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Le viol : crime impuni au Maroc.
E
13 janvier 2012 15:44
Il est plus facile de parler de voyance, de rapt parental, de prostitution et d’avortement que de viol au Maroc. Pour la simple raison que grâce à l’efficacité de notre système Juridique et à la tolérance de notre société ô combien clémente. Les victimes de viols préfèrent porter le traumatisme et la croix de la honte toute leur vie que d’en parler autour d’elles (encore moins porter plainte ou témoigner). Des femmes violées ? peu accepte de se livrer à nous. Mesdames, et si on brisait le tabou ?

Prenez cette nouvelle ère de communication que vit actuellement le royaume, rajoutez-y le progrès économique, social et culturel dont on n’arrête pas de se vanter… Vous aurez toujours cette sinistre et interminable liste de tabous institutionnalisés ! Des tabous qui sévissent en silence et brisent chaque jour la vie de milliers de personnes. Longtemps étouffée, la parole des femmes victimes de viols qui dénoncent ce qu’elles ont subi ne vaut pas un clou. Pour la simple raison que si tout le monde sait, tout le monde se tait. Pire, quand une femme ose en parler et porter plainte contre son agresseur, on peut lui demander de ramener des témoins oculaires ou lui poser des questions déstabilisâtes et humiliantes du genre : «Et que faisiez-vous dans la rue à une heure pareille ?» «Que portiez-vous ce soir-là ?». Tout cela, dans le but de l’obliger à retirer sa plainte et rentrer se terrer chez elle, se trimbalant le poids et les stigmates du traumatisme qu’elle vient de subir. Quand on a demandé à Mounia de témoigner pour ce reportage, elle a tout de suite refusé… Il a fallu insister auprès d’elle pendant plus d’une semaine pour qu’elle accepte de nous raconter son drame sous condition d’anonymat et une promesse de ne jamais dire son vrai prénom (même pas entre collègues).
À l’entendre, on croirait presque que c’est de sa faute à elle si elle s’est faite violée par trois monstres… Alors que ce soir-là, Mounia ne faisait que rentrer chez elle…

«Je porte un dégoût démesuré pour toute l’espèce humaine, à commencer par moi-même!»
«C’est arrivé un soir d’été, quand je venais de quitter mon boulot situé sur le boulevard Guéliz à Marrakech. Il était 20h passé et je marchais tranquillement pour rejoindre des amies au café des Négociants quand une voiture s’est arrêtée devant moi. Un homme est descendu et m’a carrément poussée à l’intérieur du véhicule où deux hommes attendaient. Le temps que je puisse crier ou que ce soit, j’avais un couteau sur le cou et un autre sur le rein gauche. L’un des trois m’a clairement fait comprendre que si je faisais le moindre bruit, on allait retrouver mon corps dans une décharge. Je savais ce qui allait se passer et je les suppliais de me laisser partir. La voiture s’est arrêtée dans le garage d’une villa dans le quartier des Daoudiates. J’ai dû les suivre à l’intérieur pour qu’ils me violent à tour de rôle pendant 4 heures d’affilée avant de me jeter sur la route d’Essaouira.
J’ai appelé mes amies qui m’ont rejointe. L’une d’entre elles m’a emmené chez elle où ses parents ont appelé les miens. Je me souviens que je voyais la famille de ma copine gesticulait dans tous les sens, ma copine se tapait la figure et son père pleurait. Mais je n’arrivais pas à parler, j’avais la langue nouée et une grande envie de vomir. Quand mes parents sont arrivés, j’ai été prise de spasmes et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à hurler et à pleurer. Ma mère s’est effondrée et mon père m’a demandé ce qui s’était passé. Je n’arrivais pas à lui raconter car il était fou de rage et j’avais très peur de lui. Mon amie lui a tout raconté. Il m’a prise par la main et m’a emmenée au poste de police le plus proche. J’avais les habits déchirés et je sentais le sperme. Au poste, des policiers m’ont entourée et m’ont posé mille questions. Je me rappelais un peu de la villa, mais une fois dans le quartier, je ne me souvenais plus de rien. Les policiers ont promis à mon père qu’ils allaient faire tout leur possible pour retrouver mes agresseurs. Quinze jours après, j’ai été convoquée au commissariat pour identifier trois éventuels suspects. C’était eux. Ils avaient essayé de kidnapper une autre fille et se sont faits arrêtés avant qu’ils n’y parviennent. Mon père m’a prise dans ses bras en me murmurant à l’oreille que la justice existait et que ces monstres allaient pourrir en prison. Il y croyait vraiment et j’ai fini par le croire aussi ! Le jour du procès, je me sentais faible et j’avais très peur de me retrouver face à face avec ces trois hommes dont deux sont pères de famille. La fille qu’ils avaient essayée de violer était là aussi pour témoigner. J’avais confiance en ce juge, fier et orgueilleux. Mais quand il s’est mis à me poser des questions, j’avais l’impression que c’était moi l’accusée ! « Quel âge avez-vous ? 18 ans. Et que faisait une fille de 18 ans dans la rue à 8 h du soir ?je rentrais de mon travail et je rejoignais mes amies aux « Négociants ». Où travaillez-vous ? Dans un centre d’appels sur le boulevard Guéliz, à 10 minutes à pied du café ? Et pourquoi n’êtes-vous pas rentrée directement chez vous après avoir fini de travailler ? Silence. Cette nouvelle génération cherche les problèmes, et puis quel genre de parents laissent traîner leur fille de 18 ans dans les cafés ! ».Je voulais lui répondre tellement de choses, mais j’étais paralysée. Après les témoignages de l’autre fille et des personnes qui ont assisté à son enlèvement, le juge a finalement condamné nos agresseurs à 2 ans de prison chacun. J’ai cru mourir. Aujourd'hui, tout ce que je souhaite, c’est d’oublier. Pouvoir effacer cet épisode de ma mémoire et redevenir celle que j’étais : une fille active, dynamique, pleine de rêves et d’ambitions. Mais c’est tout simplement impossible. je porte un dégoût démesuré pour toute l’espèce humaine, à commencer par moi-même! »

