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Jekyll Island
21 janvier 2024 03:33
«  Quelque part à Jekyll Island »

Assailli par une vague d'anxiété, George se mit à triturer ses mains. Son coeur battait à une vitesse éperdue. Aujourd’hui, débutait son premier jour de labeur sur l’île. La beauté de cette dernière était sans pareille. Un magnifique paysage s’offrait à sa vue. Le sable immaculé s’étendait devant lui, contrastant avec les eaux cristallines et la nature luxuriante à l’arrière. Un véritable coin de paradis, pourtant, l’angoisse persistait.

Sa silhouette dégingandé se profilait dans le paysage, sa peau d’un ébène profond captant les rayons dorées du soleil. Son visage arborant une jeunesse encore palpable était toutefois marqué d’une fatigue précoce. La maigreur de son corps venait accentuer sa taille déjà imposante pour un garçon de son âge.

Du haut de ses quinze ans, George Stinney avait le sens des responsabilités. Unique garçon mis au monde par sa mère, il avait conscience des attentes et des espoirs qui reposaient sur ses frêles épaule. Son père avait trouvé la mort au front - alors qu’il n’était qu’un bambin balbutiant - laissant derrière lui femme, fils et filles. La vie était dure de là où il venait. D’aussi loin qu’il se souvienne, il avait toujours vu sa mère se tuer à la tâche sans relâche. Il n’avait pas grandit dans le luxe ni l’opulence. Loin de là. Il n’avait jamais mangé jusqu’à satiété. Il n’avait jamais connu la paix auprès des créanciers qui venaient régulièrement frapper à leur porte. Cependant, il avait toujours eu quelque chose dans son assiette. Il avait toujours eu un toit au dessus de sa tête. Il était reconnaissant envers sa mère.

C’est donc sans réfléchir une seule seconde qu’il avait sauté sur l’occasion, lorsque dans le journal, il était tombé sur l’offre d’emploi qui l’avait conduit sur l’île.

« Emploi généreusement rétribué en échange de services en tant que garçon de maison ». Voilà ce qu’annonçait l’offre.

Egalement en échange de ma discrétion et de mon silence, songea t il.

Inconsciemment ses mains s’attelaient à triturer cette fois-ci sa chemise. Des abysses profondes de ses pensées resurgit le souvenir de son départ. Les au revoir avec sa famille avait été douloureux. Sa mère et ses petites sœurs, les visages baigné de larmes, ne cessaient de l’étreindre de toute part. Non sans une certaine fierté candide, il les avait embrassé dignement et leur avait sorti des paroles réconfortantes. Tout ira bien, disait-il. C’était son devoir après tout.

Il se sentait homme à cet instant précis. Une pensée teintée de regrets s’envola pour son défunt père. Était-il fier de l’homme qu’il devenait, de là où il était ? Il l’espérait tant.

La suite des événements s’enchaîna très rapidement. Si rapidement qu’il n’avait guère eu le temps d’y réfléchir à tête reposée. À peine était-il monté à bord de l’embarcation qui devait l’emmener sur l’île, qu’on le somma de boire une décoction. Il n’était pas le seul à embarquer. Il n’était pas non plus le seul à qui on tendait une fiole au contenu translucide. Les traits de son visage s’étaient plissés de méfiance. Pour autant, sa main ne trembla pas et ne souffrit d’aucune hésitation lorsqu’il but d’une seule traite le liquide. Aucun des autres garçons n’avait eu l’air de reconnaître le goût des graines de pavot. Lui si. Sa grand mère était guérisseuse au village et l’avait souvent familiariser avec diverses plantes. Il ne pipa mot. Quelques minutes s’écoulèrent avant que Morphée ne vienne s’emparer d’eux simultanément.

À son réveil, c’est l’air hagard qu’il avait découvert la beauté de l’île. Il s’était demandé quel nom portait cette merveille mais n’avait rien osé demander. Il était plus qu’évident que ses employeurs souhaitaient garder l’emplacement secret.

