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De plus en plus jeunes, issues ........
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10 février 2006 21:32
De plus en plus jeunes, issues de classes sociales de plus en plus hétéroclites, les musulmanes égyptiennes se voilent les unes après les autres. Décryptage d’un phénomène de société, source de débats récurrents et parfois violents.



Il est midi, des centaines d’étudiants entrent et sortent par la porte principale de l’Université du Caire. Dès le premier coup d’il, on remarque qu’une large proportion des étudiantes ont les cheveux couverts, pour la plupart d’un simple voile, pour d’autres d’un long foulard qui leur descend jusqu’à la taille et, dans de rares cas, on observe des visages masqués par une pièce d’étoffe sombre. «Leur nombre s’est multiplié. Il y en a tellement à présent que si une fille arrive avec les cheveux découverts, elle attire immédiatement l’attention, ce qui n’était pas le cas autrefois», raconte Mahmoud, concierge à l’Université du Caire depuis plus de quinze ans. «J’ai l’impression que cette année l’université dans son ensemble porte le voile. En tout cas, que Dieu bénisse ces filles!», conclut-il.



Quoiqu’il soit difficile d’obtenir des statistiques concernant l’évolution du port du voile en Egypte, on constate depuis à peu près trente ans que celui-ci s’est progressivement popularisé et plus particulièrement durant ces dernières années, gagnant toutes les couches sociales, même celles qui étaient peu portées sur la pratique religieuse. « Le phénomène du port du voile en Egypte existait déjà à l’époque du président Sadate, et n’a cessé de s’étendre depuis», explique l’écrivaine Nawal El-Saadawi. Elle rappelle qu’à cette époque la progression du port du voile résultait d’une vaste opération d’encouragement des courants religieux extrémistes orchestrée par l’Etat, opération qui avait pour but d’empêcher le peuple de réfléchir afin de permettre aux dirigeants de mieux se maintenir au pouvoir. « Ce n’est qu’un phénomène issu d’une politique destinée à “voiler” les esprits », conclut-elle.


La récente propagation du voile a été rendue possible non seulement par la position unanime sur la question d’Al-Azhar, la plus grande institution sunnite au monde, qui le définit comme «une obligation divine» (selon les propres termes du cheikh d’Al-Azhar, Mohamed Sayed Tantawi, lors de sa rencontre avec le ministre de l’Intérieur français Nicolas Sarkozy le 30décembre 2003 à l’occasion du projet de loi interdisant le port de signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires en France), mais aussi par des prédicateurs indépendants, qui ne sont pas toujours des cheikhs, comme le très populaire Amr Khaled qui réunit des dizaines de milliers de personnes lors de ses meetings (lire l’encadré «Amr Khaled, star des jeunes» ).


Pour Mona, étudiante de 20 ans: «Je porte le voile parce que nos dirigeants religieux à Al-Azhar sont nos sages et nos guides et nous devons écouter ce qu’ils nous demandent de faire.» Weam, professeure de 24 ans, raconte: « Je m’étais toujours dit que je ne mettrais jamais le voile et que je ne couvrirais jamais mes cheveux, mais après avoir assisté à un meeting d’Amr Khaled, j’ai complètement changé d’avis et je suis aujourd’hui convaincue que le voile est une obligation religieuse. Avec la bénédiction de Dieu, je vivrai heureuse ainsi. » Etudiante de 22ans, Rania, quant à elle, relate qu’un jour, dans l’autobus, en route pour l’école, elle lisait le Coran comme d’habitude, lorsqu’un homme s’est assis à côté d’elle et lui a dit : «N’as-tu pas honte de tenir le Coran alors que tes cheveux sont découverts ? », après quoi elle a décidé de porter le voile.


Les versets en question




Lorsqu’on leur demande où est mentionné le fait qu’une musulmane doit se couvrir la tête, la plupart des personnes interrogées répondent invariablement: «C’est écrit dans le Coran», mais peu connaissent le ou les versets en question. Toutefois, qu’ils soient oulémas ou non, qu’ils définissent le voile comme une obligation religieuse ou qu’ils pensent que rien ne le légitime, tous les commentateurs se fondent sur les textes religieux. Dans le Coran, les versets qui reviennent toujours dans les discussions sur le port du voile sont au nombre de deux : «Ô prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées () » XXXIII, verset 59 (sourate des Factions) et «Dis aux croyantes : () de ne montrer que l’extérieur de leurs atours, de rabattre leurs voiles sur leurs poitrines ()» XXIV, verset 31 (sourate de la Lumière)*.


