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La République selon Sarkozy
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9 octobre 2006 18:24
Les coups de bélier ont cabossé le blindage de la porte, fissuré le panneau en bois, forcé la serrure. Depuis le raid de la police, le ménage a été fait dans l'appartement. Plus de vêtements répandus sur le sol, d'étagères vidées, ou de matelas retournés. Juste un enfant de six ans qui pleure dans le couloir. Sa grande soeur, «Lina», tient «à préciser» qu'il est «trisomique» et a été mis en joue «avec une arme». Une fillette de 11 ans approche : «Moi aussi, ils m'ont braquée dans ma chambre.» En entendant les bruits de marteaux, la mère s'est avancée. Elle a reçu la porte d'entrée sur le visage : «On a eu droit à des insultes. Ils ont dit "bâtards".» Sa fille aînée ajoute : «De toute façon, ils ne nous aiment pas.»

Ramadan. Il était 6 heures du matin quand les forces de l'ordre ont investi la cité Bizet, un ensemble de tours et de petites barres de quatre étages, disposées autour d'un bac à sable toujours «rempli de morceaux de verre», à l'entrée du quartier dit des Musiciens, aux Mureaux (Yvelines). Cette famille musulmane venait de terminer le suhûr, la collation avant le début du jeûne, comme tous les matins du mois de ramadan. «Les policiers cherchaient mon frère. Mais il n'a rien à voir avec ce qui s'est passé. Il n'était pas là. Il habite le Maroc», explique Lina, «un surnom» que cette jeune femme chargée d'études de marketing s'est choisie pour raconter son histoire aux journalistes. Les policiers sont repartis «sans faire d'excuses», pas même pour la porte fracturée. Coût : «1 800 euros non pris en charge par l'assurance.» Son autre frère, «lui aussi Bac + 5», a été menotté. «Il fait des maths et des statistiques. Mais là, question statistique, ils ont fait fort.»

L'opération a mobilisé pas moins de cent policiers : des CRS, des agents de la Sécurité publique, des enquêteurs, des membres de la BAC (Brigade anticriminalité), de la PJ de Versailles... «Rien que chez nous, ils étaient une vingtaine.» Sans compter les médias. Près d'une trentaine, alertés dès la veille au soir, à l'exception de certains, comme le journal Libération, qui n'a pas été mis dans la confidence. Beaucoup de radios et de télés. «On les voyait grimper les escaliers derrière les CRS. Quand la police est partie, tout le monde se moquait. Car, résultat : zéro», poursuit Lina. Sur les cinq personnes recherchées, une seule a été interpellée.

Les policiers traquaient les auteurs de l'agression contre sept des leurs dans ce même quartier des Musiciens. Dimanche soir, une patrouille qui venait d'interpeller un suspect a été prise à partie par une vingtaine de jeunes, affirment plusieurs témoins, et non par une foule de «150 à 250» personnes, comme l'avaient d'abord affirmé les policiers. «Tu veux voir ce qui s'est passé ?» demande un garçon en tendant l'écran de son cellulaire. Le film montre une voiture qui percute un véhicule de police arrivé à contre-sens. Le conducteur est frappé à terre par des agents. Des échauffourées éclatent. «C'était un toxico, les keuf le connaissaient très bien et auraient pu attendre le lendemain pour l'interpeller. Ils ont commencé à le tabasser. Un jeune est venu leur demander de se calmer. Il s'est fait gazer. Après ça a dégénéré», raconte Vincent, massé avec ses copains au pied d'une tour. Ils regardent pour la énième fois les images des policiers qui fuient à bord d'une deuxième voiture, abandonnant leurs trois collègues. «Ils ont paniqué. Ils avaient peur pour leur peau.» Ils racontent comment «Pioupiou», leur compagnon, a protégé «un flic correct qu'il connaissait» et qui avait trouvé refuge derrière la grille de la maternelle Jacques-Prévert. Pioupiou est aujourd'hui recherché. Son domicile a été perquisitionné, sa femme convoquée. «Je pensais qu'ils allaient lui donner une médaille, s'écrie Mohammed Hocine, un militant des banlieues. Après ça, plus personne ne va vouloir aider les flics.»

«Tu dis Bizet, tu es mort» . Ils sortent de leur salle de sport aménagée dans un ancien local à poubelle. Murs bleus, moquette verte, instruments de muscu. «On l'a créé nous-même. Sans un sou de la mairie.» Bizet, disent-ils, c'est la «cité noire» d'un quartier déjà défavorisé. Un lieu «bien connu des services de police». Par le nombre de ses voitures brûlées notamment. Les policiers «n'aiment pas la cité. Dès que tu dis Bizet, ça y est, tu es mort», lance Mahmadou, 24 ans. «Ils disent qu'on est révolté, s'énerve Vincent. On a accepté notre sort. Mais que les flics n'en abusent pas.»

Ils crient leur rage après les perquisitions musclées du matin. «Le mec arrêté n'a rien à voir. Tout le monde le sait», affirme Mohammed Hocine. Debout à ses côtés, Adama porte un hématome au visage dû, dit-il, à un coup de matraque : «Chez moi, ils ont défoncé la porte. Ils ont mis ma mère par terre, et après ils ont dit qu'ils s'étaient trompés. Ils vont le payer.» «C'est la guerre», surenchérit un autre. «Sarko ne sait que mettre de l'huile sur le feu», selon Vincent.

«Grande émeute». Aux Mureaux, le raid est diversement apprécié. «Cent policiers pour arrêter une personne ? Ça grandit les problèmes. Les gens voient ça comme une grande émeute», déclare dans la cité voisine des Bougimonts, Fatima Nabil, de l'Association des femmes unies. Devant l'hôtel de ville, le maire François Garay, (divers gauche) ne décolère pas. Il n'a pas eu droit aux mêmes égards que les médias. Personne ne l'a prévenu. «Le préfet ne m'a pas appelé, et quand j'ai eu le sous-préfet au téléphone pour autre chose, il ne m'en a même pas parlé.» Seul le commissaire de la ville l'a alerté «à huit heures moins vingt du matin. Parce qu'on a de bonnes relations». Qui a organisé ce grand spectacle ? Il sourit. «J'ignore si c'est Sarkozy, et je m'en fous. Mais ça, c'est de la télé-réalité. Ce n'est pas digne d'une république laïque.» Depuis les émeutes de l'an dernier, il dit «gérer le fil du rasoir. On rame et en trois minutes d'images au 20 heures, ils vont détruire tous mes efforts».

Source : Libération d u 05/10/06
D
9 octobre 2006 21:04
La République francosarkoziste ne doit pas passer en 2007 !

Aux urnes citoyens !




Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/10/06 22:43 par Djenine.
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ... Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
L
9 octobre 2006 22:41
le fachisme commence parfois aussi a passer par les urnes

Dans les guignol de l'info, la question était de savoir si ils avaient arrêter Ben laden aux Mureaux grinning smiley



Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/10/06 22:42 par La Boetie.
 
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