Bonjour:l'ex-épouse de Bertrand Cantat s'est suicidée dimanche,ele était elle aussi une personne de grande valeur!
Sur Le Post, Robert Lacombe, directeur de l’Institut français de Tokyo, ayant travaillé aux côtés de Kristina Rady de 2001 à 2008, lui rend hommage.
"Les raisons profondes et intimes du passage à l’acte, aussi soudain que brutal, de cette mère de famille aimante et dévouée, je ne me les explique toujours pas, mais le poids des souffrances accumulées depuis la tragédie de Vilnius et l’impitoyable déferlante médiatique qui l’a suivie, dont elle et ses enfants furent aussi (on ne l’a pas assez dit) les victimes, ont sans doute été trop dures à supporter pour cette femme pudique, fragile et délicate, que dissimulait une force de caractère apparemment à toute épreuve. Le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre est de garder en nous la mémoire d’une personnalité d’exception, dont la gentillesse, la générosité et le désintéressement doivent nous servir de leçon à tous.
Ce sont d’épouvantables paradoxes que ce soit dans la fleur de l’âge et de la créativité que disparaisse (et dans quelles conditions !) une femme d’un tel talent, et que ce ne soit qu’à sa mort que les médias s’intéressent à son apport au monde de la culture.
La gloire, devenue hélas malsaine, de son mari a en effet éclipsé les dons protéiformes de cette femme à la fois conseillère artistique, traductrice et artiste, au charme si singulier et à l’intelligence étincelante.
Elle a été l’une des actrices majeures de la grande movida post-socialiste des années 1990 en Hongrie, d’abord comme journaliste, puis en participant à la création du Tilos Az Á, sorte de CBGB à la hongroise.
Après un passage par l’Institut français de Budapest, qu’elle illumina de sa modernité et de son anticonformisme, elle s’établit en France en 1993 et devint directrice artistique de l’Institut Hongrois de Paris, qu’elle dépoussiéra et qu’elle ouvrit à la création contemporaine, tant il est vrai que son tempérament fût tout sauf celui d’une apparatchik de la culture.
Je l’ai connue un peu avant "Magyart", saison culturelle hongroise en France où elle travailla, pour le compte de l’AFAA (aujourd’hui CulturesFrance).
A la suite de cet extraordinaire succès, elle fut successivement chargée des musiques actuelles pour les Saisons tchèque et polonaise, et conseillère artistique de nombreuses structures et festivals internationaux : les Vieilles Charrues, Jazz à Amiens et, bien sûr, Sziget, le grand festival hongrois. Les artistes lui doivent beaucoup, à elle qui se fichait des frontières artificielles entre les arts populaires et les Beaux-Arts, et qui était capable de faire dialoguer toutes les disciplines entre elles, dans un métissage qu’elle revendiquait comme sa marque de fabrique.
Mais son talent ne fut pas simplement celui d’une directrice artistique hors-pair : elle avait profondément une âme d’artiste, et ses collaborations, aussi discrètes que pertinentes comprennent les plus grands noms de la scène française et internationale. La traduction, la publication et la mise en scène d’un magnifique spectacle, "A cœur pur", inspiré par le fulgurant poète hongrois Attila József, suicidé à 33 ans, avec Denis Lavant à la voix et Serge Teyssot-Gay à la guitare aura été l'un de ses plus grands accompliseements.
De nombreuses créations radiophoniques pour France Culture ont également émaillé son parcours, de portraits sonores de villes aux mises en ondes de plusieurs pièces radiophoniques. Dernièrement, elle collabora avec Wajdi Mouawad, artiste associé au Festival d’Avignon, pour sa dernière création, "Ciels".
Enfin, cette perfectionniste, travailleuse nocturne et acharnée, maniait aussi bien la langue de Molière que celle de Petöfi : la traduction en hongrois de "Persepolis", de Marjane Satrapi, et celle en français de "Liliom", de Ferenc Molnár, dans une approche totalement modernisée et complètement détonante, comptent parmi ses œuvres les plus marquantes."
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