Ce sont ces deux versets, ainsi que la Sunna, mise par écrit de l’ensemble des paroles (hadiths) et des actes du prophète, auxquels se réfèrent toujours les partisans du port du voile. Gamal El-Banna, islamiste modéré, frère du fondateur de l’organisation des Frères musulmans et auteur d’un ouvrage traitant de la question du voile, soutient que ces deux versets ne demandent pas aux musulmanes de se couvrir les cheveux mais seulement de porter leurs vêtements de façon décente. Tout comme Gamal El-Banna, l’écrivaine Nawal El-Saadawi, officiellement opposée au voile, souligne qu’aucun texte religieux dans le Coran n’a exigé de recouvrir la tête d’un voile, mais seulement de ne pas séduire les hommes avec des habits attirant le regard.


Mme Wafaa, 50 ans, qui ne porte pas le voile et qui est directrice d’une entreprise, se dispute à chaque fois qu’elle aborde ce sujet avec ses employées, qui, elles, sont toutes voilées. Elle leur explique sans cesse: «Je n’ai pas besoin de mettre un foulard pour être une bonne musulmane et me rendre agréable à Dieu. Je ne mets jamais non plus de minijupes ni de tenues aguichantes. Pour moi, une femme qui ne porte pas le voile et qui a une bonne conduite vaut bien mieux qu’une femme cachée de la tête aux pieds et mal élevée» Mme Wafaa apprécie beaucoup le livre El Hijab d’El-Banna, tout comme elle admire El-Saadawi, dont elle se sent très proche par les idées. « Le voile n’a pour moi aucune base morale ou religieuse, et je suis très heureuse d’entendre dire que plusieurs femmes lisent mes uvres et sont d’accord avec mes idées», commente Nawal El-Saadawi.


Privilège des oulémas




Cheikh Abdel Fatah, imam d’une mosquée à Agouza, explique qu’aucun écrivain ni aucun haut responsable n’est en mesure d’expliquer ou de commenter le Coran, il ou elle n’en a même pas le droit, c’est un privilège que n’ont que les oulémas, car, comme il est écrit dans le Coran: «() Interrogez les gens auxquels le Rappel a été adressé, si vous ne savez pas», XXI, verset 7 (sourate des Prophètes mais ce verset se trouve également dans d’autres sourates du Coran). Concernant ce verset, tiré de la traduction faite par Denise Masson, les «gens auxquels le Rappel a été adressé» sont toujours associés aux oulémas, les docteurs de la Loi.





Face au «phénomène voile», les débats vont donc bon train et, pour beaucoup, deux visions opposées semblent se dégager. En effet, bien des gens raisonnent de façon binaire : il y aurait deux camps, les «pour» et les «contre». S’il est vrai que certaines personnes ou groupes se déclarent parfois radicalement pour ou contre le port du voile, il en est d’autres qui cherchent à avoir plus de recul face au débat, comme la philosophe Aicha Rafea, codirigeante d’un mouvement soufi, pour qui « le port du voile ne peut se résumer en termes de pour et de contre, il est et doit rester avant tout le fruit d’une décision ou d’une conviction personnelle».


Si, comme cette dernière le dit, le voile ne doit résulter que du choix ou de la conviction intime, ce n’est pas toujours le cas, car il peut parfois faire suite à une contrainte, d’ordre familial par exemple. Certains parents, certains maris, parfois certains frères, imposent le voile à leurs filles, femmes ou surs. Tel est le cas d’Abdallahqui a imposé le voile à ses cinq filles parce qu’il pense que c’est le meilleur moyen de les protéger de ce qu’il appelle «l’invasion occidentale». Tout comme Chadya, qui a obligé sa fille de 11ans à le porter car, dit-elle, « je crains qu’elle ne tombe plus tard dans ce fameux débat sur le voile et qu’elle finisse par se poser trop de questions et par le rejeter. Je lui inculque ainsi dès son enfance les principes les plus importants de l’islam. » Gharib, 22ans, a obligé, quant à lui, sa sur Asmaa, 24 ans, à se couvrir les cheveux en la convainquant que «le voile est la tenue de la femme musulmane».





Pourtant, qu’ils soient oulémas, écrivains, intellectuels ou cheikhs, tous se prononcent catégoriquement contre le fait d’imposer le voile à qui que ce soit. Selon Nawal El-Saadawi, il n’y a pas de «tenue islamique»: «Chez les chrétiens aussi, les surs portent un voile: s’agit-il là réellement d’une tenue propre à l’islam?» Quant au Dr. Lotfi, professeur à l’Université d’Al-Azhar, il explique que le musulman qui impose à une femme de porter le voile ne comprend pas sa religion car il est dit dans le Coran : «Pas de contrainte en religion ()», II, verset 256 (sourate de la Vache).


