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Hugo Chavez, le fils spirituel de Fidel Castro
M
10 août 2006 23:12
Castro a adressé un message à Chavez qui le "remplit d'optimisme"

Agence France-Presse

CAMPO CARABOBO (Venezuela)


Le président vénézuélien Hugo Chavez a affirmé jeudi avoir reçu la veille via "un émissaire" un message du président cubain Fidel Castro qui l'a rempli d'optimisme sur le rétablissement du "Lider maximo".

"Hier (mercredi) j'ai reçu un message de Fidel, un émissaire est venu m'apporter un message qui m'a rempli d'optimisme", a déclaré M. Chavez, en inaugurant le forage de puits de pétrole à Carabobo.

"Entre autres choses, Fidel me dit: +que Dieu vienne en aide à Chavez et ses amis+", a affirmé celui qui se considère comme "le fils spirituel" du père de la révolution cubaine. Selon M. Chavez, Fidel Castro a écrit de sa propre main le message, "assis dans son lit".


"Tu dois faire plus attention à toi", lui a recommandé encore Fidel Castro. "Je ne peux pas m'enfermer mais en même temps c'est vrai que les projets pour m'assassiner existent toujours", a noté M. Chavez, bête noire des Etats-Unis en Amérique latine depuis quelques années.

M. Chavez a affirmé avoir remis dans la foulée une réponse à Fidel Castro à l'émissaire dans lequel il lui "ordonne" de se rétablir.

Le dirigeant vénézuélien a reconnu avoir appris par la presse l'opération intestinale subie par le président Castro et annoncée le 31 juillet en même temps que la remise provisoire de ses pouvoirs à son frère Raul.

"Ce fut une surprise(...). Quelques jours plus tôt, nous étions à Cordoba (Argentine, au sommet du Mercosur)", s'est souvenu M. Chavez. Il a rappelé que Fidel Castro avait alors tenu un discours de "trois heures".


[www.cyberpresse.ca]


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Hugo Chavez déclare que Fidel Castro lutte pour la vie


AP | 10.08.06 | 21:18


CARACAS (AP) -- Fidel Castro est engagé "dans une grande bataille pour la vie", a déclaré jeudi le président vénézuélien Hugo Chavez. Mais il a ajouté que les conseillers du dirigeant cubain lui avaient donné des raisons d'être optimistes sur un rétablissement rapide du "Lider maximo".
Les déclarations d'Hugo Chavez sont sans doute les propos les plus alarmants concernant l'état de santé du président cubains tenus jusqu'ici par ses proches alliés.
Fidel Castro, qui aura 80 ans dimanche, a annoncé le 31 juillet dernier, via une lettre lue à la télévision par son secrétaire, qu'il avait cédé "temporairement" le pouvoir à son frère Raul après avoir subi une opération intestinale. AP


[permanent.nouvelobs.com]
M
11 août 2006 11:11
Cuba
Après Fidel

par Raúl Zibechi

11 août 2006

[risal.collectifs.net]

L’absence temporaire de Fidel Castro à la tête de Cuba ouvre une période d’interrogations et d’incertitudes. Au-delà des spéculations, peu sont ceux qui doutent de la solidité du peuple cubain pour affronter les temps nouveaux.

« Une fois j’ai dit que le jour où je mourrai, personne ne le croira », a répété Fidel Castro au journaliste Ignacio Ramonet. Fidel n’est pas mort, mais la décision prise le 31 juillet - de passer les commandes à son frère Raúl pour subir une délicate opération chirurgicale - est une pilule difficile à avaler pour bon nombre de Latino-américains. Pour Dora María Tellez, commandante sandiniste et candidate pour le Mouvement de rénovation sandiniste [Nicaragua] , Fidel ne réoccupera pas le poste qu’il a transféré à son frère. « Je ne crois pas que la délégation de fonctions soit provisoire, c’est un retrait définitif, il est probablement très malade. Ce qui se profile maintenant c’est la succession qui a été préparée pendant des années », a-t-elle dit à l’agence AFP.

Quoi qu’il en soit, que Fidel revienne ou non à son poste, à Cuba ce sont des temps d’incertitudes qui se profilent. A l’évolution incertaine de la santé du leader, il faut ajouter la grande inconnue que représente le modus operandi de l’administration de George W. Bush, qui prépare depuis longtemps une sorte de « transition » qui n’est rien d’autre que prendre les rênes, de manière directe ou indirecte, des affaires cubaines. Le fera-t-il au moyen d’une intervention militaire dans le « style Haïti », ou bien en exhortant « l’opposition » contre-révolutionnaire ?

Le projet dirigé par Bush et les faucons de la Maison blanche est clair et bien connu : sans l’ombre d’un doute, ils continueront à travailler, comme ils l’ont fait au cours des 47 dernières années, à la destruction de la révolution, avec le désir non dissimulé de transformer l’île en un bordel propice à l’accumulation de capital. Il est facile de deviner que le pari impérial est condamné à l’échec. Non seulement en raison de la résistance qu’offriront les Cubains, mais aussi en raison du climat social et politique qui traverse le continent. La question, dans ce cas, est de savoir comment feront les Etats-Unis pour influer sur la transition qui semble avoir commencé à Cuba.

Les plans ne leur manquent pas. Le porte-parole du département d’Etat, Sean Mc Cormack, a dit que le gouvernement de Bush a 80 millions de dollars de prévus pour appuyer et promouvoir un changement politique post-castriste. Le Wall Street Journal, toujours préoccupé par les affaires, spécule sur le fait qu’à l’avenir Cuba peut imiter le modèle de la Chine, en ouvrant son économie aux investissements étrangers et au secteur privé, tout en essayant de conserver un contrôle politique strict. Le New York Times prévient sur la possibilité que les Cubano-américains retournent à Cuba de manière « prématurée » pour exiger des propriétés ou des postes officiels.

La seule idée que l’Empire puisse détruire la révolution cubaine est vécue avec une anxiété justifiée par des millions de personnes de par le monde, et très particulièrement en Amérique latine. Mais il est improbable que cela arrive. Il suffit d’observer le rapport de forces actuel sur le continent pour comprendre que soufflent des vents contraires aux ambitions impériales de Washington, pour ne pas parler de l’échec de sa stratégie au Moyen Orient et dans le Golfe persique. Une aventure militaire serait vouée à l’échec non seulement en raison de la résistance cubaine assurée, mais aussi parce que la stratégie de la Maison Blanche n’a pas non plus pris dans des secteurs un tant soit peu significatifs de la population de l’île.

Le spectre de l’URSS

Toutefois, les incertitudes ne s’arrêtent pas là. « Les Yankees ne peuvent pas détruire ce processus révolutionnaire », signale Fidel dans le long entretien avec Ramonet, publié sous le titre Biographie à deux voix [1], mais il ajoute immédiatement après : « Mais ce pays peut s’autodétruire lui-même ». Le leader cubain fait allusion aux erreurs et aux maladresses, aux vices et à la corruption qu’il trouve dans le régime qu’il préside (« beaucoup de vol, beaucoup de détournements », signale-t-il sur la même page de l’entretien en question). Dans ce sens, les questions se multiplient : que fera la génération de dirigeants qui succédera à Fidel et à Raúl, puisque nous nous trouvons face à un changement générationnel ? Comment agiront le Parti communiste, les forces armées, les syndicats et les organisations sociales ?

La fin abrupte de l’expérience soviétique, la gigantesque nation des soviets qui semblait indéboulonnable, a surpris les amis, les adversaires et même les indifférents. Ce qui semblait impossible s’est produit. La manière dont est tombé un régime qui, au-delà du jugement qu’il mérite, paraissait à l’abri d’écroulements intempestifs, est encore une ombre qui menace tout projet différent du projet hégémonique. Si l’URSS s’est effondrée, cela peut arriver à tout autre processus : tel pourrait être une des conclusions de la fin précipitée de celle qui a été pendant des décennies la seconde superpuissance de la planète. Est-ce que, comme l’affirme le Washington Post, la population de l’île « est prête pour un changement » ? Que fera « l’opposition » ? Profitera-t-elle du moment pour se lancer dans les rues et provoquer un chaos justifiant une quelconque intervention militaire étrangère ? Que fera l’opposition qui recherche des changements mais à l’intérieur de la révolution ?

Cela fait tout drôle de parler de Cuba de l’après Fidel. Cela dit, c’est Castro lui-même qui a mis le thème à l’ordre du jour, bien avant de céder la présidence à son frère Raúl. Il ne fait pas de doute que les deux spectres mentionnés jouent, comme des convives de pierre, dans la conjoncture cubaine : le fantôme d’une chute spectaculaire comme cela s’est produit avec l’Union soviétique et le « socialisme réel », d’un côté, et l’attitude de l’impérialisme, de l’autre.

A la fin de son entretien avec Ramonet, Castro affirme qu’« aucun pays n’a jamais affronté un adversaire aussi puissant, aussi riche, sa machinerie de publicité, son blocus, une désintégration de son point d’appui[la fin de l’URSS] ». Selon cette interprétation, la forteresse spirituelle des quatre générations formées depuis 1959 serait suffisante pour assurer la continuité du processus. La différence entre le processus cubain et le processus soviétique, d’après Fidel, permet de conserver le plus grand optimisme. En effet, « il y en a qui ont cru qu’avec des méthodes capitalistes ils allaient construire le socialisme », a-t-il dit à Ramonet. Mais l’expérience historique récente est encore très fragile, et oblige à la prudence.

L’heure des changements ?

Les analyses sur « que va-t-il se passer à Cuba sans Fidel » prennent en compte une multiplicité de facteurs, mais elles en oublient un qui est fondamental. Que Fidel est un personnage notoire de notre époque, peut-être la figure centrale de la seconde moitié du XXe siècle, ne fait aucun doute. Mais le caractère exceptionnel de ce « tronc » particulièrement robuste vient du fait qu’il fait partie d’une splendide forêt : l’une des sociétés les plus notoires des dernières décennies. Un peuple, ou plutôt une partie significative du peuple cubain - car dans les sociétés occidentales, qu’on se le dise, il n’existe pas d’unanimités - qui a appuyé sans trêve et sans relâche la révolution, malgré les difficultés économiques, l’omniprésence de la bureaucratie et la si souvent mentionnée « absence de libertés ».