Mounia, aujourd’hui âgée de 20 ans, a été violée en juillet 2006.
Elles aiment ça !

Lorsqu’une femme ose accuser un homme de l’avoir violé, juges, policiers et entourage reçoivent la plainte avec suspicion. Une suspicion qui traduit une vision des choses où la femme est en grande partie, si ce n’est totalement, responsable de ce qui lui est arrivé. Une femme qui ne tourne pas les talons au premier regard d’un homme est une allumeuse en puissance. C’est une vision qui induit une complicité de la victime dans le crime qu’elle a subi.
Viol, pédophilie et perversions

Une petite fille de 7 ans avait été retrouvée morte un dimanche matin. Torturée, violée et étranglée, son corps a été découvert par un groupe de garçons sortis jouer au foot dans la périphérie de Salé. Lamia avait disparu, vendredi après midi alors qu’elle rentrait à pied de son école (à 5 minutes de chez elle). Quelques jours après, un homme de 49 ans est arrêté par la police. Jugé, il est ensuite condamné à, 5 ans de prisons (un vendeur ambulant de fruits). Une autre écolière de 10 ans est sauvagement violée par un jeune homme de 26 ans. Un voisin. Il est condamné à 2 ans de prison. Une femme de ménage se fait violer par un clochard dans une maison abandonnée du boulevard Modibo Keita avant d’être jetée nue sur le même boulevard… Nous n’avons même pas besoin de mentionner des chiffres pour une simple raison : Celles qui osent parler de ce traumatisme sont très peu nombreuses et ne peuvent donc pas être représentatives de l’ampleur que prend cette dérive sociale dans notre pays.
Heureusement, les médias « osent » de plus en plus parler du viol, jusque-là volontairement voilé par une société toujours écrasée sous le poids de ses propres préjugés. Il ne se passe pas un jour sans qu’on ne puisse lire un article relatant un « fait-divers » scandalisant et miroitant l’injustice de notre environnement et l’inefficacité de notre système judiciaire.

Une loi mise au placard

Il faut d’abord savoir que pour le Code Pénal marocain, le viol est un « crime et un délit contre l’ordre des familles et la moralité publique » il est classé dans le même chapitre traitant de l’avortement, l’abandon de la famille et les attentats aux mœurs. Il n’est en aucun cas considéré comme un crime contre les personnes… Ce qui laisse aux autorités le choix de dribler avec les peines sensées punir les accusés de viols ou d’agressions. L’article 486 du Code Pénal stipule que : « Le viol est l’acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci. Il est puni de cinq à dix ans de prison. Si le viol a été commis sur la personne d’un mineur, la peine est la réclusion de dix à vingt ans.»
Mais cette loi est tout simplement mise au placard et l’on ne s’en sert que très rarement (pour ne pas dire jamais !). Très souvent, un violeur est condamné à quelques mois ou à deux ou trois ans de prison seulement (même si la victime est un enfant). Pire, à la moindre occasion (fêtes religieuses ou nationales) il peut être gracié et remis en liberté.


