogroms s'installer chez eux. Et, malgré tout cela, en 1947, au moment du vote de l'Onu, on comptait 1,3 million d'Arabes et 650 000 juifs. Or le plan de partage de la Palestine accordait pratiquement le même territoire aux uns et aux autres. C'était très injuste.

Qu'est-ce qui aurait été juste ? De créer Israël en Suisse ?

On peut toujours rêver rétrospectivement. En tout cas, contrairement à une autre idée reçue, le projet sioniste a échoué à sauver les juifs d'Europe. Les plus sages ont migré vers le continent américain au début du XXe siècle, tandis que seule une infime minorité partait vers le Proche-Orient.

L'Amérique et l'Angleterre fermant leurs portes aux candidats à l'émigration, ils n'avaient pas beaucoup d'autres options que la Palestine - ou la France, mais c'est une autre histoire. Dans ces conditions, il était de bonne guerre que les dirigeants sionistes mobilisent l'imaginaire biblique pour justifier la création du Foyer national juif en Palestine.

Eh bien non, ce n'était pas de bonne guerre. Ce mensonge continue aujourd'hui encore à produire des effets délétères. Si les sionistes avaient dit : "Désolés, nous nous sommes installés sur une terre qui ne nous appartenait pas parce que nous n'avons pas eu le choix, car le monde occidental et les Etats-Unis nous ont fermé leurs portes dès 1924", les choses auraient été très différentes. On peut discuter des faits politiques et historiques, mais on ne discute pas les mythes.

Sauf que, comme vous le montrez pour le déplorer, au Moyen-Orient, les mythes véhiculent des représentations politiques. Et, si la mythologie sioniste a pu se déployer, c'est aussi parce qu'il n'existait pas de mythologie concurrente. Il y avait évidemment une population palestinienne, dont une partie a été chassée en 1948, mais pas de peuple palestinien. D'ailleurs, entre 1948 et 1967, l'idée de créer un Etat palestinien n'a pas effleuré les Egyptiens, qui contrôlaient Gaza, ni les Jordaniens, qui dirigeaient la Cisjordanie.

C'est parfaitement exact, il y avait une population et pas une nation. Et alors ? A vrai dire, les notions de peuple et de nation m'intéressent assez peu. Mais je n'en démordrai pas : un projet national qui puise sa légitimité dans une présence remontant à deux mille ans et qui s'arroge un droit de propriété sur une terre où des gens bien réels vivent et travaillent depuis toujours est parfaitement injuste. Et l'injustice a été d'autant plus grande que les sionistes n'ont jamais cherché à intégrer cette population, tout en prétendant que cette terre appartenait désormais au peuple juif. Il faut cependant noter que le mouvement sioniste, y compris dans sa composante d'extrême droite, n'a jamais véhiculé de projet d'extermination.

Ouf, le sionisme n'est pas le nazisme, on respire ! Cela ne vous empêche pas de parler d'apartheid...

Ne soyez pas de mauvaise foi ! Je dis qu'il y a une situation d'apartheid dans les Territoires occupés : les chances pour un colon juif de Cisjordanie de rencontrer un Palestinien sont infimes. L'existence de routes distinctes pour les Arabes et pour les juifs n'est pas une invention, si ?

Bien que vous soyez un grand défenseur de la cause palestinienne, vous ne semblez guère intéressé par les agissements des Palestiniens et des Arabes. Or, quels que soient les défauts de la société israélienne, si on s'intéresse, par exemple, au traitement des minorités, elle n'a pas à rougir de la comparaison avec les sociétés qui l'entourent - ce qui explique que nombre d'Arabes israéliens n'aient pas la moindre envie de devenir citoyens de l'éventuel Etat palestinien.

La comparaison entre la société israélienne et des sociétés où le revenu moyen est dix fois moindre est totalement dénuée de pertinence. D'ailleurs, Israël ne veut pas être comparé avec les pays arabes, mais avec les démocraties libérales occidentales. Et là, la comparaison est beaucoup plus douloureuse. Sur le plan des principes, il est utopique de penser qu'il pourrait y avoir égalité parfaite entre un Israélien juif et un Israélien arabe. Et dans la réalité, la tolérance et le libéralisme régressent dans la société israélienne. Il y a quelques semaines, un professeur d'université à la retraite affirmait, dans une tribune publiée par Haaretz, que le sang joue un plus grand rôle que la culture dans la construction de l'identité. Je doute que Le Monde publierait de tels propos ! Dans cette ambiance, les juifs sont de plus en plus nombreux à croire qu'ils descendent tous de David et à penser qu'Israël n'appartient pas aux Israéliens, mais à tous les juifs du monde. Et nous, Israéliens, sommes de plus en plus portés à avoir un comportement "a-libéral" et "a-démocratique".

On vous interroge sur les Arabes, vous répondez sur les Juifs. Sont-ils les seuls responsables ?

Les forts sont toujours plus responsables que les faibles, ce qui ne signifie pas que les faibles soient des anges. Je suis opposé sur le principe à l'existence d'un Etat juif comme à celle d'un Etat gallo-catholique en France, mais je suis également hostile au droit au retour pour les Palestiniens comme à la loi du retour pour les juifs. Je ne crois pas à un Etat binational parce que les Israéliens n'accepteront pas de vivre en minorité dans leur propre pays. En revanche, notre seule chance de survie est de devenir une vraie République laïque, dans laquelle les juifs resteront majoritaires mais où tous les citoyens seront égaux en droit.

Contrairement à ce que prétendait il y a quelques années Pascal Boniface, peu de pays sont critiqués aussi violemment qu'Israël. N'avez-vous pas peur d'être instrumentalisé par les ennemis de votre pays ?

Je ne veux pas me comparer à plus grand que moi, mais tous les écrits importants ont été instrumentalisés. Jean-Jacques Rousseau a été instrumentalisé par Robespierre, Marx a été instrumentalisé par Staline, Sorel par Mussolini, etc. Si je redoutais d'être instrumentalisé, je n'écrirais rien. Bien sûr, je ne suis ni Rousseau ni Marx, seulement un historien israélien qui tente d'avoir un peu plus de courage que les autres. Et le courage est souvent douloureux.

"Comment la terre d'Israël fut inventée" (Flammarion, 350 p., 22,50 E).

Propos recueillis par Élisabeth Lévy
Le Point - Publié le 08/09/2012
Ma Sha Allah !!! "[i]Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ![/i]" (Lavoisier) [Bienvenue au Yabi Poésie Club]([url=http://www.yabiladi.com/forum/yabi-poesie-club-7-3375889-5377811.html#msg-5377811])
 
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