Il est certain qu’une partie des Cubains appuient la révolution en rechignant, certains avec tiédeur, et d’autres avec ferveur. Comment le mesurer ? Dans des cas comme celui-ci, les sondages ne servent à rien. Ce qui est sûr, c’est qu’aucun peuple ne supporte sans se rebeller pendant 47 ans un régime qu’il considère ignominieux. Cela n’est pas arrivé avec Franco en Espagne, ni avec Somoza au Nicaragua, ni avec Stroessner au Paraguay, pour ne prendre que ces trois exemples. Dans tous ces cas, la population a mis sur pied des mouvements antidictatoriaux malgré la dureté de la répression. La chute du socialisme réel n’a pas été due non plus à des causes externes, mais au sabotage quotidien, sourd mais efficient, par lequel la population montrait son rejet du régime. Avec plus ou moins d’enthousiasme, tout indique que l’immense majorité des Cubains reconnaît les bienfaits que la révolution a apportés à leurs vies, au-delà des critiques. Et, l’aspect décisif, c’est que l’offre d’une société de marché et de concurrence féroce qu’on leur fait depuis les Etats-Unis et l’Europe ne les séduit pas.

Ce qui se passera à partir de maintenant à Cuba, ce sont les Cubains qui en décideront, comme ils le font depuis toujours, et tout particulièrement depuis cinquante ans. Fidel Castro, comme l’a indiqué ces jours-ci le théologien de la libération Jon Sobrino, « a symbolisé quelque chose que, du moins dans l’inconscient, beaucoup d’êtres humains veulent voir symbolisée » : la dignité de dire Non à l’Empire.

Notes:

[1] Ignacio Ramonet, Biografía a dos voces, Debate, Barcelona, 2006, page 567.



En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:

Source : ALAI, Agencia Latinoamericana de Información (http://www.alainet.org/index.phtml.es), août 2006.

Traduction : Isabelle Dos Reis, pour le RISAL (www.risal.collectifs.net).
l
11 août 2006 11:31
ça devient une monomanie ton castrisme.
w
11 août 2006 13:11
ça m interresse aussi.

par contre ça devient insupportable et ridicule ton parti pris americain et israelien.
va t en troll sioniste
M
12 août 2006 21:14
Hugo Chavez se rend à Cuba pour le 80e anniversaire de Fidel Castro

Agence France-Presse

CARACAS


Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a annoncé samedi qu'il se rendrait à Cuba dans la soirée pour participer dimanche à la célébration du 80e anniversaire de Fidel Castro qui se remet d'une opération de chirurgie intestinale.

"Demain, je serai avec Fidel pour célébrer son 80e anniversaire et dès ce soir, je serai à La Havane. Je lui apporte un bon cadeau, un bon gateau et là-bas nous célébrerons les 80 ans de cette grande figure de notre Amérique et de notre Histoire", a déclaré M. Chavez à la presse.

Le chef de l'Etat vénézuelien a fait cette annonce après avoir déposé officiellement samedi à Caracas sa candidature à l'élection présidentielle du 3 décembre, où il briguera un deuxième mandat.



[www.cyberpresse.ca]
M
12 août 2006 21:19
Fidel, un athée en phase avec les racines »révolutionnaires» du christianisme


Même s'il aimerait se réincarner en écrivain, Fidel Castro ne croit pas en une vie après la mort, pas même éternelle, mais à l'aube de ses 80 ans dimanche, ce communiste athée est en phase avec les fondements »révolutionnaires» de la pensée chrétienne.

Né dans une famille catholique, il fut envoyé tout petit dans des écoles religieuses avant de parfaire sa formation sous la houlette des jésuites. Très jeune, son tempérament bouillant incorpore l'idée de sacrifice et un certain héroïsme propre à l'éthique chrétienne.

Il explique son athéïsme moins par des convictions politiques que par l'absence d'un mentor religieux dans sa vie. »Je n'ai pas été croyant simplement parce que les méthodes employées pour m'inculquer les sentiments religieux étaient dogmatiques», confie-t-il en 2002 au cinéaste américain Oliver Stone dans son documentaire »Comandante».

Pendant ses années de lutte contre la dictature de Fulgencio Batista (1952-58), il organise un mouvement pluraliste intégrant catholiques, protestants, franc-maçons et adeptes de cultes afro-cubains.

Après l'échec de l'assaut contre la caserne Moncada (1953), l'archevêque de Santiago de Cuba, Enrique Pérez Serantes, intervient pour éviter qu'il ne soit exécuté par la dictature. Et pendant les combats dans la Sierra Maestra, un prêtre ayant grade de commandant, Guillermo Sardinas, officiera comme aumônier.

En 1986, dans un entretien avec le frère dominicain brésilien Frei Betto, idéologue de la gauche locale, Castro explique que de ses années de formation, il a surtout gardé »les aspects révolutionnaires de la doctrine chrétienne». »J'ai eu l'opportunité de constater la cohérence entre la pensée chrétienne et la pensée révolutionnaire», dit-il.

Pourtant, juste après le triomphe de la révolution en 1959 et quand le régime est déclaré marxiste-léniniste en 1961, l'église est victime d'une dure vague de répression (expulsion de 200 prêtres étrangers surtout des Espagnols, nationalisation de collèges religieux, fermeture des médias catholiques).

Pendant les plus de 47 ans de pouvoir absolu de Castro, sa cohabitation avec la hiérarchie catholique sera souvent tendue, notamment pendant la crise économique des années 90 après la chute de l'Union soviétique.

Les autres religions seront également marginalisées jusqu'en 1992 lorsque le 4ème congrès du parti communiste cubain reconnaît la liberté et l'égalité de culte et accepte dans ses rangs des croyants.

Après la visite à Cuba en 1998 du pape Jean-Paul II dont Castro partage les préoccupations sociales, les relations avec l'église se réchauffent sensiblement. Lors de la mort en avril 2005 du pape polonais, ennemi du communisme, Cuba observera même un deuil officiel et Fidel Castro assistera à une messe solennelle célébrée à la cathédrale de La Havane.

En réalité, la vision castriste de la religion a commencé à changer en 1971 lors de conversation avec des catholiques au Chili, où l'église est alors à la pointe de la lutte contre la dictature d'Augusto Pinochet.

Il s'ouvre encore un peu plus lors d'un dialogue avec des protestants à la Jamaïque en 1977.

Pour son »fils spirituel», le président vénézuélien Hugo Chavez qui brandit souvent la bible lors de ses meetings, Fidel Castro est un »chrétien social».

Conscient de ne pas être éternel, il aime à dire que si l'homme pouvait vivre 500 ans, »il s'ennuierait énormément». Il espère bien toutefois que sa »révolution» lui survivra.


[www.tageblatt.lu]
M
13 août 2006 13:35
Castro se dit en meilleure santé mais pas encore tiré d'affaire


LA HAVANE (Reuters) - Dans un message diffusé dimanche pour son 80e anniversaire, le président cubain Fidel Castro, opéré il y a une quinzaine de jours, fait savoir que son état de santé s'est "considérablement" amélioré mais qu'il n'est pas encore tiré d'affaire.

"Dire que la stabilité s'est considérablement améliorée n'est pas un mensonge. Dire que la période de rétablissement sera brève et qu'il n'y a désormais plus de risque, ce serait absolument inexact", dit Castro dans un message publié sur le site internet du quotidien de la jeunesse Juventud Rebelde.

Le journal publie quatre photographies de Castro qui apparaît assis, vêtu d'un survêtement et parlant au téléphone.


[www.liberation.fr]
U
13 août 2006 14:29
Les facéties d’Alexandre Adler : Hugo Chavez, « gorille populiste » et « antisémite »



L’omniprésence d’Alexandre Adler, éditorialiste multicarte et expert en tout, interdit, sauf à s’y consacrer à plein temps, de pouvoir bénéficier de toutes ses facéties, des plus grotesques au plus vulgaires [1]. Parfois, on relève ... et on oublie. Pourtant, les délicieux commentaires que ledit Adler a fait paraître dans Le Figaro du 18 août 2004 sous le titre « Chavez, mi-Peron et mi-Guevara » sont inoubliables.

Cela commence merveilleusement bien : « La victoire du semi-Caudillo vénézuélien Hugo Chavez est un tournant de l’histoire politique de l’Amérique latine. Même amplifiée par des fraudes et des bourrages d’urnes, elle est néanmoins incontestable. »[souligné par nous] Adler le sait : la victoire est « incontestable », mais elle a été « amplifiée par des fraudes et des bourrages d’urnes » ... même si cette victoire a été enregistrée par un vote électronique et non par un décompte de bulletins de vote déposés dans des urnes. Mais l’ignorance d’Alexandre n’est pas frauduleuse...

Poursuivons : « Mais, comme la langue d’Esope, cette victoire du populisme créole est à la fois la pire et la meilleure des choses. ». »

Ainsi, la « victoire du semi-Caudillo » est une « victoire du populisme créole ». La prose d’Adler, à la différence de la langue d’Esope, est à la fois la pire et ...la pire des choses. Commençons par le pire...

Hugo Chavez ? Un produit de synthèse...

« Commençons par le pire : l’Argentine [...] a engendré, du temps de sa fragile prospérité, deux aberrations idéologiques durables : le péronisme et le guévarisme. Opposées en apparence, puisque Peron était un fasciste sympathisant actif de Mussolini et d’Hitler tandis que Guevara était, en tant qu’élève du grand avocat de gauche Silvio Frondizi, un semi-trotskiste à la recherche d’une révolution latino-américaine originale, les deux idéologies se sont pourtant rencontrées sur l’essentiel. Toutes deux se fondent sur l’exécration du modèle de liberté nord-américain. »

Opposées en apparence, convergentes en réalité : de son passé stalinien, Alexandre n’a gardé que les meilleures postures du savoir absolu et les pires leçons de la dialectique. A moins que la dialectique en question ne soit, plus trivialement, celle qui permet d’écrire des dissertations sur n’importe quoi. Thèse : Peron. Antithèse : Guevara. Synthèse : Chavez.

Après une grande leçon sur le péronisme [2], Alexandre poursuit : « Le jeune Che Guevara, issu d’une famille d’intellectuels de gauche, ne partage pas l’idéologie péroniste mais en conservera toutes les illusions : anti-américanisme fanatique dans lequel il poussera un Fidel Castro, lui aussi élevé dans ce culte barbare par un père espagnol et franquiste, vaincu de la guerre de 1898, populisme foncier [...] mais surtout mépris de fer pour les difficultés de la production. ». On souligne... et on continue.