Pour nous consoler, rappelons que même en France il a fallu attendre la loi votée en 1980 pour enfin considérer le viol comme un crime.« Tout acte de pénétration sexuelle, dit la loi de décembre 1980, de quelque nature que ce soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte ou surprise, constitue un viol ».
Hallucination…

Nezha, 23 ans, habite Ain Sebaâ à Casablanca. Elle est l’aînée d’une famille nombreuse et sans le moindre revenu. C’est, pourquoi elle travaille en tant qu’ouvrière dans une grande usine du quartier Bernoussi. Une usine où une centaine d’autres filles travaillent aussi. Quand elles finissent tôt, Nezha et quelques amies font le trajet ensemble pour éviter les agressions. Mais il arrive qu’elle travaille jusqu’à 21 h ou 22 h. Dans ce cas-là, elle marche une dizaine de minutes avant de trouver un grand taxi pour la ramener chez elle. Ce soir-là, Nezha avait fini à 22 h, ses amies avaient quitté bien avant elle. Son employeur lui propose alors de la raccompagner jusqu’aux grands taxis. Elle ne refuse pas car elle a peur de faire le trajet toute seule. Cette même peur augmente quand elle voit que le Hadj B. prend un autre chemin que celui sensé mené aux taxis. Hadj B. s’engouffre dans la zone industrielle et s’arrête dans un parking de camions. L’endroit est désert et on n’entend que les aboiements des chiens. Il se jette alors sur elle et la viole sauvagement. C’est un homme pieux, c’est pour ça que quand il a fini, il la dépose à la station de taxis et lui conseille de ne raconter ce qui s’est passé à personne. Sinon, elle serait sans travail du jour au lendemain. Quand elle ose enfin se livrer à sa mère, Nezha se fait tabasser par cette dernière qui lui ordonne de garder le secret, sinon ils n’auraient plus de quoi vivre !
Nezha a fini par quitter l’usine pour une autre, beaucoup plus loin. Elle ne s’est jamais confiée à personne, persuadée qu’on ne la croirait pas. Il s’agit quand même d’un Hadj à la très bonne réputation. Le genre de personne qui offre des primes et des moutons pour les fêtes religieuses…

...Nezha parle comme si elle avait honte de nous regarder dans les yeux.
Au moment où on lui demande de témoigner, elle nous répond : « Dieu est grand ». J’ai attendu une suite à sa phrase, mais c’était tout ce qu’elle avait à me dire… Dieu est grand. Crever l’abcès, faire éclater la vérité, aux yeux de tout le monde, subir le regard et l’abandon de la société éternellement… Nezha y a pensé, mais elle a surtout pensé à sa famille : Sa mère et ses quatre frères et sœurs qui souffriraient à cause d’elle.
Interrogations

Pourquoi la loi n’est-elle pas appliquée avec rigueur lorsqu’il s’agit de viols ? Pourquoi les autorités ne savent-elles pas « dealer » avec les affaires de viol et ne cherchent qu’à les bâcler le plus vite possible ? Et pourquoi un violeur se soucierait-il de sa punition quand il sait qu’il ne passera qu’une très courte durée derrière les barreaux ? Pourquoi a-t-on honte du viol alors que c’est un crime parmi tant d’autres?
Autant de questions qui resteront sans réponses tant qu’on n’aura pas ouvert les yeux sur cette liste lugubre de sujets qui nous rongent l’existence !
13 janvier 2012 16:53
Elles vivent avec leur violeur... pour échapper à l’opprobre de la société


Selon le code pénal, le violeur d’une mineure n’encourt aucune peine d’emprisonnement s’il accepte d’épouser sa victime. Des mariages, a priori invraisemblables, mais qui répondent à la volonté de sauvegarder l’honneur de la fille et de sa famille.

