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La rencontre Mohamed VI-Youssef Chahed «annulée à cause du Sahara» selon les médias tunisiens

En déplacement officielle au Maroc en début de semaine, la visite du chef du gouvernement tunisien, n’est pas passée inaperçue. Si du côté marocain on se félicite des 13 accords de coopération signés, la presse tunisienne se fait l'écho de l’annulation de la rencontre entre Youssef Chahed et le roi Mohammed VI et évoque comme motif le Sahara.

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Le roi Mohammed VI et le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed. / Photomontage
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Arrivé, dimanche après-midi à Rabat, pour une visite de travail de deux jours au Maroc, le déplacement de Youssef Chahed, chef du gouvernement tunisien ne s’est finalement pas déroulée comme prévue.

Reçu dimanche par le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani, Youssef Chahed a assisté à l'iftar offert par le roi en son honneur, auquel ont pris part Omar Azziman et Abdeltif Menouni, conseillers du souverain. Le chef du gouvernement tunisien a aussi coprésidé lundi, avec Saâdeddine El Othmani, les travaux de la 19e session de la Haute commission mixte de coopération économique entre le Maroc et la Tunisie. Une session durant laquelle les deux pays ont signé pas moins de 13 accords de coopération portant sur la promotion des ressources humaines et de l’économie.

Le Sahara, «vraie raison d'une annulation à la dernière minute» ?

Toutefois, les médias tunisiens se sont intéressés à un autre détail. «Prévu lors de la visite officielle de Chahed au Maroc, la rencontre avec le roi Mohammed VI n’a finalement pas eu lieu», écrit mardi le média tunisien Al Jarida. Son confrère Mosaiquefm, portail d’information de la radio tunisienne, rapporte que la rencontre entre le souverain et le chef du gouvernement tunisien était prévu juste après la fin des travaux de la Haute commission mixte. «Il était prévu que le chef du gouvernement soit reçu à Casablanca par le roi mais une annulation tardive a été émise par le Cabinet royal citant un malaise du roi Mohammed VI», indique cette source. La délégation tunisienne a, alors, été «surprise» et «choquée», indique Mosaiquefm.

Les deux médias révèlent ensuite ce qu’ils considèrent comme la «vraie raison» de l’annulation, «à la dernière minute», de la réception royale. «L’excuse du souverain marocain n’a pas été une surprise pour le chef du gouvernement Youssef Chahed qui connait la vraie raison de cette annulation», poursuit-on de même source avant d’affirmer que la pomme de discorde n’est autre que le dossier du Sahara occidental.

«La raison est que Chahed a refusé de signer une déclaration conjointe entre le deux pays énonçant que la République tunisienne reconnait la souveraineté du Maroc sur le grand Sahara, objet d’un différend entre l’Algérie et le Maroc. Il semblerait que le Cabinet royal ne s’attendait pas à un tel refus.»

Une position qui a évité à la Tunisie un coup de gueule algérien

Toujours selon Mosaiquefm, la délégation tunisienne a expliqué, lors des discussions avec la partie marocaine, que la Tunisie «a toujours adopté une position de neutralité concernant le différend sur le Sahara entre le Maroc et l'Algérie et ce, depuis l’ère du défunt leader Habib Bourguiba». Elle aurait même «insisté sur le retrait de la partie qui évoque la reconnaissance de la Tunisie de la souveraineté marocaine sur le Grand Sahara, arguant que le pays ne sera pas une partie d’un différend entre deux pays frères.»

Tout en se félicitant de la position adoptée par le chef du gouvernement tunisien, les médias du pays du jasmin soutiennent aussi que cette position a «évité à la Tunisie une véritable crise qui aurait éclaté avec l’Algérie si Youssef Chahed avait signé la déclaration conjointe». Et Mosaiquefm de conclure que l’Algérie aurait considéré l’acte comme un soutien de la Tunisie à la partie marocaine.

«La question du Sahara occidental est-elle nouvelle ? La Tunisie a-t-elle adopté une nouvelle position ? La réponse est non dans les deux cas, mais il semble que c’est le regard des frères marocains qui a changé. Ils croient qu'ils peuvent imposer leurs choix, pensant peut-être que l'État tunisien est faible», conclut, de son côté, Al Jarida.