Après une grande leçon sur le guévarisme [3], qu’il vaut épargner à nos lecteurs, Alexandre-le-dialecticien en vient à la « synthèse » des opposés : « Chavez est le résultat d’une synthèse particulièrement perverse de ces deux mouvements pulsionnels nés de la grande détresse argentine [...] »

Péroniste ? « [...] il est péroniste car, comme son maître, c’est un militaire autoritaire et putschiste [...] Tout comme Peron encore, Chavez, après une tentative infructueuse de coup d’Etat pur, s’impose à un système démocratique sclérotique et exsangue [...] [4].

Guévariste ? « C’est ici que l’on retrouve le guévarisme de Chavez : si Peron avait pris l’Argentine en 1943, avec toutes les facilités que cela lui permit initialement et le ralliement enthousiaste d’une partie des classes moyennes, Chavez, lui, est plébiscité au bas de la pente en 1995 alors que la dépression de la rente pétrolière a profondément érodé la société vénézuélienne. »

Faute d’avoir trouvé le « guévarisme » dans la phrase qui précède, on s’attend à le découvrir dans celles qui suivent. Peine perdue : ce n’est qu’un bavardage sur la gauche du pays qui s’achève par ce diagnostic : « Chavez [...] tient un discours essentiellement de gauche ». Quelle surprise !

Ce n’est pas la dernière.

Hugo Chavez ? Un criminel de gauche

Mais reprenons. « Chavez [...] tient un discours essentiellement de gauche »Voilà au moins qui mérite explication. La voici :

« Chavez [...] tient un discours essentiellement de gauche : réforme agraire qui ici touche en les spoliant non les propriétaires absentéistes d’autrefois mais une agriculture productiviste de paysans moyens ; redistribution sans progrès de la productivité de ce qui reste de la rente pétrolière sous forme de cadeaux sans lendemain, tandis que s’effritent tous les jours les infrastructures du pays ; contingentement et réglementation des exportations industrielles et agricoles déjà faibles, en partie pour ruiner délibérément le monde des entrepreneurs foncièrement hostiles au chef. [...] » .

Ici, tout est aussi faux que dans la pire des propagandes de l’opposition vénézuelienne, mais Adler n’a pas besoin de savoir pour savoir... Il est donc inutile de lui répondre.

« Voilà pour les mauvaises choses : la victoire nette de Chavez est la confirmation de la force du populisme qui balaie aujourd’hui toute l’Amérique du Sud. Même la Colombie de droite et le Chili de centre gauche, qui sont encore épargnés par le cyclone, ne manqueront pas d’en être affectés. Chavez, vainqueur aujourd’hui, c’est pour reprendre Barbey d’Aurevilly : « Le bonheur dans le crime. ».

Ce court traité de populisme et de criminologie confondus n’est pas fini. Au détour de cette fresque, on découvre, entre autres des choses étranges, celle-ci : opposées en apparence, AD et Copei sont identiques en réalité. Mais pour une raison désespérante : ils sont tous ... populistes ! : « [...] les radicaux argentins ont ici pour équivalents l’Action démocratique, un parti de type social-démocrate européen qui fut grand sous son fondateur Romulo Betancourt, et les conservateurs une formation démocrate-chrétienne, le Copei, dont les dirigeants finirent dans les années 80 par adopter le même programme populiste inepte que leurs adversaires du centre gauche . » [souligné par nous]

Tout est populiste au Venezuela. Voici comment on peut arriver à cette conclusion :
Thèse : Tout. Antithèse : N’importe quoi. Synthèse : Adler.

Et Adler de nous compter la fabuleuse histoire que voici :

« Mais il y a aussi un bon côté dans cette affaire : c’est le triomphe de la diplomatie brésilienne qui, patiemment, est à la recherche d’une voie non antagoniste d’indépendance des Etats-Unis. » Plus exactement, c’est le triomphe d’un compromis entre le régime brésilien qui ne peut pas « se permettre de voir le Venezuela rebasculer dans le camp américain » et des Etats-Unis qui « ne souhaitent pas à présent une défaite trop large de Chavez », pour des motifs pétroliers. De là cette conséquence : « Les Américains n’avaient plus qu’une exigence : que Chavez organise le référendum de révocation qui a constitué une sorte de présidentielle anticipée. Les Brésiliens ont obtenu en échange le lâchage par Washington de l’opposition vénézuélienne et l’absence totale de pression sur Caracas. ».

Vous avez bien lu : « L’absence totale de pression de Washington sur Caracas » ! Parole d’expert !

Hugo Chavez ? Un gorille antisémite

Au milieu de cette histoire légendaire, la figure obligée de l’opposition entre Lula et Chavez permet à Adler de justifier sa réputation. Même en retirant quelques boursouflures (c’est-à-dire, dans la pensée adlérienne, l’essentiel), il reste ceci : « [...] tout oppose en effet le régime de Lula et celui de Chavez. Chez les dirigeants brésiliens du Parti des travailleurs, on ne trouve aucun excès économique [...] aucun populisme irresponsable, aucune démagogie en matière de réforme agraire, aucune apologie du protectionnisme industriel et, bien que cela soit un élément secondaire, pas trace de l’antisémitisme populiste que Chavez a contracté au contact de ses interlocuteurs les plus extrémistes dans l’Opep. » [souligné par nous]

Là on ne commente plus, on s’extasie !

Le semi-caudillo créole, synthèse du fascisme de Péron et du semi-trotskysme de Guévara, est un populiste antisémite. Et ce n’est pas fini, comme le précise, en incise, ce sobre constat d’un expert : « le désir évident à l’entendre qu’éprouve Chavez, le gorille bolivarien ainsi remis en selle, de confisquer le pouvoir » est d’instaurer au Venezuela « une dictature rouge-brune , étroitement alliée à Cuba ». [souligné par nous]

A quoi bon s’indigner ? Indiscutablement, Adler, lui, est un humanoïde...

... D’autant plus distingué que c’est un humanoïde soulagé, puisque, dit-il, la perspective d’une dictature rouge-brune s’éloigne. « Mais attention, tout repose ici sur le rôle civilisateur du Brésil qui hérite curieusement, à l’échelle de toute l’Amérique du Sud, du rôle dont Fernand Braudel rêvait pour le Portugal à l’échelle de la péninsule Ibérique sous Philippe II : inculquer à des peuples hispaniques plus intolérants et plus violents la douce mélancolie lusitanienne de ceux qui n’ont jamais été réticents à mêler leur sang et à cultiver un laïcisme improbable mais hédoniste. ».

Après cet éloge de l’hédonisme portugais - dont les douceurs, à l’époque de la conquête de l’Amérique, sont réputées -, on ferme le ban !

Henri Maler

Cet article est intialement paru, le 9 septembre 2004, sur le site de RISAL
M
13 août 2006 15:58
Cuba - Fidel Castro a 80 ans: message et premières photos depuis son hospitalisation

LA HAVANE, dimanche 13 août 2006 (LatinReporters.com) - "J'ai 80 ans... Aujourd'hui, 13 août, je me sens très heureux" affirme un message apparemment signé par Fidel Castro et publié ce dimanche à la une de Juventud Rebelde, le quotidien de la jeunesse communiste de Cuba. Le journal publie quatre photos, les premières du président cubain depuis son hospitalisation annoncée le 31 juillet.

Traité dans un lieu non révélé d'une "crise intestinale aiguë avec un saignement permanent qui m’a obligé à affronter une opération chirurgicale compliquée" (selon message du 31 juillet), le président cubain est, depuis, l'objet de conjectures optimistes ou pessimistes quant à ses chances de survie. Seule une apparition publique permettrait de dissiper ou d'affiner les spéculations.

L'impact de l'incapacité de Fidel Castro, qui a cédé "provisoirement" les rênes du pays pour la première fois en 47 ans de pouvoir, a suscité des réactions en sens divers dans le monde entier, les Etats-Unis se déclarant une fois de plus en faveur de la démocratisation de Cuba, tout en reconnaissant qu'elle devrait être en priorité l'oeuvre des Cubains résidant dans l'île.

Le nouveau message attribué ce 13 août à Fidel Castro, jour anniversaire de ses 80 ans, est adressé aux "Chers compatriotes et amis de Cuba et du reste du monde". Le Lider Maximo, qui a délégué le pouvoir à son frère Raul (invisible lui aussi depuis le 31 juillet) et à six autres personnalités du Parti communiste et du gouvernement, y précise à propos de sa santé: "Ce n'est pas un mensonge de dire que la stabilité objective s'est améliorée considérablement". Mais il prévient aussitôt qu'affirmer "que la récupération durera peu et qu'il n'existe plus aucun risque serait absolument incorrect".

Les quatre photos publiées avec le message par Juventud Rebelde, en couleurs sur le site Internet du journal, montrent un Fidel Castro aux traits marqués affichant un visage à la fois sérieux et serein. Il n'est pas alité. Sur deux des photos, il parle au téléphone. Sur une autre, assis à proximité d'un large lit, il montre au photographe le supplément spécial pour son 80e anniversaire publié le 12 août par le quotidien Granma sous le titre "Absuelto por la historia" (Absous par l'histoire). Le président cubain porte un survêtement sportif rouge et blanc de marque Adidas. L'équipementier allemand appréciera ou non cette publicité.

Le président Hugo Chavez du Venezuela a annoncé qu'il serait ce dimanche auprès de Fidel Castro, apportant "un bon gâteau à cette grande figure de notre Amérique".

Texte intégral du message de Fidel Castro publié ce 13 août 2006 par Juventud Rebelde (traduction littérale de LatinReporters.com):

"Chers compatriotes et amis de Cuba et du reste du monde:

Aujourd'hui, 13 [août], j'ai abordé l'âge de 80 ans.

Ce n'est pas inventer un mensonge de dire que la stabilité objective s'est améliorée considérablement. Affirmer que la période de récupération durera peu et qu'il n'existe plus aucun risque serait absolument incorrect.

Je vous suggère à tous d'être à la fois optimistes et toujours prêts à affronter une quelconque nouvelle qui serait adverse.

Au peuple de Cuba, mon infinie gratitude pour son appui affectueux. Le pays avance et continuera à avancer parfaitement bien.

A mes compagnons de lutte, gloire éternelle pour résister et vaincre l'empire [les Etats-Unis; ndlr], démontrant qu'un monde meilleur est possible. Aujourd'hui, 13 août, je me sens très heureux.

A tous ceux qui ont fait des voeux pour ma santé, je leur promets que je lutterai pour elle."