Wahiba, 38 ans, est mariée depuis plus de 15 ans à Mohamed, la quarantaine. Un ménage qui n’est pas des plus heureux, mais Rachida insiste sur le fait qu’elle n’a pas le choix et qu’elle ne peut pas quitter son conjoint, le père de ses quatre enfants, «malgré ce qui s’est passé». Vivant dans le même quartier, Mohamed se présente un jour pour demander la main de Wahiba. Il essuie un refus catégorique. Fou de rage, il monte un stratagème afin de pouvoir se marier avec la femme qu’il veut. «Il est parti du principe qu’elle était sienne pendant sept ans et que le viol, avec perte de virginité, était le seul moyen de pression de sa part afin de mettre les parents de la jeune fille devant le fait accompli. C’était criminel, mais Wahiba croit toujours que ce viol était la preuve qu’il l’aimait véritablement», explique Souad Taoussi, assistante sociale et militante associative. Un arrangement a été trouvé afin d’éviter le scandale. Mais, comment Wahiba parvient-elle à oublier cet instant où le père de ses enfants l’a forcée à avoir cette relation sexuelle contre son gré ? «Chaque fois qu’il y a un conflit, je lui lance cela en pleine figure. On n’oublie jamais ces choses-là», confie-t-elle. A l’intérieur du ménage, la violence règne. Violence physique ou verbale, le couple se déchire, mais ni Wahiba ni Mohamed ne veulent divorcer. «Cette violence est la preuve d’un grand malaise dans le couple. Wahiba revit la même scène avec son propre violeur lors des rapports sexuels. Ce couple ne pourra jamais vivre dans la sérénité», tranche Souad Taoussi. Le cas de Wahiba est exceptionnel, puisque les mariages arrangés entre violeurs et victimes ne durent jamais longtemps. Ou ne commencent même pas.

A la recherche d’un statut

Nadia, elle, avait 17 ans quand elle a été victime de viol dans le domicile de Rachid, son cousin germain, qui avait le même âge qu’elle. Brillante à l’école, Nadia s’apprêtait à passer son baccalauréat. Ce ne sera finalement pas le cas. Résultat : une grossesse. La famille de Nadia dépose plainte et le juge d’instruction recommande au jeune homme de prendre pour épouse sa victime, afin de sauver l’honneur des deux familles. Cette disposition est d’ailleurs officialisée par le code pénal dans l’article 475, qui annule la peine d’un violeur de mineure qui accepte de prendre pour épouse sa victime. Cela nécessite bien évidemment le consentement de la fille mineure. Mais, «dans la majorité des cas, l’adolescente n’a pas d’avis à donner. C’est sa famille qui décide à sa place», explique Mme Taoussi. L’acte conclu, le jeune homme a été libéré. Mais il a toujours refusé de l’accepter comme épouse. Depuis qu’elle a accouché, Nadia ne sort plus de la maison de ses parents. Rachid a certes reconnu la paternité du nouveau-né et la petite fille, fruit du viol, a été inscrite à l’état civil. Mais il n’entretient aucun rapport ni avec Nadia, ni avec sa propre fille. «Le jeune homme a accepté la proposition du juge pour échapper à la prison. La fille mineure a fait de même pour préserver l’honneur de la famille, mais ce couple n’a aucun avenir. D’ailleurs, ils se refusent mutuellement», explique Me Zahia Ammoumou, avocate au barreau de Casablanca.

«On résume l’existence de la fille à son hymen. Sa vie, sa personnalité, son honneur, tout cela dépend de sa virginité», explique Mme Taoussi qui a travaillé pendant près de vingt ans sur cette thématique. C’est donc pourquoi, dans le cas d’un viol, l’option du mariage est plus qu’envisageable. «En se mariant, les jeunes filles violées se cherchent un statut, un justificatif au regard de la société. Elles savent d’avance que le mariage ne va pas marcher, mais, au moins, ces victimes de viol seront considérées comme divorcées, pas comme des femmes violées sans aucun statut et sans aucune chance de trouver un autre parti. C’est qu’au Maroc, une femme ne peut être que célibataire donc vierge, mariée, divorcée ou veuve. Rien d’autre !», tranche Mme Taoussi. Le mot clé dans toutes ces histoires, c’est l’honneur. Une fille mineure victime d’un viol se marie pour «sauver son honneur et l’honneur de la famille». Et les parents n’hésitent pas à «acheter le mariage» pour la fameuse setra et éviter le scandale et le déshonneur. En général, la famille de la fille mineure violée cherche un arrangement avec son violeur, particulièrement en milieu populaire et rural où le sens de l’honneur est exacerbé au point de pétiner le droit humain... surtout si le viol occasionne une grossesse.

