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ALE avec la Turquie : Le PJD conteste les chiffres du ministre Elalamy

Le PJD a fini par se départir de sa réserve pour prendre ouvertement la défense de l’accord de libre-échange avec le «grand frère» turc en ouvrant un front contre les déclarations du ministre Moulay Hafid Elalamy.

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Le ministre Moulay Hafid Elalamy. / DR
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Après la passe d’armes à la Chambre des représentants entre les députés du PJD et leurs «alliés» du RNI sur l’accord de libre-échange (ALE) avec la Turquie, les islamistes reviennent à la charge avec deux interventions diffusées sur le média officiel du parti. Il y a d’abord eu un éditorial et des précisions apportées sur le même sujet par le président du groupe des députés, Mustapha Ibrahimi.

Dans le premier, son auteur a condamné «la diabolisation d’une partie politique» et «la surenchère» ayant marqué le débat survenu lundi 10 février à la Chambre basse. Et d’affirmer que le Maroc est déficitaire dans tous les ALE qu’il a conclus. Devant les députés, le ministre Moulay Hafid Elalamy a quant à lui indiqué, lundi, en s’appuyant sur une étude réalisée par son département, que le royaume est dans l’ensemble gagnant dans les ALE avec l’Union européenne et les Etats-Unis, mais perdant avec la Turquie. Une position qu’il a par la suite réitérée dans des déclarations à la presse.

Mustapha Ibrahimi défend le groupe BIM

Parallèlement à cet éditorial, le président du groupe des députés du PJD est descendu dans l’arène pour démentir toute proximité entre sa formation et le parti de l’AKP du président Recep Tayyip Erdogan. «Ce qui compte pour nous, c’est l’intérêt de la nation, de l’économie nationale et des commerçants marocains», a déclaré Mustapha Ibrahimi.

Il a également justifié la défense, par son parti, de l’ALE avec la Turquie : «Quand nous constatons qu’il y a un traitement sélectif sur le dossier des accords de libre-échange, nous intervenons pour exiger un traitement équilibré avec l’ensemble des accords de libre-échange, et ce, dans l’intérêt du Maroc et des commerçants marocains», a-t-il précisé.

Néanmoins le député a vite oublié son engagement en prenant la défense de la société BIM, contestant le fait que l’ouverture d’un seul local de la chaîne turque cause la fermeture de 60 boutiques vendant des produits alimentaires. «Ce chiffre (apporté par le ministre Elalamy lundi 10 février) ne semble pas être correct. Il faut par ailleurs se demander pourquoi les magasins Carrefour et autres n’ont pas été évoqués», a-t-il déclaré. «Si l’intérêt de 1,2 million de commerçant préoccupe le ministre Elalamy, pourquoi leur couverture sanitaire n’est-elle pas entrée en vigueur», s’est-il également interrogé.  

Les deux sorties marquent une révision de l’approche des islamistes du PJD sur ce sujet. Au début de la crise, ils avaient souligné, sur un ton pédagogique, que le déficit de l’ALE avec la Turquie n’était pas aussi important par rapport à celui avec les Etats-Unis et les échanges commerciaux avec la Chine. En témoigne l’article de l’ancien ministre Mohamed Najib Bouif. Il s’avère qu’ils ont désormais franchi un nouveau cap en ouvrant un front contre le ministre Moulay Hafid Elalamy.

Reste à savoir ce que pense le chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, de cette escalade.