[www.latinreporters.com]
M
13 août 2006 16:11
Cuba: Fidel Castro octogénaire et convalescent, en photos et "très heureux"


13 août 2006 13:39


Le président cubain Fidel Castro a eu 80 ans dimanche, un anniversaire historique marqué par son premier retrait du pouvoir depuis 1959 en raison de son accident de santé, et par la levée des incertitudes sur son état avec la publication des premières photographies de lui depuis le 26 juillet dernier.
"Je me sens très heureux": le nouvel octogénaire, recordman de la longévité au pouvoir, a posé en survêtement blanc et rouge dans sa chambre pour adresser ce message, publié à dessein dans le quotidien officiel de la jeunesse, Juventud Rebelde, dans sa première édition électronique dimanche.
Quatre clichés le montrent parlant au téléphone ou fixant l'objectif, sourire aux lèvres, le poing soutenant le menton, tandis que sur une autre, destinée à lever tous les doutes, on le voit lisant l'édition spéciale de Granma, l'organe du PC cubain, publiée la veille en son honneur sous le titre "L'Histoire m'a absous".
Cette opération de communication du régime cubain a mis fin à près de 15 jours d'incertitudes sur le sort du chef de l'Etat, qui avait fait annoncer le 31 juillet à la télévision son opération chirurgicale à la suite d'une hémorragie intestinale et la remise "provisoire" des pouvoirs à son frère Raul.

Depuis, aucune image de Fidel Castro, qui avait annoncé que sa santé était désormais un "secret d'Etat", n'était apparue à l'appui de multiples déclarations officielles rassurantes.
La dernière apparition publique du chef de l'Etat remontait au 26 juillet, le jour de la fête nationale.
"Pour ses 80 ans, le Commandant en chef Fidel Castro envoie un message rassurant sur son état de santé, qui s'est considérablement amélioré. Il assure que le pays va parfaitement bien", écrit Juventud Rebelde.
"A tous ceux qui m'ont souhaité une bonne santé, je promets que je lutterai pour elle", a déclaré le président cubain dans son message.
Lors de sa "proclamation" du 31 juillet, Fidel Castro avait demandé que les festivités de son 80ème anniversaire soient reportées au 2 décembre, qui commémorera les 50 ans du débarquement du Granma, prélude aux 25 mois de guérilla qui l'ont mené au pouvoir en 1959.
Mais, dans tout le pays, des manifestations ont néanmoins été organisées dès samedi pour marquer l'anniversaire du chef de l'Etat, avec notamment un grand concert samedi soir à La Havane devant la mission diplomatique américaine sur le Malecon, le boulevard du bord de mer, ouvert par la "diva" du Buena Vista Social Club, Omara Portuondo, 75 ans, devant plusieurs milliers de personnes.

"Joyeux anniversaire !" a entonné à minuit pile la foule au milieu des "Viva Fidel !, Viva Raul !, Viva Cuba Libre !", tandis que le chef de la mission diplomatique américaine, Michael Parmly, faisait une discrète apparition "en badaud" parmi les spectateurs.
Seul chef d'Etat étranger à faire le déplacement, le président Hugo Chavez du Venezuela, "fils spirituel" de Fidel Castro dans la région, devrait rendre visite dimanche au chef de l'Etat convalescent. Aucune confirmation officielle de son arrivée, prévue samedi soir, n'avait été donnée dimanche matin.

Des intellectuels étrangers amis du régime sont également à La Havane pour l'occasion, tels le père dominicain brésilien Frei Betto, figure de proue de la "théologie de la libération", qui a assuré vendredi soir que Fidel Castro allait "très bien" et récupérerait en "peu de jours".
Les travailleurs de la canne à sucre ont été conviés à une "gigantesque mobilisation" dans tout le pays, tandis qu'une équipe de 80 personnes devait escalader les 1974 mètres du Pic Turquino, le plus haut sommet du pays dans la Sierra Maestra (sud), haut-lieu de la guérilla castriste (1957-59) avant la prise du pouvoir.


[www.tsr.ch]
w
13 août 2006 16:47
je vais ecrire a l ambassade du venezuela pour felicité leur president d avoir pris une position aussi courageuse.
M
13 août 2006 17:28
Embajada de la República Bolivariana de Venezuela en Francia

Ambassade de la République Bolivarienne de Venezuela en France


11 rue Copernic
75116 Paris

France

Tél: 01.45.53.29.98

[www.embavenez-paris.com]
w
13 août 2006 17:49
MERCI MOREAU
M
13 août 2006 18:03
Danielle Mitterrand : "La démocratie n'existe ni aux USA, ni en France"

30 mars 2006

par denver

[lesogres.org]

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(Extrait)


Q Au cours de ces mêmes années Washington resserrait le blocus contre Cuba,
essayant d'en finir avec la Révolution.

Le Nicaragua ne pouvait compter que sur Cuba. Et Cuba aussi était en train
d'être étranglée par l'embargo des États-Unis, qui continue jusqu'à présent et
qui n'a eu d'autre but que celui d'en finir avec tout ce qu'il y a de
merveilleux que cette Révolution a réalisé au niveau social : quelque chose
d'unique en Amérique latine ; presque unique dans un pays du Tiers-Monde. Quand
en 1989 Cuba se trouvait déjà seule face à Washington, car elle n'avait plus
l'appui de l'Union soviétique, je m'y suis rendue. À mon retour j'ai dit à
François : « Tu ne peux pas laisser tomber Cuba. Cette Révolution a beaucoup
fait pour le peuple. La France ne peut être soumise aux États-Unis. » Il me
disait que la France toute seule ne pouvait pas, et qu'en Europe personne ne la
suivrait. Que les États-Unis détenaient tout le pouvoir économique, politique et
de la propagande, en plus des contre-révolutionnaires de Miami. Je continue
aujourd'hui à dire que cette révolution a mérité de se maintenir, car elle l'a
fait et c'est le peuple qui la maintient. Par conséquent les États-Unis n'ont
pas pu la faire plier. Je connais Fidel depuis très longtemps. J'ai passé
beaucoup d'heures à discuter avec lui, à nous dire ce que nous pensons. Je lui
ai fait part de toutes les critiques que j'ai au niveau politique. Une fois je
lui ai demandé pourquoi il me supportait. Et il m'a répondu : « Parce que tu es
une amie sincère. Et les critiques des amis on les écoute parce qu'elles sont
honnêtes, même si nous ne sommes pas d'accord sur certaines choses. » La
dernière fois qu'avec François nous avons reçu officiellement Fidel à Paris, en
le saluant je l'ai embrassé publiquement sur la joue. Ce qu' « interdit » le
protocole et les « politiquement corrects ». Mais c'est que non seulement Fidel
était notre ami, mais aussi qu'il est latin, et les Latins sont tendres. Ce fut
un scandale que la presse me rappelle encore.
M
13 août 2006 23:54
Lettre de félicitations à HUGO CHAVEZ, Président de la République bolivarienne du Venezuela

Monsieur le Président, honneur à vous.

Bien que nous soyons loin du Venezuela, nous sommes de cœur avec vous et avec votre peuple héroïque pour avoir balayé de chez vous l’impérialisme yankee.

Votre geste envers Israël, d’avoir retiré votre ambassadeur et prévoir la rupture des relations diplomatiques avec ce monstre, vous honore

Oui, nous aurions aimé voir les dirigeants arabes, pour les plus éhontés d’entre eux qui ont établi des relations avec Israël, retirer leurs ambassadeurs ou couper leurs relations diplomatiques avec lui.

Nous aurions aimé voir les régimes arabes employer l’arme pétrolière pour imposer aux USA de respecter les droits des peuples palestinien et libanais. Mais, hélas, nous n’avons pas de CHAVEZ chez nous, mais nous n’avons que ceux qui dirigent, par procuration, nos peuples opprimés car ils sont à la solde de l’impérialisme US.

Oui, nous sommes fiers de vous, Monsieur le "Présidente".

Nous avons besoin, chez nous, des CHAVEZ pour purifier nos pays de l’impérialisme américain qui pille nos richesses, souille nos terres et humilie nos peuples avec la complicité de nos régimes traîtres.

Nous avions un BOUMEDIENE, le "Bolivarien" algérien, mais ils l’ont assassiné car trop dangereux pour leurs intérêts économiques et politiques dans les pays tiers-monde.

Gloire à vous, Monsieur le Président, à votre peuple et aux peuples Sud-américains qui, ayant imité votre exemple, ils sont en train de balayer jour après jour l’impérialisme US qui souille leurs terres et pille leurs richesses.

Nous saluons le camarade CHAVEZ et félicitons le « Présidente » pour ses positions anti impérialistes, qui font honneur à son peuple et donnent des leçons aux régimes du tiers-monde pour se libérer de cet impérialisme qui n’est qu’un "lion en papier".

Votre exemple a déjà donné des fruits, et donnera encore aux autres dirigeants politiques de l’Amérique Latine, mais aussi à tous les dirigeants du tiers-monde qui ne se sont pas encore émancipés.

Les peuples finiront par jeter à la poubelle de l’histoire l’impérialisme américain (US) et ses planificateurs sionistes, ainsi que leurs valets locaux.

Gloire à vous et à votre peuple, que nous saluons fraternellement pour avoir donné la plus belles des leçons à l’impérialisme yankee et à ses valets.

Chérif BOUDELAL

Président de l’association "L’Immigration, Repère et Citoyenneté"
Membre fondateur du Collectif Paix Comme Palestine

France - 12-08-2006


[www.e-torpedo.net]
M
14 août 2006 15:48
Nouvelles photos de Fidel Castro avec Hugo Chavez et son frère Raul


AFP

Le président cubain Fidel Castro est apparu sur huit photos publiées lundi par le quotidien Granma aux côtés du président du Venezuela Hugo Chavez et de son frère Raul Castro, célébrant son 80e anniversaire la veille. Sous le titre "Une après-midi inoubliable entre frères", une des photos montre Fidel Castro allongé dans son lit de convalescence, portant une chemise rouge, recevant un cadeau d'Hugo Chavez.

"Ce fut une après-midi inoubliable, partagée entre frères de la même cause, qui a donné des forces nouvelles et du courage au Commandant aguerri de mille batailles, engagé dans une nouvelle victoire pour la vie", (PCC).

Le quotidien Juventud Rebelde avait publié dimanche, jour du 80e anniversaire de Fidel Castro, quatre photos du président convalescent, pour la première fois depuis l'annonce le 31 juillet de la passation provisoire du pouvoir à Raul Castro après une grave opération intestinale du "lider maximo".