«Le tribunal considère que le mariage est un moindre mal pour la famille de la victime. En fait si le violeur est condamné, l’enfant fruit du viol n’aura jamais de statut. Et même si le juge ordonne un test ADN et que le test est concluant, l’enfant ne se sera pas reconnu et sera toujours considéré comme illégitime, si le père refuse de reconnaître la paternité. D’où l’intérêt du mariage selon l’esprit de la loi. L’impact sur la principale concernée n’est jamais pris en considération», explique Me Ammoumou. Ce mariage est d’ailleurs synonyme de traumatisme pour la jeune fille. «Le violeur continue à faire subir le viol à sa victime après le mariage, par vengeance. Pour la simple raison qu’on l’a obligé à conclure ce mariage. Et il ne l’a accepté que pour échapper à la prison. Il fait vivre l’enfer à sa victime afin de la pousser au divorce», explique Mme Taoussi. D’autres familles concluent un marché pour un mariage à durée déterminée, afin que la jeune maman puisse échapper au scandale, avoir un statut, et sauver l’honneur de la famille. Autre problème de taille : les enfants du viol. Ce sont des enfants non désirés, ni par les mères ni par les pères. Pour la mère l’enfant lui rappelle toujours le viol et les malheurs qu’elle a vécus. Parfois, les femmes victimes de viol abandonnent même leurs bébés.

Le viol est toujours une affaire compliquée

A travers ces histoires, l’on constate que tout tourne autour de l’honneur, du scandale, de ce que les autres vont dire, penser. Et la justice, avec ses articles de lois, entérine cette triste réalité. Au lieu de qualifier l’acte d’accusation comme viol, on parle plutôt d’«atteinte à la pudeur sur une mineure avec violence ayant entraîné la défloration». D’ailleurs, la défloration est considérée comme circonstance aggravante du viol en référence à un honneur bafoué et pris par la force. Encore une fois, le viol, selon l’esprit du code pénal actuel, porte atteinte à la morale publique et aux familles. L’intégrité physique et morale des victimes est reléguée au second plan. Le viol est toujours vécu comme une honte par la victime et une source de culpabilité. Par exemple, une fille agressée physiquement n’aura aucun mal à dénoncer son agresseur et à aller voir la police, porter plainte et se faire aider par les membres de sa famille. Mais quand elles sont victimes de viol, rares sont celles qui le font savoir. D’ailleurs, dans le cas des violeurs en série, ce n’est que quand une victime se manifeste que les autres victimes font subitement leur apparition. Sauf quand le viol occasionne une grossesse. «Une femme est toujours considérée comme responsable du viol qu’elle a subie. Si ce n’est pas sa tenue vestimentaire, c’est sa manière de marcher, de regarder, de parler qui a provoqué son propre viol», explique Mme Taoussi. Avant d’ajouter : «Quand les femmes majeures se présentent chez les associations féminines ou dans les centres d’écoute afin de parler du viol dont elles ont été victimes, nous leur conseillons tout simplement de ne pas porter plainte si elles n’ont pas de preuves. Sinon, la plaignante risque d’être poursuivie pour débauche, particulièrement quand le présumé violeur décide de nier.

C’est pour cette raison que la majorité des victimes n’osent même pas en parler». C’est toujours à la femme de prouver le préjudice subi et donc la contrainte, avec présentation de témoins. Ce qui relève de l’impossible. «Le tribunal demande rarement une expertise médicale quand la victime est majeure et quand il ne s’agit pas de cas extrêmes comme le viol collectif ou l’inceste. C’est pour cette raison que, dans la plupart des cas, les hommes sont innocentés», déplore Me Ammoumou. La mentalité des juges et des policiers (qui reflète celle de la société) y est pour quelque chose. «Au lieu de chercher à établir la culpabilité ou non du présumé violeur, les policiers et les juges d’instruction concentrent leurs questions sur les mœurs de la plaignante, sur ses rapports éventuels avec le violeur, sur ses fréquentations. Tout est fait pour culpabiliser la femme», ajoute Mme Taoussi. Un changement de loi s’impose dès lors, afin que l’esprit de la Moudawanna se reflète dans le code pénal. «Le code pénal, qui date de 1962, n’est pas conçu pour protéger les femmes des différentes formes de violence, notamment du viol. Annuler les poursuites pénales à l’encontre d’un violeur s’il consent à épouser sa victime est une atteinte grave à l’intérêt général et aux droits humains en général», conclut Me Ammoumou.




Société : La loi se veut gardienne de l’honneur de la société aux dépens des droits des femmes

La Vie éco: Que dit la loi sur le viol ?

Le code pénal marocain définit le viol dans l’article 486 comme étant l’acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci. Ce crime est passible d’une peine de cinq à dix ans de prison. S’il est commis sur une mineure de moins de 15 ans, la peine est la prison ferme de dix à vingt ans. Si le coupable est un ascendant, un tuteur ou un serviteur de la personne violée, ou s’il est fonctionnaire ou ministre d’un culte, l’infraction est assortie d’une circonstance aggravante et la réclusion portée de dix à vingt ans dans le premier cas, de vingt à trente ans dans le second.