En dépit de la distance et des consignes étranges qui accompagnaient l’emploi le petit George n’avait aucun doute. Grâce à l’argent qu’il gagnerait il éviterait ainsi des jours maigres à sa famille qui l’attendait sur le Continent.

Le matin de son arrivé, on lui avait fait visiter le manoir qui surplombait la plage. C’était là qu’il allait devoir travailler pendant les trois prochain mois à venir. La première fois qu’il pénétra la pièce dite " ovale " sa surprise avait été de taille en voyant les Lord de l'île. Ces hommes arboraient des masques dissimulant leur visage. Un silence de plomb régnait dans la pièce gigantesque. Les yeux écarquillés il observait avec curiosité les masques en question. Ils avaient quelque chose de … tribal. Ils juraient parfaitement avec l’allure policé des gentlemans. La pièce quant à elle, à l’instar du Manoir, suintait le luxe et l’argent. Bien que déstabilisé par l'étrange situation, le jeune homme à la peau sombre fit fi de la situation et débarrassa la table comme on le lui avait ordonné sans piper mot.
21 janvier 2024 03:44
[ PARTIE 2 ]

Une fois sorti de la pièce ovale, O’connor, leur supérieur prit la parole de sa voix de stentor :

- Se trouve ici la pièce des réunions. Autrement nommée, la pièce ovale. Les hommes qui s’y trouvent détiennent cette île, et c’est grâce à eux que vous allez généreusement être rétribué à la fin de votre mission. Cependant, jeunes hommes, soyez attentifs à ce qui va suivre, il vous est strictement interdit et j’insiste sur ce mot, de pénétrer cette pièce sans vous être fait annoncé au préalable ! Interdiction également de discuter. Vous êtes là pour faire votre travail et on attend de vous que vous le fassiez bien ! Me suis-je bien fais comprendre ?

- Oui Monsieur O’Connor, répondirent-ils tous en coeur.

George se doutait en son for intérieur que des affaires peu honnêtes devaient se tramer sur l'île. Sinon pourquoi autant de mystères concernant l’emplacement et ses occupants ? Cependant, sa situation financière ainsi que sa famille qui comptait sur lui pour les nourrir ne lui permettaient pas de faire la fine bouche.

***

Les jours se succédèrent et George s'accoutuma peu à peu à l'aura mystique qui entourait l'île. Pourtant, bien malgré lui, il ne pouvait s'empêcher de relever des détails troublants. Les hommes qui détenaient cet endroit et qui y régnaient en maîtres étaient des hommes connus. Influents. C'était une certitude qui s'était vite imposée au jeune homme. Cependant, il était impossible de connaître leur identité. Au-delà des masques qu'ils arboraient continuellement, il ignorait jusqu'au timbre de leur voix. Pourquoi tant de secrets ? Voilà la question qui le taraudait tant. Il avait bien conscience que sa curiosité dévorante était un luxe qu’il ne pouvait se permettre, cependant c’était plus fort que lui.

Le regard perdu dans l'horizon paradisiaque qu'offrait l'île, une cigarette au bec, il n'entendit pas son collègue, Lee, venir :

- Perdu dans tes pensées garçon ? Ne les laissent pas trop te submerger, elles risqueraient de te noyer, dit-il un sourire taquin aux lèvres.

- Oh ! je ne t'avais pas entendu. Je pensais à... à ma famille qui me manque, finit par dire George hésitant.

Bien que ses collègues avaient l'air d'êtres de braves hommes, il ne savait s'il pouvait leur faire confiance concernant ses questionnements.

- Je comprends, mais dis-toi que tu les aides en étant ici, répondit Lee d'un ton bourru, lui donnant une accolade paternelle. Bon le temps de pause est fini mon grand, allons justifier notre salaire veux-tu !

Acquiesçant, George lui emboîta le pas, résolu à taire sa curiosité et à retrouver sa famille au plus vite quand cette mission serait finie. Lee lui avait dit que les Lord avaient besoin d'être resservis en boissons dans la pièce ovale. Muni d'un plateau débordant des meilleurs nectars, il pénétra dans la pièce principale.