[www.granma.cubaweb.cu]
M
14 août 2006 16:00
M
15 août 2006 23:50
À L'EXCEPTION DU VIEUX MANDELA, FIDEL CASTRO EST LE DERNIER PATRIARCHE MONDIAL

L'ami Fidel

Alexandre Trudeau

La Presse

Fils de l'ancien premier ministre canadien Pierre Eliott Trudeau, l'auteur est journaliste et documentariste. .


J'ai grandi en sachant que, dans le panthéon de nos liaisons et amitiés familiales, Fidel Castro était parmi nos plus intimes. À la maison, nous gardions une photo de Fidel, dans son complet militaire, portant dans ses bras mon frère Michel qui n'était alors qu'un bébé joufflu. Lors de cette première rencontre, en 1976, Fidel avait même donné à Michel son surnom définitif: « Micha-Miche ».

Quelques années plus tard, je me rappelle d'une occasion où Michel pleurait à ma mère en disant qu'il n'avait pas autant d'amis que mon frère et moi. Ma mère lui a simplement dit qu'il avait le plus grand ami de tous, que lui, il avait Fidel.

C'est ainsi que, pour mon frère Justin et moi, Cuba était réservée à Michel. Si quelqu'un devait accompagner mon père lors de ses visites à Cuba, c'était toujours Michel. Ce n'est donc seulement qu'après le décès de Michel et de mon père que j'ai eu la chance de faire la connaissance de Fidel et de son pays.

Fidel n'a rien d'un politicien. Il est plutôt de la race des aventuriers, voire même des grands chercheurs scientifiques. Fidel ne fait pas de politique. Il fait la révolution.

Fidel vit en effet pour apprendre et pour mettre ses connaissances au service de la révolution qui, comme sa quête du savoir, ne s'achèvera jamais. La révolution, pour Fidel, est une oeuvre de la raison qui ne pourra que mener l'humanité vers une justice toujours plus grande, un ordre social toujours plus parfait.

Fidel est aussi l'homme le plus curieux qu'il m'ait été donné de rencontrer. Il veut tout savoir. Plus encore, il sait ce qu'il ne sait pas, et donc, quand il rencontre quelqu'un, il cherche immédiatement à identifier ce qu'il pourrait apprendre de cette personne. Il maîtrise l'interrogatoire socratique. C'est un expert sur la génétique, sur les automobiles, sur les marchés boursiers. C'est un expert sur tout.

Cet immense intellect, combiné à son physique d'Hercule et à son courage sans égal, font de Fidel le géant qu'il est. Il frise le surhomme.

Mon père nous avait raconté, qu'une fois, il avait voulu faire de la plongée à Cuba et que Fidel l'avait amené au site le plus magique de l'île. Fidel lui avait fournit l'équipement et la bouteille, mais lui n'en faisait pas par contre. Mon père est donc descendu tout seul. Rendu à soixante pieds de profondeur, c'est alors qu'il a réalisé que Fidel était à côté de lui. Il s'y était rendu sans bouteille et, couteau à la main, il arrachait des oursins du fond de la mer en souriant. Une fois à la surface, Fidel et mon père ont dégusté les oursins crus avec un peu de jus de lime.



Un anachronisme



Dimanche, l'ami Fidel a eu 80 ans. Et voilà qu'il y a deux semaines, pour la première fois depuis la révolution de 1959, Castro a délaissé les rênes du pouvoir en les cédant temporairement à son frère Raùl. Dans tous les journaux du monde, on a dit alors d'un ton solennel que même les géants sont mortels et qu'aucune révolution n'est éternelle. On prépare déjà l'espace que devra faire l'Histoire à cet anachronisme qu'est devenu Fidel: le visionnaire d'antan dans un monde depuis longtemps devenu monde de gestionnaires, ce monument du vingtième siècle encore debout au vingt-et-unième.

On spécule aussi sur l'avenir de Cuba sans Castro. Il est toutefois curieux de remarquer que, pendant que le monde entier s'énerve, les Cubains, eux, font mine de rien. Les plus rusés de mes amis cubains disent même que ce petit recul du pouvoir qu'effectue Castro n'est qu'une stratégie du Jefe, un petit test, et qu'il sera bientôt de retour. Ils affirment que, d'une part, Castro permet ainsi aux Cubains, et surtout à la machine d'État cubaine, de s'habituer aux directives de son frère et successeur désigné, Raùl. D'autre part, Castro peut ainsi observer comment le monde, et surtout les États-Unis, réagiront à son ultime départ.

Les Cubains demeurent très fiers de Castro, même ceux qui ne partagent pas sa vision. Ils savent qu'ils ont le plus vaillant et le plus brillant des chefs. S'ils respectent son machismo intellectuel, la présence de Castro leur est tout de même lourde à porter. Il leur arrive parfois de s'en plaindre, comme des adolescents qui se plaignent d'un père trop contrôlant et trop exigeant. Le Jefe voit tout et sait tout, disent-ils. Certains jeunes Cubains m'ont souvent demandé si je pouvais m'imaginer ce que c'était de vivre dans un monde où on est toujours surveillé, critiqué, jugé. Tu ne peux jamais apprendre par toi-même. Le Jefe sait toujours mieux que toi ce qui est bon pour toi. Ça en devient suffocant à la longue, disent-ils.

J'ai un jour fait la connaissance d'un jeune Cubain dans la petite ville de Remédios, où il y travaillait comme rouleur de cigares. J'ai appris que nous partagions le même auteur favori, Fiodor Dostoïevski. Quand je lui ai témoigné mon émerveillement pour son appréciation de la littérature russe, il me répondit: « Oui, Fidel m'a appris à lire et à penser, mais regarde ce qu'il me fait faire avec mon éducation: rouler des cigares! »



Lettré mais très pauvre



Cuba sous Castro est un pays lettré et en santé mais très pauvre. Les historiens noteront par contre que jamais, dans l'ère moderne, une superpuissance a-t-elle été plus malicieuse et vilaine envers un petit pays que ne l'ont été les États-Unis envers Cuba. Dès le début, les États-Unis n'ont fourni aucun autre choix à Castro que de se soumettre et leur céder son autorité ou de leur tenir tête. Castro leur a tenu tête et a ainsi dû entraîner tout le peuple cubain dans cette dialectique infertile. Les Cubains en souffrent, s'en plaignent, mais ne blâment généralement pas Castro. En outre, les États-Unis ne manquent jamais l'occasion de faire savoir au peuple cubain toute la hargne qu'ils éprouvent envers ce petit pays voisin qui ose leur tenir tête.

À l'exception du vieux Mandela, déjà depuis longtemps à la retraite, Fidel Castro est le dernier patriarche mondial. La raison, la révolution et la vertu deviennent pour nous des concepts de plus en plus abstraits. Nous ne verrons peut-être plus de patriarches.

Nous devons donc penser à la disparition du dernier patriarche sous un angle psychanalytique. La mort du père ne marque jamais notre libération de celui-ci, au contraire. La mort d'un père si immense et impressionnant que Castro l'immortalise plutôt dans l'esprit de ses enfants. Il est vrai que les Cubains abandonneront sans doute assez rapidement l'orthodoxie communiste de la révolution. Dès la levée de l'embargo américain, ce qui ne saura tarder dès après la disparition de Castro, ils se verront tentés par le capital et les valeurs américaines qui inonderont alors le pays, ouvrant des possibilités d'épanouissement et de déchéance jusqu'alors inaccessibles.

Il n'y a pas de doute que Cuba sans Castro ne pourra demeurer inchangée. Mais tous les Cubains continueront à subir l'influence de Castro. Qu'ils le veuillent ou non, ils continueront à se faire interpeller par sa voix, par ses questions et par l'inlassable projection de sa raison qui exigera d'eux, qu'ils l'écoutent ou non, de défendre l'intégrité cubaine et de chercher en tout temps l'excellence et la justice.

Pour une génération à venir, les Cubains seront hantés par l'image d'une société qui n'a jamais existée et qui n'existera jamais, mais dont leur chef, le plus brillant et obsédé de tous, n'a jamais arrêté de croire qu'elle pouvait et devait exister. À quelque part, ils se sentiront toujours choyés, qu'eux, les Cubains, ont eu Fidel.


[www.cyberpresse.ca]
M
15 août 2006 23:54
Une correspondante de ,, New York Times", suite a sa visite recente a Cuba
prevoit, que contre des premices precoces apres la deleguation du pouvoir par
Fidel Castro aux mains de son frere cade- Raul, le regime communiste peut
perseverer encore longtemps a ce pays.

L'auteur souligne que se sont le calme et la normalite qui regnent a Cuba au
lieu du chaos et de l'hysterie qui auraient ete plutot attendus ". Certains
esperaient un renversement, en revanche tout semble attester le systeme present"

- lit-on dans un article de Ginger Thompson.

Si Castro meurt, la stabilite du pays pourra etre encombrer plus visiblement.
Pour l'instant, il parait neanmoins, que Castro est susceptible de faire du tort
a des experts et prouver son influence sur le gouvernement et la societe,
independamment du fait de sa survie ou du manque de cela "- ecrit la
correspondante du journal.

Elle prete aussi attention aux signaux de La Havane ou on dit que Castro peut ne
plus revenir au poste en raison de sa maladie, mais selon des experts, le
transfert des pouvoirs se deroule en harmonie et sous sa houlette, puisque ses
collaborateurs le plus proches reprennent l'administration des secteurs
d'economie respectifs et des domaines de vie au pays"


[wiadomosci.wp.pl]
M
18 août 2006 16:37
Sur le socialisme du XXIe siècle
Où va Chavez ?

[risal.collectifs.net]


Il y a dix mois, à Porto Alegre, Hugo Chavez Frias invitait le mouvement altermondialiste à construire le « socialisme du XXIe siècle ». En juillet dernier, il recevait au palais présidentiel le directeur de la revue chilienne Punto Final pour lui accorder une remarquable interview qui permet de mieux comprendre ce président controversé et son évolution politique. Ainsi, Hugo Chavez a confié à son intervieweur qu’à une époque, il proposa d’organiser dans son pays « un forum » sur « la troisième voie de Tony Blair ». Il précise également sa vision du socialisme en affirmant que l’un des facteurs déterminant doit être le pouvoir populaire. « C’est un élément politique définitoire qui contraste pleinement avec l’idée de parti unique ou de centralisation de toutes les décisions dans le parti. Il faut mettre le peuple au centre de tout, le parti doit être subordonné au peuple. Et non l’inverse. » Interview.

par Manuel Cabieses Donoso
14 octobre 2005

Cet entretien avec Hugo Chavez Frías, président de la République bolivarienne du Venezuela, a été réalisé le 27 juillet dernier dans un patio de l’étage supérieur du palais [présidentiel] de Miraflores que Chavez a transformé en jardin. Parfois il joue ici avec son petit-fils.