On ne peut pas dire que la loi est laxiste en la matière...

C’est dans l’application des textes que le bât blesse. Dans tous les cas de figure, c’est à la femme d’apporter la preuve de l’accusation. Dans le cas où la victime est majeure, une enquête est rarement diligentée, sauf s’il s’agit de viol collectif ou d’inceste. Si la victime majeure dépose une plainte et qu’elle est déboutée, elle est automatiquement poursuivie pour «fassade» (débauche), c’est-à-dire qu’elle est coupable d’avoir déclaré avoir eu une relation sexuelle hors de l’institution du mariage. De victime de viol, la plaignante devient coupable de débauche ! Enfin, le viol à l’intérieur de l’institution du mariage n’est pas reconnu dans la loi marocaine.

Apporter des preuves est tout de même une règle juridique…

Certes, mais pour le viol, c’est très compliqué. Le viol est un acte commis dans des conditions bien particulières. Le juge devrait en principe demander une enquête poussée et ordonner des expertises psychiques et sociales afin que la vérité soit établie. Parfois, il suffit que le présumé violeur prétende avoir payé sa victime afin de consommer une relation sexuelle, pour qu’il échappe à la justice.

Qu’en est-il dans le cas où la victime est mineure ?

Si la plaignante avoue avoir rencontré le présumé violeur plus d’une fois, ce dernier sera poursuivi pour détournement de mineur, et pas pour viol. Si la victime insiste sur le fait qu’elle ne connaît pas le violeur, le parquet adopte souvent la posture de la réconciliation par le biais du mariage, afin d’éviter l’humiliation à la famille de la victime. A cet égard, le code pénal a plus à voir avec la préservation de la moralité publique qu’avec la défense des droits des citoyens ! La loi au Maroc sert à préserver l’honneur de la société aux dépens des droits des personnes, des femmes et des enfants dans ce cas précis. Le code pénal marocain est à l’opposé des lois dans les pays qui respectent les libertés individuelles et les droits fondamentaux.

Et que se passe-t-il quand c’est une femme mariée qui a été violée ?

Le juge se montre plus sévère quand c’est une femme mariée qui est victime de viol. Parce qu’il s’agit là de l’honneur bafoué d’un homme, en l’occurrence celui du mari de la victime. La femme est toujours reléguée derrière la société des hommes.

L’article 486 ne protège-t-il donc pas les femmes ?

L’article 486 est un beau texte, mais dans la réalité, il est d’une part soumis au pouvoir décisionnaire du juge. Et de l’autre, il est «victime» de la philosophie patriarcale et moralisatrice du code pénal.
Dans la loi, nulle mention de l’âge, si le viol occasionne une grossesse. Alors que dans la pratique, si la victime est majeure, la plaignante passe la plupart du temps pour une débauchée («fassida»). Si la plaignante est mineure, le juge ordonne un test ADN afin de prouver le viol et non pour la reconnaissance de paternité, partant du principe que «l’enfant occasionné par un acte sexuel hors mariage n’a pas droit à la reconnaissance». En plus, même si le viol est avéré, les peines d’emprisonnement n’ont absolument rien à voir avec ce qui est cité dans l’article 486. Elles varient en général entre 18 mois et trois ans.

Hicham Houdaïfa .La Vie éco
www.lavieeco.com

2012-01-13

Source : [www.lavieeco.com]
13 janvier 2012 17:06
Dans ce cas, vaux mieux se faire violer par un bogoss grinning smiley
Mariage se7a hada ^^
Mais quelle horreur! takhalouf omaydir...
E
13 janvier 2012 17:18
merci boutrioult pour le complément d'horreurs.
E
13 janvier 2012 17:26
Citation
boutrioult1 a écrit:
Dans ce cas, vaux mieux se faire violer par un bogoss grinning smiley
Mariage se7a hada ^^
Mais quelle horreur! takhalouf omaydir...


tu n'est pas loin d'une certaine réalité ......mais comme les victimes dans ces cas là sont des hommes, et bien ...c'est pas gravegrinning smiley on s'en fou ptdr
c
13 janvier 2012 18:18
en fait, pour la loi marocaine, le "péché" des relations sexuelles hors mariage passe avant la violence faite aux victimes. c'est assez hallucinant. moody smiley
E
13 janvier 2012 18:26
Citation
coldman a écrit:
en fait, pour la loi marocaine, le "péché" des relations sexuelles hors mariage passe avant la violence faite aux victimes. c'est assez hallucinant. moody smiley

oui si tu te fais violer c'est que tu tapinais pour être plus précis.
Si en tant que victime tu 'insiste on sali aussi ta famille.....

