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Pays-Bas : Une policière d’origine marocaine sanctionnée pour avoir dénoncé la «discrimination»

La cheffe d’équipe de police Fatima Aboulouafa a été contrainte de prendre des congés la semaine dernière pour avoir dénoncé le «racisme», l’«abus de pouvoir» et les «intimidations» au sein de l'organisation de la police aux Pays-Bas. Les propos de la Néerlandaise d’origine marocaine, partagés sur les réseaux sociaux en juin, ont provoqué des «tensions» au sein des unités de police du pays.

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La cheffe de police néerlandaise d'origine marocaine, Fatima Aboulouafa. / Ph. DR
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C’est après une carrière de 23 ans que Fatima Aboulouafa a fini par dénoncer le «racisme», l’«abus de pouvoir» et les «intimidations» au sein de l’organisation policière néerlandaise. Cette cheffe d'équipe d’origine marocaine a choisi les réseaux sociaux pour attirer l'attention du public sur la «discrimination» au sein des corps de police du pays.

Tout a commencé en juin, lorsqu'elle a publié une déclaration sur son compte Instagram faisant référence à la manière dont certains agents de police sont traités dans le pays. Son post, considéré comme très «critique», n’a pas été bien accueilli par les responsables de la police de Leiden, où elle dirige une unité de 130 policiers.

Quelques mois après son post «controversé», la Néerlandaise d’origine marocaine reçoit un appel du chef de corps de la police nationale néerlandaise, l'informant que «sa présence provoquait des troubles parmi les chefs d'unité, les chefs de secteur et les chefs d'équipe», a rapporté la semaine dernière le média NL Times.

Fatima Aboulouafa, promue l'année dernière, a alors été mise en congés à cause de ses propos. De plus, la «dénonciatrice» a été informée qu'elle était «trop conflictuelle avec les autres chefs et dirigeants de police», a révélé le même journal.

«Discrimination fondée sur le sexe et la race»

Sa sanction n’est toutefois pas passée inaperçue dans le pays, où son histoire fait les gros titres depuis la semaine dernière. Invitée au talk-show néerlandais «Jinek» de fin de soirée, la Néerlando-marocaine a évoqué sa situation et celle de nombreux lanceurs d'alerte au sein de l'organisation néerlandaise de la police.

Fatima Aboulouafa a expliqué que son message Instagram était un moyen de «soutenir ses collègues qui ne se sentent pas en sécurité» dans l'exercice de leurs fonctions. Elle a souligné que ceux qui veulent dénoncer la discrimination sont souvent «réduits au silence». Attirant plus particulièrement l'attention sur sa situation, la cheffe d'équipe a révélé qu'elle était «souvent confrontée à une discrimination fondée sur le sexe et la race», faisant référence à ses origines marocaines.

Et d’ajouter qu’elle souhaitait «apporter un changement» à l'organisation policière car, pour elle, ce changement ne sera possible qu'avec «la reconnaissance de certaines choses et l'écoute des personnes».

Cependant, la réponse qu'elle cherchait était différente de celle qu'elle a reçue. La semaine dernière, Liesbeth Huyzer, de la direction du corps d'armée, a déclaré au quotidien néerlandais NRC que les propos de la cheffe de police ont engendré une «situation impraticable». Liesbeth Huyzer a souligné que le fait de mettre Fatima Aboulouafa en congés était un moyen d'essayer de «parvenir à une solution durable», sans donner plus de détails sur sa situation.