Des contraintes sociales également poussent parfois certaines femmes à mettre le voile et ce cas de figure se retrouve souvent dans le cadre du travail, comme le dit Fatima, 49ans, fonctionnaire de l’Etat: « ça fait quinze ans que je porte le voile. Dans l’environnement dans lequel je travaille, au ministère, je n’ai pas le choix. Si une musulmane ne se voile pas, des rumeurs déshonorantes commencent à circuler automatiquement à son sujet et ça devient très vite invivable. Pourtant, l’islam condamne très fortement l’hypocrisie et le mensonge, mais je suppose que les gens s’en fichent» De la même façon, Azza, veuve de 42ans, explique que ses voisins ont arrêté de la regarder de travers dès qu’elle s’est mise à le porter: «Quand mon mari était vivant, je n’étais pas voilée, mais aujourd’hui je préfère mettre le voile pour éloigner les rumeurs et vivre en paix.»


La mode s’en mêle




D’autres subissent des pressions à la faculté. Imane, 21ans, étudiante à Al-Azhar, a mis le voile après que ses camarades, voilées, lui ont beaucoup parlé de l’importance de se couvrir les cheveux pour ne pas attirer le regard des hommes. Ou comme Heba, étudiante de 19ans, qui parle de ses difficultés avec ses copines: « Mes amies n’arrêtent pas de me critiquer et de me demander quand je vais me décider à le mettre. Je ne pense pas que je vais me lancer tout de suite, mais je sais que beaucoup de filles se voilent parce qu’elles ne veulent pas être exclues ou subir des remarques à longueur de journée.»





La pression sociale se manifeste également dans la rue et dans les espaces publics, où le fait d’aborder ou de taquiner une fille de façon malintentionnée et malveillante est devenu monnaie courante. «Aujourd’hui, une fille qui sort sans être accompagnée par un garçon s’expose à toutes sortes d’embêtements. Cela va des simples remarques désagréables jusqu’aux agressions physiques caractérisées en passant par toute une série d’actes plus intolérables les uns que les autres, explique Zeinab, 46ans, mère de deux filles. Seules les filles complètement voilées et enveloppées dans d’amples robes réussissent à s’y soustraire et, dans ces conditions, il est tout à fait compréhensible que certai­nes choisissent de porter le voile même si elles ne sont pas convaincues. »


S’étant progressivement généralisé, le voile s’accompagne aussi de tout un phénomène de mode : des magasins de prêt-à-porter spécialisés dans les vêtements pour femmes voilées fleurissent un peu partout (lire l’article «Petits arangements avec la mode»). «J’ai toujours eu l’intention de porter le voile, mais les habits que les magasins exposaient avant dans leurs vitrines n’étaient pas du tout élégants et m’empêchaient donc de me décider à franchir le pas. Mais depuis ces dernières années, un intérêt de plus en plus grand a été porté aux tenues vestimentaires des femmes voilées, ce qui m’a finalement encouragée à le mettre», raconte Racha, 25ans.


L’aspect financier peut également être un motif : certaines femmes décident de mettre le voile afin d’économiser l’argent qu’elles seraient obligées de dépenser pour les produits cosmétiques. Charbat, employée dans une usine, avoue que son salaire ne lui permet pas d’entretenir ses cheveux (frais de coiffeur, shampoings, etc.), alors, quand elle se réveille le matin, elle met le voile pour les cacher avant de se rendre à son travail.


Obligation religieuse




Mais pour beaucoup, le voile est surtout une obligation religieuse. La loi adoptée par la France en mars dernier (lire l’article «France : la laïcité revisitée») et interdisant les signes religieux «ostensibles» à l’école, sous peine bien qu’après dialogue d’exclusion, a beaucoup choqué. Dans l’esprit d’une jeune musulmane, pour qui le port du voile est un impératif religieux, non un symbole, et pour qui l’école est aussi un impératif, quoique d’un autre ordre, cette loi ne peut paraître qu’injuste. Derrière la défense parfois jugée inconditionnelle de la laïcité, se cache pour certains une sérieuse atteinte aux droits de l’homme. C’est ce que pense Gamal El-Banna qui n’hésite pas à dire que «cette loi va à l’encontre même de l’idée de la liberté de culte». D’ailleurs, face à ce qu’il considère comme de l’incompréhension de la part des Européens non musulmans, dans son livre La responsabilité de l’échec de l’Etat islamique (publié en 1994 et récemment interdit en Egypte), il donne un conseil à toutes les musulmanes d’Europe et d’Amérique qui désirent porter le voile : porter un bonnet plutôt qu’un foulard, afin qu’elles puissent se fondre dans la masse et qu’elles n’aient pas à subir de discriminations. «Le voile avait été institué au départ pour protéger les musulmanes et les différencier des autres femmes, qui enduraient de mauvais traitements. Puisque aujourd’hui, c’est le voile qui conduit aux persécutions, alors, sous sa forme actuelle, en Europe et en Amérique, il est caduc.»