Entre les plantes, il y a un hamac pour le repos. Dans un recoin du patio, Chavez a disposé un bureau à l’ombre d’un bohio caribéen. C’est son espace privé où il lit, écrit et reçoit des visites informelles.

Il y lit actuellement les « Mémoires d’outre-tombe » de Chateaubriand, un livre que lui a offert le vice-président José Vicente Rangel. Le président est à l’intérieur de Miraflores, mais très loin du protocole de palais. Les cris des vendeurs ambulants et le bruit des véhicules montent de la rue et troublent la quiétude de ce petit coin de campagne dans lequel Chávez veut s’isoler.

Né il y a 51 ans dans la municipalité de Sabaneta, dans l’état de Barinas, au sein d’une famille très modeste, Chavez est devenu un phénomène politique irrésistible à l’échelle latino-américaine. Dans son pays, c’est bien entendu sur ce président que l’on a écrit le plus de livres - des pour et des contre. Sans oublier que sa Constitution bolivarienne [1] a été publiée à des millions d’exemplaires.

Depuis sa victoire à l’élection présidentielle, le 6 décembre 1998, avec 56,24% des voix, il n’a cessé de remporter les confrontations électorales - dont le référendum portant sur son maintien au pouvoir le 15 août 2004 [2]. La légitimité démocratique de son mandat est le plus flagrant démenti à la campagne internationale orchestrée par les Etats-Unis contre son gouvernement. Les sondages d’opinion - réalisés par des firmes privées de l’opposition, dont certaines des Etats-Unis - le créditent de plus de 70% d’appui populaire. Ce qui lui garantit une réélection en décembre 2006.

L’opposition s’est autodétruite en tentant tout ce qui était en son pouvoir pour renverser ou assassiner Chávez, dont le coup d’Etat en avril 2002 [3], la grève patronale et le sabotage pétrolier de deux mois [4], en 2003, qui a causé à l’économie vénézuélienne des pertes estimées à 14 milliards de dollars.

Au mois de décembre de cette année, une nouvelle occasion se présente à l’opposition puisqu’il y aura des élections parlementaires - au Venezuela, cette étrange « dictature » que décrit l’opposition, il y a des élections à tout bout de champ. Cependant, il est difficile qu’une opposition décimée et manquant de principes démocratiques puisse tirer les leçons de ses propres erreurs. Le 1er août dernier se sont tenues des élections municipales et, malgré un taux d’abstention très élevé (68,4%), 80% des élus font partie de l’alliance de gouvernement. Le Mouvement cinquième République (MVR) de Chávez a obtenu à lui seul 58% des votes. Le principal parti de l’opposition, Action démocratique, social-démocrate, a obtenu quant à lui 18% des suffrages. D’autres groupes plus petits avaient appelé à ne pas voter, jouant de manière opportuniste sur le fait que les élections municipales ont historiquement toujours compté avec un taux d’abstention très élevé, ayant même atteint 76,3% au cours des 40 années durant lesquelles le pays fut gouverné par Action démocratique ou par les chrétiens-démocrates du parti COPEI.

Chávez et son gouvernement, au-delà de la révolution bolivarienne qu’ils mènent au Venezuela, sont également devenus une force de proposition en matière d’initiatives d’intégration et de fraternité en Amérique latine et dans les Caraïbes. A travers l’intégration - à la disposition de laquelle il met l’énorme potentiel énergétique du Venezuela [5] -, le gouvernement Chávez ouvre un chemin nouveau vers le socialisme. Car, après six années et demi de gouvernement dans un contexte tumultueux, face à un pouvoir impérial implacable dans ses desseins et sans scrupules dans ses méthodes, Chavez est arrivé à la conclusion que seul le socialisme - dépouillé des oripeaux bureaucratiques, des dogmatismes idéologiques et des erreurs du passé - peut apporter la justice sociale et vaincre la pauvreté.

Il a commencé par un essai de pouvoir populaire dans son propre pays, de 24 millions et demi d’habitants. Parallèlement, il offre à ses voisins l’appui de la richesse pétrolière et gazifière vénézuélienne, qui permettrait de construire de nouveaux instruments d’intégration régionale. Une intégration dans tous les domaines, allant du domaine économique jusqu’au politique. Chávez, sans aucun doute, joue gros. Mais son pari peut malgré tout réussir car il a provoqué un intérêt surprenant en Amérique latine où l’on rediscute maintenant des thèmes du socialisme à la lumière de l’échec et du discrédit du néolibéralisme.

Cette résurrection du vieux spectre qui hante les privilégiés, s’appuie sur le vaste soutien populaire qui accompagne, en l’Amérique latine, la révolution bolivarienne du Venezuela et qui provoque une forte préoccupation à Washington.

C’est ces thèmes que nous avons abordés avec le président Hugo Chavez. (...)

— Président, la première chose que je voudrais aborder et connaître, ce sont quelques-unes de vos idées sur un thème de débat que vous avez vous-même lancé, tant au Venezuela qu’en Amérique latine. Je veux parler du socialisme du XXIe siècle. Le thème intéresse beaucoup les lecteurs de Punto Final et la gauche en général dans de nombreux pays. Imaginer un nouveau socialisme représente tout un défi, non seulement intellectuel, mais aussi politique. Il me semble que votre intention est qu’un ensemble d’idées soit élaboré par de larges secteurs sociaux et politiques, plutôt que d’attendre qu’une recette d’un Karl Marx nous éclaire sur ce qu’il faut faire. Cependant, vous pourriez vous-même stimuler ce débat avec quelques idées et propositions sur ce que vous considérez que devrait être le socialisme du XXIe siècle.

— Permets-moi tout d’abord, Manuel, de féliciter Punto Final pour ses 40 années de combat au cours desquelles il a semé des idées révolutionnaires, et ouvert les « grandes allées » dont parlait notre camarade président Salvador Allende. Permets-moi également de saluer, via Punto Final, le peuple chilien et tous les peuples latino-américains.

Maintenant, abordons le thème du socialisme du XXIe siècle. D’abord, il s’agit, sur un plan personnel, d’une affaire de conscience. Pourquoi ? Parce qu’on est conduit à évoluer dans sa pensée. Dans mon cas, j’ai acquis de l’expérience et j’ai recueilli des idées qui sont le fruit de cette dialectique qui se reproduit entre la théorie, les débats, les discussions et la praxis de ce qui est train de se passer au Venezuela. Ces six dernières années, Manuel, ont été très riches, elles m’ont nourri du point de vue des idées. Elles ont alimenté notre pensée.

Comme tu le sais, je vais bientôt avoir 51 ans [6]. Je me suis lancé dans cette lutte dans les années 80. Je racontais il y a quelques temps à Beto Almeida [7] qu’à la fin des années 70, nous avions commencé à former au sein de l’armée un courant bolivarien et nationaliste qui n’envisageait même pas l’idée d’une révolution. Au milieu des années 80, j’ai proposé à mes camarades militaires d’ajouter la lettre R - pour révolution - aux initiales de notre mouvement qui s’appelait EB-200 (Ejercito Bolivariano 200, Armée bolivarienne 200) - car en 1983, c’était le bicentenaire de la naissance de Bolivar. Le mouvement est né en 1982 d’une manière symbolique. En réalité, il s’agissait d’une petite cellule clandestine. En 1987, nous avons eu un dur débat. Le mouvement avait crû, mais nous restions de petits groupes. Finalement, nous avons pris le nom de Mouvement bolivarien révolutionnaire. C’était ce que nous voulions : une révolution, une transformation politique, sociale, économique et culturelle inspirée par les idées de Bolivar. Nous avons établi alors ce que nous avons appelé « l’arbre aux trois racines », qui est notre source idéologique. Il y a la racine bolivarienne (ses idées d’égalité et de liberté, sa vision géopolitique de l’intégration de l’Amérique latine), la racine zamorienne (d’Ezequiel Zamora, le « général du peuple souverain » et de « l’unité civico-militaire » [8]) et la racine robinsonienne (de Simon Rodriguez, le maître de Bolivar dit « Robinson », le sage de l’éducation populaire, de la liberté et de l’égalité). Cet « arbre aux trois racines » a donné la substance idéologique à notre mouvement.

Révolution anti-impérialiste

— Y avait-il parmi vous des militaires ayant une formation marxiste ?

— Oui, il y en avait. Mes premiers contacts avec le monde politique, par exemple, furent établis avec un ex-guérrillero vénézuélien que je respecte beaucoup, Douglas Bravo. Je l’ai rencontré plusieurs fois, y compris avant la naissance de notre mouvement. Douglas dirigeait le mouvement Ruptura, qui avait une revue du même nom [9]. Je me suis ensuite réuni avec la Causa R des débuts [10], un mouvement fondé par Alfredo Maneiro, qui était clairement marxiste. Cependant, c’était à l’époque où l’Union soviétique commençait à s’effondrer. Nous avons vu comment les idéaux socialistes disparaissaient, y compris dans les cercles et les publications issus du marxisme et certains même de la lutte armée.

Il y eut ensuite au Venezuela la rébellion militaire du 4 février 1992 [11]. Mais ce mouvement bolivarien n’avait pas une perspective socialiste. Si tu consultes mes déclarations de l’époque, lorsque l’on nous demandait si nous étions de gauche ou de droite, nous répondions : « Non, cette division n’existe pas ». C’était une position neutre, déconnectée de la réalité, mais très influencée par toute cette phraséologie sur la « fin de l’Histoire », la chute de l’URSS, etc.

Vient ensuite la phase actuelle : nous arrivons au gouvernement en 1999.et prennent forme les fondements de la révolution bolivarienne, qui fait un bond -comme tu dois t’en souvenir - après le coup d’Etat d’avril 2002. C’est à ce moment-là que cette révolution a été déclarée anti-impérialiste. Nous ne l’avions jamais assumée comme cela auparavant. Ce fut notre réponse au coup d’Etat et notre peuple l’a assumée avec beaucoup d’énergie.

— Ce fut une réaction à l’intervention impérialiste [12] au cours de ce coup d’Etat ?

— Exactement. Ce fut une réponse à ce que nous étions en train de vivre.