En fait la justice Marocaine te fini au cas où il reste quelque chose..
c
13 janvier 2012 18:28
mettre la responsabilité du viol sur le dos des nanas, ça avait cours il y a quelques decennies en france. surtout aprés la vague des mini jupes. ("elles le cherchent bien" ) . on en est sorti avec le temps. désormais, méme le viol entre epoux est reconnu et intégré. ça viendra au maroc aussi.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 13/01/12 18:38 par coldman.
E
13 janvier 2012 18:30
Colman, a part les pervers et les vautours du monde entiers y'a rien qui vient .
c
13 janvier 2012 18:40
rome ne s'est pas faite en un jour.
b
13 janvier 2012 19:39
On a beau faire des beaux textes, si les mentalités ne changent pas, ils resteront inappliqués.

Avant la loi de 1980 en France, c'était la loi de 1832 qui régissait le viol.
C'était déjà un crime passible de la Cours d'Assise qui envoyait les hommes aux travaux forcés à vie.
Mais comme tous les magistrats étaient des hommes, ils détournaient les éléments de l'infraction et la requalifiait systématiquement en délit sous prétexte qu'il n'y avait pas vraiment eu viol mais plutôt atteinte à la pudeur. Bah oui quoi, être sodomisée de force c'était pas un viol vu que ce n'était pas une relation sexuelle au sens de la loi. Donc requalification .....

Ca n'a changé que lorsque les femmes ont commencé à gueuler, on viré leurs soutifs pendant mai 68 en faisant des bras d'honneur aux flics les seins nus et en revendiquant la propriété entière et exclusive de leur corps.

Et comme les femmes ont pu devenir magistrates en 1946, elles ont beaucoup contribué à faire appliquer la loi et à changer le regard de la société sur ce type de violences. Tout comme les femmes avocates et les flics femmes ...
E
14 janvier 2012 17:54
Citation
belane a écrit:
On a beau faire des beaux textes, si les mentalités ne changent pas, ils resteront inappliqués.

Avant la loi de 1980 en France, c'était la loi de 1832 qui régissait le viol.
C'était déjà un crime passible de la Cours d'Assise qui envoyait les hommes aux travaux forcés à vie.
Mais comme tous les magistrats étaient des hommes, ils détournaient les éléments de l'infraction et la requalifiait systématiquement en délit sous prétexte qu'il n'y avait pas vraiment eu viol mais plutôt atteinte à la pudeur. Bah oui quoi, être sodomisée de force c'était pas un viol vu que ce n'était pas une relation sexuelle au sens de la loi. Donc requalification .....

Ca n'a changé que lorsque les femmes ont commencé à gueuler, on viré leurs soutifs pendant mai 68 en faisant des bras d'honneur aux flics les seins nus et en revendiquant la propriété entière et exclusive de leur corps.

Et comme les femmes ont pu devenir magistrates en 1946, elles ont beaucoup contribué à faire appliquer la loi et à changer le regard de la société sur ce type de violences. Tout comme les femmes avocates et les flics femmes ...


Je ne pense pas que les autres pays vont mieux parce qu'ils ont une mentalité qui aurait changé.

Si yavait pas la loi se serait pire que la jungle c'est certain.
C'est déjà une chance au Maroc que la religion soit présente.
c
14 janvier 2012 18:12
je crois bien au contraire que la religion accentue cette violence faite aux femmes. déja par les textes qui en font une mineure à vie ou peu s'en faut. après, il y a la frustration induite par les interdits. regarde l'egypte ou les femmes se font harcelées parfois par la masse dans la rue. la religion est pourtant bien présente.
b
14 janvier 2012 18:21
Oui, la religion aggrave les choses.

En France, le violeur d'une femme mariée était condamné à des peines plus lourdes que le violeur d'une jeune fille célibataire.

Pourquoi ?

Parce que la femme mariée était la propriété de son mari, et que violer une femme mariée c'était une atteinte à l'ordre social religieux, au sacrement du mariage.

Et les pauvres célibataires qui se retrouvaient avec un polichinelle dans le tiroir étaient rejetées par leur famille qui s'estimaient déshonorées vu qu'elles n'étaient plus vierges et donc immariables.