Contrairement à la vision de Gamal El-Banna, Nawal El-Saadawi se déclare résolument contre toute idée de différenciation entre les individus sur la base d’origines religieuses, affirmant qu’«il est du droit de la France d’interdire tout port de signe religieux qui conduiraient à une telle différenciation entre les citoyens».


Même si les motivations qui poussent les femmes à porter le voile peuvent être très différentes, elles sont le plus souvent accompagnées de « l’obligation religieuse », qui reste dans la majorité des cas la principale raison invoquée. Fadia, sociologue au Centre national de recherches, situé à Imbaba, conseille à celles qui comptent porter le voile d’être réellement convaincues afin de ne pas avoir à revenir sur leur décision après coup: «Si une femme veut cacher sa beauté aux hommes par nécessité religieuse, alors qu’elle le fasse tout de suite, mais si elle ne pense pas qu’elle ait besoin de se cacher, alors qu’elle ne le mette pas, quelles que soient les pressions qui s’exercent sur elle.»


Ceci pour ne pas avoir à faire comme Hoda, 17 ans, qui, deux mois après avoir été persuadée de la nécessité du voile, l’a enlevé: « J’ai eu envie de retourner à mes pantalons moulants et à mes cheveux lâchés. Je suis sûre que ce que je dis est péché, mais Dieu me pardonne, je mettrai le voile après avoir un peu profité de ma jeunesse», dit-elle. Fadia explique que la meilleure attitude dont une personne puisse faire preuve envers elle-même et envers la société est de faire ce dont elle est convaincue, à la seule condition que cela n’aille pas à l’encontre de la morale. «De cette façon, on agit en accord avec la religion, puisque le but de celle-ci est le bonheur de l’être humain. »


Aicha Rafea appelle tous les musulmans à dépasser l’idée de «l’obligation religieuse », car s’ils se focalisent uniquement sur celle-ci, progressivement, le sens moral du voile, sa quintessence, sera perdue. Il faut, selon elle, commencer par apprendre les principes moraux de l’islam, les lier aux différents rites et traditions, car ce n’est qu’ainsi que certaines valeurs phares, comme la tolérance, le respect de l’autre et la lutte contre la haine, pourront améliorer les relations entre les individus. «La morale, seule, est bien plus importante que la tenue vestimentaire ou toute apparence. »


* D’après Essai d’interprétation du Coran inimitable, traduction par Denise Masson, Dar al-Kitab al-Lubnani, Beyrouth.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 10/02/06 21:47 par jilali.
o
10 février 2006 21:39
s
11 février 2006 23:54
Personnellement, je trouve qu'il est ennuyant de s'attarder autant sur le foulard...pourquoi utiliser le foulard comme element catalyseur dans l'explication d'un phénomène social, politique, religieux ou autres.

Je trouve cela plutôt :

1/ stupide et insipide : on lit la première ligne et on connait d'avance les arguments avancés, c'est assez récurent et decevant.

2/ insultant envers ces jeunes filles qui le portent pour des raisons qui sont les leurs. Ici, elles sont présentées comme des idiotes, mais aussi parce qu'on présente le voile comme un signe de distinctif de l'imbécilité, de l'immaturité, d'une couleur politique qu'une partie de ces femmes (si l'on tient à être professionnel, menons une étude qualitative et quantitative) ne cautionnent probablement pas.

Il est temps de passer à plus d'intélligence et de clairvoyance....si le/la journaliste ou l'editorialiste de cet article désire parler de l'impact de la religion dans la vie des femmes, qu'il/elle arrête de se focaliser sur un bout de tissus et qu'il/elle s'intéresse à ce qui se fait dans le quotidien, ce qui les motivent dans leurs projets en tant que femme, citoyenne ou autres. Qu'on arrête de donner une identité stéréotypées à ces femmes sous pretexte qu'elle ont un carré de tissu posé sur la tête...c'est leur manquer de respect!

A titre personnelle, j'ai beaucoup de mépris pour celui ou celle qui a écrit cet article, un étudiant en première année en fac de journalisme n'écrirait pas un tel torchon, c'est minable!!!!!
B
11 février 2006 23:58
Salam aalikoum


Parait que Amr khaled s'est exilé d'egypte a cause de se phenomene....
il devenait indésirable...aux yeux des autorités

oua Allah oua3lem
[b]Plus rien ne m'étonne[/b]
 
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