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Tunis : Une femme non-voilée membre d’Ennahda devient maire. Quid du PJD ?

Les islamistes tunisiens montrent une nouvelle fois qu’ils ont une longueur d’avance par rapport à leurs «frères» du PJD. Au grand dam des formations dites «laïques», la candidate d’Ennahda, Souad Abderrahim, une femme non-voilée, a remporté la mairie de la capitale. Difficile d’imaginer la Lampe opérer une telle ouverture. Explications.

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Sous les couleur du parti islamiste Ennahda, Souad Abderrahim est désormais la première femme à être élue à la tête de la mairie. / Ph. DR.
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Au Maroc, il est inconcevable que le PJD accorde à une femme non-voilée sa bénédiction de présider une liste à un scrutin électoral. Toutes les élues de la Lampe dans les deux Chambres parlementaires portent le hijab.

En revanche, les islamistes tunisiens ont, depuis des années, su se libérer des contraintes du code vestimentaire. Une ouverture qui a fini par payer, à travers l’élection, mardi, de Souad Abderrahim sous les couleurs d’Ennahda à la tête de la mairie de Tunis.

Sa liste a remporté la victoire grâce à 26 voix contre 22, glanées par celle de Nidaa Tounes. Le parti présidentiel a subi, ainsi, une sévère déconvenue alors que le pays se prépare aux échéances législatives et présidentielles, respectivement en 2019 et en 2020.

La tutelle du MUR plombe le PJD

«Le PJD n’est pas en mesure d’opérer la même ouverture sur les femmes non-voilées que les Tunisiens d’Ennahda. La tutelle du Mouvement unicité et réforme (MUR) l’empêche de franchir le pas», note dans des déclarations à Yabiladi Driss El Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes.

«Au MUR, la barbe et le foulard sont parmi les fondements. Des obstacles qui éloignent certaines compétences d’adhérer au PJD et renforcent le cachet salafiste de ce parti auprès de l’opinion publique», explique-t-il.

Et d’ajouter que «l’exil de Rached El Ghannouchi, le fondateur d’Ennahda au Royaume-Uni durant les années de la dictature Ben Ali, a contribué à ce qu’il révise ses positions initialement radicales sur certains sujets. Par exemple, il accepte ce que les Marocains du PJD et les Egyptiens des Frères musulmans refusent toujours».

Dans ce sens, l’ouverture sur les femmes non-voilées ne constitue pas la seule initiative d’Ennahda. Pour mémoire, lors des communales de mai dernier, les islamistes tunisiens avaient accordé leur accréditation à un citoyen de confession juive pour se porter candidat sous leur bannière, dans la circonscription de Monastir. Pourtant, Simon Salama n’est pas un membre d’Ennahda. Difficile d’imaginer le PJD prendre une telle décision.