Heureusement que mai 68 a changé tout ce galimatias. Maintenant, la honte a changé de camp.
m
14 janvier 2012 20:23
le viol n'est ni aggravé par la religion musulmane ni approuvé par celle-ci. C'est un non sens qui reflète une intelligence primaire et manipulatrice de celles ou ceux qui l'affirment.
le viol est un phénomène de société qui touche les deux sexes. Le tourisme sexuel de pervers occidentaux à marrakech ou en thaillande pour avoir les faveurs de mineurs ne constituent ils pas un viol impuni.

Certes, au Maroc, il reste à faire pour punir les coupables et prendre en compte le statut de la victime. Il reste aussi aux consciences occidentales, qui se croient supérieurs, à respecter la loi française non seulement en france mais lorsqu'on est à l'étranger. En quelque sorte, prouver sa citoyenneté universelle.
b
14 janvier 2012 20:48
Tu débloques ma pauvre.

D'une part je visais toutes les religions, et pas seulement l'islam, et, d'autre part arrête d'essayer de te convaincre que le viol a été inventé par des occidentaux, c'est pathétique.

Les violeurs sont des prédateurs, et cela est d'autant plus vrai que les religions, toutes les religions, infériorisent la femme et en font donc une victime toute désignée à l'assouvissement des pulsions que ces messieurs ne sont pas assez forts pour réprimer. Les religions font de la femme un objet.

En Arabie saoudite, les femmes mariées qui ont été violées sont passibles de la peine de mort car elles ont "trompé" leur mari.

En Afghanistan, au Pakistan et en Turquie, les femmes sont violées pour "l'honneur".

Au Pakistan, pour faire reconnaitre son viol, une femme doit disposer de 4 témoins hommes ayant assisté à la scène. Autant demander à un violeur s'il a violé.

Alors ne vient pas me chanter Ramona avec ta défense de l'Islam à 2 balles.
m
15 janvier 2012 13:25
Salam,

Je trouve ce débat intéressant, le viol est un "crime" qui passe au delà des religions, au delà des frontières et même au delà des sexes et des âges...
k
15 janvier 2012 13:57
Bonjour,
Toujours les mêmes avec la même stratégie invariable : partir de cas particuliers, ici de témoignages invérifiables, pour généraliser. Peu importe tous les chemins mènent à Rome : détruire l'islam.
On ne parle jamais du nombre de violeurs victimes de la Vendetta, de leurs lynchages, des disparitions subites (rapportées par le téléphone arabe en hypothétique relation avec l'agression et le viol de couples, d'individus ou d'enfants).
La Virginité, l'Hymen, l'intégrité du corps ne sont pas des sujets pris à la légère par la Législation, les Juges, les autorités, les populations, les proches, voisins et famille. Les sanctions sont très lourdes lorsque les preuves matérielles sont indiscutables et qu'aucune conciliation n'intervient entre les parties.
Statistiquement parlant, en terme de nombre de viols, l'Europe ferait bien de balayer devant sa porte et laisser l'Islam en hors sujet.
En occident la récidive mesure le laisser aller et laisser-faire, le maire grand-père pédophile envers son propre petit-fils, les incestes, les fils de politiciens violant leur propres frères sont-ils autant de faits avérés et de témoignages de dérives de la République Laïque ?

La religion n'a pas à être impliquée ou porter la responsabilité d'actes d'individus. Si l'on déroge à ce principe c'est que l'intentionnalité est autre : nuire à l'Islam.
T
15 janvier 2012 14:13
Le viol,un crime impuni au Maroc?

Ah ouais, quand meme.........

C'est bien la première fois que j'entends ça, pas mal.Mais bon, encore un article écrit par des non Marocains, pour les Non Marocains. c'est pas étonnant...

Et après on se demande pourquoi la plupart des Français (Et Marocains de France) ne savent pas grand chose du reste du monde et du Maroc, meme quand on essaye de leur apprendre des trucs, on leur apprend des conneries...

Enfin bref

Emma Peel......

Un violeur au Maroc,prend 10 ans Minimum,incompressible.
Un violeur en France,prend 7 ans Maximum,avec les remises de peines,il purge 3 ans et il est dehors

Les lois Marocaines sont peut etre pas tres claire,mais ce qui est sur,c'est que le juge au tribunal lui, bien souvent joue au commissaire priseur qui se croirait presque au ventes aux encheres.....10,20,30,50 ans
Les sentences sont tres sévères aux Maroc.
Nech zie Al hoceima.........Tamassint*
E
15 janvier 2012 15:24
Je suis Marocaine.
ce dont je parle je l'ai vu et revu.
Ok, vous avez la belle vie tout va bien dans votre monde, mais d'autre souffre donc :
Arrêtez de vous masturber l'esprit sur mon post svp.!!!
Merci.
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