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2009-2020 : Aminatou Haidar tente à nouveau de faire dérailler l’Etat marocain

En ouvrant une enquête judiciaire contre l'association de Aminatou Haidar, le Maroc a probablement offert une caisse de résonnance aux relais du Polisario au Sahara. Une situation qui rappelle 2009, avec l'expulsion de la militante pro-Polisario et l’arrestation du «groupe d’Ali Salem Tamek» pour intelligence avec un Etat ennemi.

 

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Aminatou Haidar / DR
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L’enquête judiciaire visant l’association d’Aminatou Haidar est le dernier acte de la confrontation, ouverte depuis des années, entre la militante sahraouie et les autorités marocaines. Toute proportion gardée, cette décision rappelle l’épisode du «déni de la nationalité marocaine» en novembre 2009, ayant opposé les deux parties et qui s’est conclu par une «victoire» aux points de Mme Haidar.

Le 13 novembre 2009 à l’aéroport de Laayoune, celle qui clamait son séparatisme ouvertement devant les services de la police aux frontières, avait refusé d’inscrire sur la fiche d’entrée la nationalité de son passeport : Marocaine. Aussitôt, son passeport lui a été retiré et dans la foulée ordre a été donné pour son renvoi vers les Iles Canaries à bord du même avion l'ayant ramenée à Laayoune.

Arrivée à l’aéroport de Lanzarote, l'incident va se transformer en affaire internationale. La militante sahraouie démarre immédiatement «une grève de la faim», largement suivie par les médias internationaux. La crise durera 4 semaines avec une solidarité de politiques espagnols et européens affichée en faveur de Aminatou Haidar.

2009-2020 : Mêmes provocations

Suite à une médiation de ses partenaires, que sont notamment la France et les Etats-Unis, le royaume a fini par réviser sa position et autoriser le retour d’Aminatou Haidar sur le territoire marocain. Le dénouement de la crise a été en effet préparé le 15 décembre à l’occasion de la visite à Paris du ministre des Affaires étrangères de l'époque, Taïeb Fassi Fihri, marquée par ses entretiens avec le président Nicolas Sarkozy.

Le 17 décembre 2009, Aminatou atterrissait à l’aéroport de Laayoune à bord d’un avion médicalisé mis à sa disposition par l’Espagne. Un retour «victorieux» avec ses fidèles qui lui ont réservé un accueil triomphal. En revanche, Chakib Benmoussa, alors ministre de l’Intérieur, avait payé le prix fort de l’affaire de l’expulsion de Mme Haidar. Le 21 janvier 2010, le ministre technocrate est démis de ses fonctions a l'occasion d'un léger remaniement ministériel.

Dans l’histoire des confrontations des autorités marocaines avec les relais du Polisario au Sahara, cet épisode de raidissement n'est pas le seul. Un mois avant l’éclatement de l’affaire Aminatou Haidar qui deviendra pour elle sont principal «fait d'armes», la justice avait procédé en octobre 2009 à la détention de sept personnes ayant pris part à un congrès du Polisario. Le groupe, qui comptait en son sein Ali Salem Tamek et Mme Jamaia El Ghalia, a été accusé «d’intelligence avec un Etat ennemi».

Là aussi, la pression internationale a eu raison de la détermination de la justice marocaine. Les personnes inculpées ont progressivement bénéficié de la liberté provisoire : Tamek a quitté la prison de Salé en avril 2011. Depuis, leur procès a été reléguée aux oubliettes.

L'ouverture d'une enquête judiciaire contre la nouvelle association de Aminatou Haidar risque de remettre au premier plan la militante séparatiste. La dissolution de son association CODESA, sur fond de division avec son ancien allié Ali Salem Tamek, a laissé place à une nouvelle qui ne cache plus sa motivation séparatiste : «L'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine». Une provocation qui vise, comme en 2009, à pousser les autorités marocaines dans ses retranchements à l'heure ou le dossier du Sahara est aux mains du Conseil de sécurité de l'ONU.