Le choc fut tel qu'il faillit lâcher le plateau qu'il tenait.

Il avait oublié de s'annoncer.

Ils ne portaient pas de masques.


George sentait la panique monter en lui. C'était sa faute. Pourtant, malgré la situation impossible dans laquelle il venait de s'empêtrer, il ne pouvait ignorer l'identité des hommes qui se trouvaient face à lui. Ils les connaissaient. La patrie entière les connaissait.

À l'instant même où il se fit cette remarque, une douleur insoutenable lui transperça le dos. Le contact de la lame froide contrastait avec la chaleur de son sang qui s’écoulait hors de son corps en abondance. Quelqu'un venait de le poignarder dans le dos. Un garde.

Aucun des hommes qui lui faisaient face n'eut l'air surpris. À défaut de porter leurs masques habituels, ils arboraient un masque d'impassibilité. L'un d'entre eux se leva et s'approcha de George pendant que ce dernier s'effondrait au sol au milieu des débris de verres tranchants.

- George Junius Stinney, c'est bien cela ? Demanda-t-il d'un ton révérencieux. Tu comprendras mon garçon qu'il n'y avait pas d'autres solutions possibles. Les secrets d'État passent avant tout et quiconque. Il en va de la sécurité de la nation. Que ton âme puisse trouver la paix.

Le jeune homme se sentait partir à chaque seconde qui s'écoulait.

- Les secrets d'État dites-vous, articula-t-il difficilement crachotant du sang, moi je dirai la meilleure invention de cette société, qui vous octroie tous les méfaits sous couvert de sécurité…
E
21 janvier 2024 07:21
Jolie plume 🪶
21 janvier 2024 11:34
Merci smiling smiley
Citation
EspritFusionné a écrit:
Jolie plume 🪶
21 janvier 2024 11:38
Ce livre existe réellement ou c'est une histoire que tu as créé ?
C'est intéressant en tout cas perplexe
21 janvier 2024 11:46
Non, tout ce fatras sort seulement de mon imagination ^^
Bon ce n’est pas élaboré ni retouché, mais je te remercie ! smiling smiley
Citation
RenAmamiya a écrit:
Ce livre existe réellement ou c'est une histoire que tu as créé ?
C'est intéressant en tout cas perplexe
21 janvier 2024 11:50
C'est vraiment Clap tu es en train d'écrire un livre ou c'est juste sorti comme ça à la manière d'un dessinateur inspiré qui décide de peindre une toile sans but perplexe
21 janvier 2024 12:03
En effet j’ai un livre en cours d’écriture (qui est d’ailleurs à l’arrêt), mais cela ne concerne pas la vie de ce pauvre George Junius Stinney ^^

Concernant ce passage là, posté ici, il était quelque part dans mes notes, je l’ai légèrement étoffé de détails hier tard dans la nuit et je l’ai partagé avec vous Welcome
Citation
RenAmamiya a écrit:
C'est vraiment Clap tu es en train d'écrire un livre ou c'est juste sorti comme ça à la manière d'un dessinateur inspiré qui décide de peindre une toile sans but perplexe
21 janvier 2024 12:06
Bah en tout cas c'est intéressant et si c'est ton truc ne lâche rien Welcome
Citation
Mlle.Ingalls a écrit:
En effet j’ai un livre en cours d’écriture (qui est d’ailleurs à l’arrêt), mais cela ne concerne pas la vie de ce pauvre George Junius Stinney ^^

Concernant ce passage là, posté ici, il était quelque part dans mes notes, je l’ai légèrement étoffé de détails hier tard dans la nuit et je l’ai partagé avec vous Welcome
21 janvier 2024 12:08
Merci beaucoup pour ta gentillesse RenAmamiya ! ^^
Citation
RenAmamiya a écrit:
Bah en tout cas c'est intéressant et si c'est ton truc ne lâche rien Welcome
21 janvier 2024 13:57
ur welcome
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Mlle.Ingalls a écrit:
Merci beaucoup pour ta gentillesse RenAmamiya ! ^^
 
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