— Peut-être, Manuel, au cours des premières années de notre gouvernement - et je dois avouer que je l’ai aussi pensé, bien que pendant peu de temps - il y avait l’illusion que nous pouvions nous entendre « à la fois avec Dieu et à la fois avec le Diable ». Certaines personnes qui travaillaient avec moi, et qui jusqu’à un certain point m’entouraient dans ce palais - tu sais que des cercles d’influence se créent autour du pouvoir et de ceux qui le personnifient en partie ce pouvoir -, ont tenu un discours selon lequel « il ne faut pas chercher de conflit, il faut chercher du consensus ». Je me suis laissé entraîner par ce discours dans les premières années. C’était au temps où je me réunissais avec Clinton et avec des grands patrons étasuniens. Je suis allé au Fonds monétaire international, je suis allé à la Bourse de New-York et j’ai fait sonner le fameux petit gong... Mais, Manuel, j’ai découvert, parce que je suis de la montagne, et que le montagnard développe un instinct particulier, que j’étais « cerné ». Un matin, je suis allé à la centrale téléphonique du palais et j’y ai découvert que les gars avaient des instructions pour ne pas me transmettre certains appels. Par exemple, les appels de Fidel Castro étaient notés dans un livre mais on ne me les transmettait pas. Parce que dans le groupe qui m’entourait existait alors la thèse selon laquelle des contacts avec Fidel Castro n’étaient ni positifs, ni nécessaires.

Il n’y a pas de « troisième voie »

— Et ces gens-là avaient autorité pour donner ce genre d’instructions à la centrale téléphonique ?

— Bien entendu. Rappelles-toi par exemple que j’avais alors Luis Miquilena [13] comme ministre de l’Intérieur. Il fut l’un de ceux qui formèrent autour de moi un cercle de fer... Et je n’avais comme ministre au secrétariat du gouvernement rien de moins qu’Alfredo Peña [14]. Et Cisneros [15] venait ici pour déjeuner avec Peña. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que l’on m’avait encerclé. J’étais alors un novice, mais peu à peu j’ai gagné en maturité. Un général ami, le général Pérez Arcay, m’a dit un jour : « Hugo, tu dois devenir un vieux sage. Même si tu n’as que 40 ans, tu dois être un vieux renard, tu dois apprendre vite, tu ne peux pas attendre d’être vieux avant de mûrir ». Il m’a aidé à ouvrir les yeux.

Manuel, excuse-moi d’avoir tendance à faire des réponses longues, mais je n’avais encore jamais analysé cette question de l’idéologie comme aujourd’hui, en repartant d’aussi loin.

Et donc, qu’est-ce que tout cela a donné ? Coup d’Etat de 2002, grève patronale, sabotage pétrolier, contre-coup d’Etat, discussions et lectures. Je suis arrivé à la conclusion - et j’en assume la responsabilité parce que je n’en avais discuté avec personne avant de le rendre public au Forum social mondial de Porto Alegre [16] - que le seul chemin permettant de vaincre la pauvreté est le socialisme.

A une époque, j’ai bien pensé à la « troisième voie ». J’avais pas mal de problèmes pour interpréter le monde. J’étais confus, je faisais de mauvaises lectures, j’avais des conseillers qui ajoutaient encore à ma confusion. J’ai même été jusqu’à proposer qu’un forum se tienne au Venezuela sur la troisième voie de Tony Blair. J’ai beaucoup parlé et écrit sur le « capitalisme humain ». Aujourd’hui, je suis convaincu qu’une telle chose est impossible.

Tout cela a été le produit de six années de dur apprentissage et j’ai appris beaucoup de bon nombre de gens. Je suis convaincu aujourd’hui que le socialisme est le chemin et c’est ce que j’ai dit à Porto Alegre puis ici, devant l’Assemblée nationale. J’ai invité le pays à en débattre. Je crois que cela doit être un socialisme nouveau, avec des questionnements nouveaux, le tout dans le contexte d’une nouvelle ère qui commence à peine. C’est pour cela que j’ai me suis permis de l’appeler « socialisme du XXIe siècle » en tant que projet.

Je crois que c’est un défi. Mais j’apprécie énormément de voir comment cet appel n’a pas été semé sur un sol aride. Au contraire, des livres ont même déjà été publiés sur la question. Au Venezuela, il y a un débat, qui s’étend de plus en plus. Le général Alberto Müller Rojas [17] a proposé le 5 juillet dernier, Jour de la patrie, à l’Assemblée nationale que nous élaborions le « Manifeste socialiste du XXIe siècle ». Pour l’heure, nous sommes en train de faire un appel pour débattre autour des nouvelles idées et des vieilles expériences afin de définir les contours de ce socialisme nouveau.

Je veux par exemple apporter quelques idées. L’une d’entre elles est d’affirmer que le premier socialiste de notre ère fut le Christ. Je suis chrétien et je pense que le socialisme doit se nourrir des courants les plus authentiques du christianisme. Il ne s’agit pas de chercher un quelconque illuminé pour qu’il nous serve de modèle que nous allons tous copier. Ce serait absurde. Nous allons faire le socialisme à partir de nos propres racines, à partir de nos indigènes, à partir des communes au Paraguay et au Brésil, à partir du socialisme utopique représenté par Simon Rodriguez, à partir des idées de Bolivar sur la liberté et l’égalité, à partir des idées d’Artigas, le grand Uruguayen selon lesquelles il faut inverser l’ordre de la justice en éliminant les privilèges. Je crois que nous avons déjà commencé cette tâche.

C’est le moment pour avancer

— Ne pensez-vous pas, président, que la déclaration de vos intentions socialistes est un peu prématurée dans la situation actuelle au Venezuela et en Amérique latine en général ? N’est-ce pas un pari politique très risqué ?

— C’est possible, je ne me considère nullement comme détenteur de la vérité. Mais mon instinct politique me dit que c’est le moment de formuler ce genre de questionnement. Certains bons amis et camarades m’ont dit que cela n’était pas opportun du point de vue électoral, et qu’il aurait mieux valu attendre les élections de 2006 et, après les avoir remportées, faire cette déclaration. Mais je ne vois pas les choses de cette manière. Les moments politiques ne correspondent pas nécessairement aux moments électoraux. D’ici à un an, c’est comme d’ici à un siècle. Le temps est relatif, comme l’a démontré Einstein. Je crois que le moment est venu. Quand tu vois reverdir les champs, c’est le moment de mettre de l’engrais, pour que les semences puissent pousser. Lorsque l’on voit ce qui se passe en Amérique latine, surtout en Amérique du Sud, le grand débat qui existe au Brésil, en Uruguay et les gouvernements qui impulsent des choses nouvelles, lorsque l’on voit ce qui se passe en Equateur, en Bolivie, et au Venezuela aussi bien entendu, en Amérique centrale, dans les Caraïbes... Mais l’épicentre est en Amérique du Sud. A toute cette effervescence populaire et démocratique, il faut donner une substance idéologique. Et quelle est-elle ? Je réponds, à partir de ma conscience politique, que c’est la voie socialiste. Au Venezuela, j’ai présenté les choses de la manière suivante : nous vivons une transition et, comme le disait Gramsci, que meurt ce qui doit mourir et que naisse ce qui doit naître. Une transition que j’ose appeler « démocratie révolutionnaire », un terme qui n’est pas non plus de moi mais du poète cubain Roberto Fernández Retamar. Il a parlé de cela dans un entretien en 1992 que j’ai lu - alors que j’étais emprisonné - dans un livre, « Amérique latine, marque déposée », du chilien Sergio Marras. Fernández Retamar parle du bolivarianisme et de la démocratie révolutionnaire. J’ai repris ce terme afin de caractériser le type de démocratie qui va de l’avant comme un corps de cavaliers, qui ouvre des portes et s’imprègne de peuple. C’est une phase de transition vers le socialisme. Cette direction est beaucoup plus claire au Venezuela.

Si, il y a quatre ans, tu m’avais demandé : « Chavez, où allons-nous ? » Ma réponse n’aurait sans doute pas été aussi précise, et même celle que je te donne aujourd’hui manque encore beaucoup de précision. Je t’aurais répondu, comme je l’ai dit tant de fois : « Voici la Constitution bolivarienne, c’est ça le projet ». Aujourd’hui, je crois que nous faisons cap vers le socialisme. Il faut orienter la démocratie révolutionnaire vers le socialisme.

Cela a généré ici une dynamique par en bas, très intéressante. PDVSA (Petróleos de Venezuela S.A., la société pétrolière publique), par exemple, est en train de discuter cette question à l’intérieur de l’entreprise avec ce leader extraordinaire qu’est le ministre de l’Energie et du Pétrole, Rafael Ramirez, qui a été formé dans le mouvement Ruptura dont je t’ai parlé. Les fonctionnaires de mon gouvernement qui ont une formation marxiste n’osaient pas parler de socialisme. Je leur ai donné le feu vert. Aujourd’hui, même à l’Assemblée nationale, on parle de socialisme. C’est comme une libération, on reparle d’un thème tabou. Le chantage médiatique était très lourd : si tu te déclarais socialiste, on te traitait de « dépassé », de « troglodyte », de « dinosaure ». Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, le socialisme est dans la rue et même quelques patrons déclarent que cela ne leur fait pas peur. C’est magnifique ! Il faudra écouter leurs raisons, les respecter, les mettre en débat. Les militaires parlent de révolution et de socialisme, ils débattent de ces thèmes. Je crois que c’est très positif. Et j’assume la responsabilité qui me revient dans ce processus. Nous devons étudier et débattre beaucoup. Nous espérons pouvoir bientôt organiser un événement international sur le socialisme et connaître ainsi les différentes opinions et expériences.

Le vieux et le nouveau socialisme

— Président, il y a plusieurs choses dans le vieux socialisme qui ont échoué. Par exemple, la conception du parti, l’absence de participation réelle du peuple dans les décisions, l’absence de pluralisme, l’étatisme absolu de l’économie, le point noir des droits humains, des libertés publiques et de la liberté d’expression, etc. Qu’est-ce qui va différencier le socialisme du XXIe siècle de ce socialisme qui a échoué ?

— Tu as raison, quelqu’un a dit qu’en réalité il n’y a jamais eu de socialisme... Une blague circulait à une époque sur Brejnev ou un autre leader soviétique qui confiait à un ami : « Espérons que le socialisme n’arrive jamais ici »...

Parmi les éléments qui pourraient définir le socialisme du XXIe siècle, je dirais que la première caractéristique est l’élément moral. Il faut commencer par cela, par la conscience, par l’éthique. Le Che a beaucoup écrit sur la morale socialiste. Quelle que soit la vision du monde que l’on a, il faut nous réapproprier le sens éthique de la vie. Ce que je dis là tient sans doute beaucoup du christianisme : « Aimez-vous les uns les autres » ou « Aimez votre prochain comme vous même ». En réalité, il s’agit de ceci : de la solidarité avec le frère. Il s’agit de la lutte contre les démons que le capitalisme a semés : l’individualisme, l’égoïsme, la haine, les privilèges. Je crois que c’est par cela qu’il faut commencer. C’est un travail de tous les jours, une tâche culturelle et éducative de longue haleine. Au Venezuela, nous avons commencé à débattre de cet aspect et c’est très positif. C’est une arme dans la lutte contre la corruption, un mal propre au capitalisme. Des entreprises et des patrons corrupteurs, des affaires louches, des fonctionnaires corrompus, uniquement mus par l’ambition. Même si la corruption a aussi existé dans le socialisme, ce phénomène a une racine capitaliste, c’est l’ambition de la richesse. Le socialisme doit défendre l’éthique, la générosité. Bolivar fut un exemple : il a tout abandonné pour être utile à son pays. Il faut aussi rappeler le Christ et ce qu’il a dit à l’homme riche qui voulait aller au ciel : vends tout ce que tu possède et partage-le entre les pauvres. L’homme s’est mis à pleurer parce qu’il n’était pas capable de faire cela. Le Christ a alors lancé cette phrase célèbre : « Il est plus facile pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille que pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux ».

Par rapport à la ligne politique, l’un des facteurs déterminant du socialisme du XXIe siècle doit être la démocratie participative et « protagonique ». Le pouvoir populaire. C’est un élément politique définitoire qui contraste pleinement avec l’idée de parti unique ou de centralisation de toutes les décisions dans le parti. Il faut mettre le peuple au centre de tout, le parti doit être subordonné au peuple. Et non l’inverse.

Pluralisme politique

— Un système politique pluraliste qui permet la participation de différents secteurs ? Un pouvoir populaire réel ?

— Oui, certainement. Une démocratie participative et ouverte. Dans le domaine social, le socialisme doit conjuguer la liberté avec l’égalité. Une société sans exclus, d’égaux, sans privilèges, sans cette abyssale différence entre l’extrême richesse et l’extrême pauvreté. Dans le domaine économique : un changement du système de fonctionnement métabolique du Capital. Ceci est une question complexe à aborder. Nous avons commencé ici des expériences telles que le coopérativisme et l’ « associativisme », la propriété collective, la banque populaire et des noyaux de développement endogène, etc. Il s’agit d’abandonner la logique perverse de fonctionnement du capitalisme. Beaucoup d’expériences telles que l’autogestion ou la cogestion, la propriété coopérative et collective sont valables. Nous sommes en train de mettre en route des tentatives d’entreprises de production sociales et des unités de production communautaires. C’est encore tout nouveau, mais cela nous aidera à définir un modèle théorique. Il s’agit également de quelque chose de particulier : ce n’est pas un groupe d’intellectuels qui écrit un livre de deux mille pages. La théorie et la pratique doivent marcher ensemble.

Vision de l’Amérique latine

— Comment analysez-vous la situation actuelle en Amérique latine ? Pensez-vous que l’Empire tentera de provoquer des conflits afin de déstabiliser des gouvernements rebelles tel que le vôtre ?

— Nous sommes préparés pour faire face à la réaction internationale que nous pressentons. Pas seulement dans le cas du Venezuela, mais aussi du Brésil. Dans le cas de ce pays et des scandales de corruption qui ont éclaté, et ceci dit sans aucune concession envers la corruption, j’ai bien peur que cela n’ait qu’un seul objectif : affaiblir le gouvernement de Lula, le faire chanter. J’ai confiance que Lula, un leader extraordinaire, va se sortir de cette situation difficile [18]. Il est possible que le Brésil rejoigne de manière déterminante le nouveau chemin dont ont besoin les peuples d’Amérique latine aujourd’hui. En Argentine, nous voyons aussi un processus complexe, des attaques permanentes de l’oligarchie contre le gouvernement, des attaques internationales, etc. Pensons aussi à ce qui se passe en Bolivie, en Equateur, en Uruguay. Dans ce survol de la situation latino-américaine, qui ne prétend nullement être une analyse, je dirais que nous avons des raisons pour être optimistes. Ce qui se passe au Mexique et les perspectives d’un gouvernement différent [19] renforce cette vision. Ceux qui, comme moi, sont à la tête de certains processus en Amérique latine, que ce soit à partir du gouvernement ou de mouvements politiques et sociaux, doivent élaborer une feuille de route non seulement stratégique mais aussi tactique et de travail. C’est là qu’il y a un vide et je crois qu’il est nécessaire qu’avec des penseurs et des leaders de différents pays, nous constituions une équipe capable de faire des propositions qui influent sur cette réalité. Comment continuer à impulser Telesur [20], par exemple. Petrosur [21], Petroamérica, la Banque du Sud, l’Université du Sud, autant de projets d’intégration qui ne peuvent pas rester seulement au niveau des gouvernements. Si nous ne leur donnons pas un contenu de participation populaire, ce seront, comme disait Bolivar, des « républiques aériennes », « des châteaux dans les airs ».

— Vous avez, Président, une vision optimiste sur l’avenir de l’Amérique latine.

— Oui, c’est optimiste et je vais te dire pourquoi. On a des âges différents, mais enfin tu es plus âgé que moi ...

— Oui, mais je n’ai jamais gouverné...

— Moi j’ai eu cette opportunité depuis six ans et demi. Et je peux faire des comparaisons. Bon nombre de choses se sont passées, et pas seulement en Amérique latine. Si tu vas en Inde, tu vois que des choses ont changé par rapport à il y a 5 ans. Si tu vas en Europe, il y a des choses nouvelles qui se passent. Ce sont des signes qui indiquent des temps nouveaux. Il ne peut s’agir de hasard lorsque de tels signaux s’allument en Europe, en Asie, en Amérique latine. En Afrique aussi. J’ai lu un article qui révèle l’inquiétude de l’Empire étasunien : un plan d’appui militaire à des pays africains. Regarde ce qui se passe en Irak... Ce sont des signes encourageants même si j’accepte tes réserves. Car les batailles à venir seront très dures. Mais s’il y eut jamais de moment favorable pour avancer et obtenir des victoires importantes sur le cap historique que nous nous sommes fixé, s’il est un moment où il faut saisir l’opportunité pour avancer, c’est bien ici et maintenant. Votre revue Punto Final qui a passé 40 ans dans cette bataille, aura encore 40 autres années pour lutter et publier un jour, qui sait, un article sur ce que nous sommes en train de pressentir et de rêver ici.

Notes:

[1] Cette constitution a été adoptée par référendum populaire le 15 décembre 1999 (ndlr).

[2] Consultez le dossier « Référendum au Venezuela » sur RISAL (ndlr).

[3] Consultez le dossier « Coup d’Etat au Venezuela » sur RISAL (ndlr).

[4] Consultez le dossier « Lock out et sabotage pétrolier » sur RISAL (ndlr).

[5] Consultez le dossier « Le pétrole au cœur de la politique de Chavez » sur RISAL (ndlr).

[6] Chavez fêtait son 51e anniversaire le lendemain de cet entretien (ndlr).

[7] Beto Almeida fait partie du syndicat des journalistes brésilien, et responsable du bureau brésilien de Telesur (ndlr).

[8] Ezequiel Zamora est une figure importante de la guerre fédérale qui opposa les conservateurs aux libéraux et fédéralistes, entre 1853 et 1869 (ndlr).

[9] Douglas Bravo, issu du Parti communiste vénézuélien, fut commandant de la guérilla des Forces armées de libération nationale - FALN - dans les années 60

[10] Parti de gauche qui fait partie actuellement de l’opposition au gouvernement Chavez (ndlr).

[11] Tentative de putsch militaire contre le gouvernement de Carlos Andres Perez dont Chavez assumera la responsabilité (ndlr).

[12] Lire à ce propos Eva Golinger Moncada, Du financement de l’opposition vénézuélienne par les Etats-Unis, RISAL, 17 février 2004 ; Jonah Gindin, La nature de l’intervention de la CIA au Venezuela, RISAL, 25 mars 2005 ; Vladimir Caller, Venezuela : le sergent Rodriguez et le président Aznar, RISAL, avril 2002 (ndlr).

[13] Après une longue trajectoire dans la gauche vénézuélienne, Luis Miquilena, ancien partisan influent de Chávez et principal architecte de sa première campagne électorale, a rejoint les rangs de l’opposition (ndlr).

[14] D’origine communiste, Alfredo Peña a été élu sur une liste de la majorité gouvernementale à la mairie de Caracas (Alcadia Mayor). Il a retourné sa veste et est devenu un opposant implacable au président Chavez. Il a perdu son mandat de maire lors des élections d’octobre de l’année dernière (ndlr).

[15] Gustavo Cisneros est certainement un des hommes les plus riches et les plus influents du Venezuela et d’Amérique latine. Grand magnat de la presse, il est un opposant déclaré au président Chavez (ndlr).

[16] Ces déclarations sur le socialisme du XXIe siècle furent faites par Hugo Chávez lors de son discours dans le gymnase du Gigantinho, dans le cadre du Forum social mondial à Porto Alegre, le 30 janvier 2005. A ce propos, lire Aram Aharonian, Isabelle Dos Reis, Luis Javier, Hugo Chávez, star du Forum social mondial, RISAL, 31 janvier 2005 (ndlr).

[17] Général de l’armée vénézuélienne à la retraite, ex-gouverneur et et ex-ambassadeur, expert en stratégie (ndlr).

[18] Consultez le dossier sur le Brésil « Corruption et crise politique » sur RISAL (ndlr).

[19] Le président vénézuélien fait référence à Manuel Lopez Obrador, leader du Parti de la révolution démocratique (PRD), de centre gauche, principal favori des prochaines élections présidentielles au Mexique en 2007 (ndlr).

[20] Consultez le dossier « Telesur, un "Al Jazeera" latino-américain » sur RISAL (ndlr).

[21] Le projet de création de la plus grande industrie pétrolière du continent, Petrosur, envisage de réunir les entreprises pétrolières publiques d’Argentine, de Bolivie, du Brésil, d’Equateur et du Venezuela pour mettre à profit leur potentiel commun et créer les moyens d’éliminer le déficit énergétique des autres pays d’Amérique latine (ndlr).



Source : Revue Punto Final (www.puntofinal.cl), n°597, du 5 au 18 août 2005, Chili.

Traduction : Ataulfo Riera, pour RISAL (www.risal.collectifs.net).
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