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Arabie Saoudite : Les travailleuses domestiques marocaines vivent-elles un calvaire ?

Depuis hier, une vidéo circule sur YouTube et les réseaux sociaux et soulève bien des questions quant aux conditions de vie des travailleuses domestiques marocaines en Arabie Saoudite. En effet, filmées par l'une d'entre elles, ces femmes témoignent de leur enfer et accusent l'ambassade marocaine à Ryad de les abandonner. Un point démenti par cette dernière qui livre une toute autre version ce samedi. Détails.

Publié
Capture d'écran. /Ph. DR
Temps de lecture: 3'

C'est via un démenti officiel que l'ambassade du Royaume du Maroc en Arabie Saoudite a affirmé, ce samedi, que la vidéo relayée par certains sites de communication et des journaux électroniques marocains sur le cas de Marocaines au Centre de protection des travailleuses domestiques comporte des «contrevérités et des accusations gratuites».

Dans un communiqué publié par la MAP, l’ambassade explique que contrairement à ce qui a été prétendu par l’une des travailleuses dans la vidéo, les services sociaux de l’ambassade ont accueilli, par intervalle, les cas admis actuellement audit Centre et a délivré les documents nécessaires pour entamer la procédure de rapatriement volontaire, conformément à leur souhait. Et d’ajouter que l'ambassade a dépêché son délégué au Bureau du travail pour accélérer l’émission des décisions de leur extradition et de les soumettre au Centre.

L’ambassade a attiré l’attention sur le fait que certaines femmes montrées dans la vidéo ont prétendu être dans une prison, alors qu'«en réalité elles se trouvent dans un centre de protection qui accueille les travailleuses domestiques qui refusent de travailler ou sont en violation des règles de travail et de résidence, de différentes nationalités, dans l’attente de l’examen de leurs dossiers avant leur extradition vers leurs pays». La délégation marocaine ainsi réaffirme qu’elle n’a jamais tardé à fournir soutien et appui à tous les cas qu’elle reçoit et ce, dans le cadre des règlements et lois en vigueur dans le pays de résidence, qu’elle a toujours trouvé compréhension auprès des autorités saoudiennes dans le traitement des dossiers sociaux, et qu’elle ne ménagera aucun effort pour la préservation des droits des membres de la communauté marocaine établie en Arabie Saoudite.

Des Marocaines dépassées

Actuellement «emprisonnées», cesdites travailleuses domestiques expriment à travers les 6 minutes de vidéo un mal être profond. Ainsi, l'initiatrice donne la parole à ses consoeurs à tour de rôle pour témoigner et faire part de ce qu'elles vivent. C'est dans un climat pesant qu'elles tirent à boulet rouge sur l'ambassade du Maroc affirmant que personne n'a pris la peine de les écouter ou prendre en considération leurs doléances.

D'après celle qui filme, elles sont 15 femmes dans cette «prison» à subir humiliation, mauvais traitement et violence de la part des Saoudiens. Privées de papiers, vêtements et argent, leur souhait aujourd'hui est de retourner sur les terres marocaines et quitter l'Arabie Saoudite.Toutes ces travailleuses domestiques assurent qu'elles étaient venues pour seul but de travailler mais ont vite déchanté après avoir été malmenées par leurs employeurs.

L'une d'entre elles, 47 ans et maman de deux enfants, explique que «[ses] enfants n'ont pas de quoi payer le loyer le mois prochain». Dans la même chambre, une autre encore raconte qu'«[elle a] été placée par son patron en hôpital psychiatrique pendant 15 jours». Des témoignages durs venant de ces femmes qui persistent et signent : en plus des violences corporelles, «nous sommes abandonnées par les autorités marocaines». «Je suis allée mercredi à l'ambassade, on m'a dit de revenir dimanche, c'est à ce moment là que nous recevons les Marocaines. J'ai dû dormir dehors le temps que je reparte dimanche, mais arrivée sur place personne ne m'a accueillie et on m'a même fermé la porte du bureau au nez», relate l'une des Marocaines.

Des revendications et des contestations qu'elles n'ont pu faire parvenir que par cette vidéo où elles expriment, sous couvert d'anonymat, ce qu'elles vivent au quotidien. Dans l'attente de leur rapatriement, une date encore inconnue et non précisée par le communiqué, ces femmes devront prendre leur mal en patience et vivre ces jours de Ramadan avec l'espoir d'un jour quitter leur enfer.

Cependant, l’ambassade rappelle que ses services ont procédé, durant les cinq derniers mois, au traitement, uniquement dans la ville de Riyad, de 60 cas de femmes de ménage qui ont été rapatriées au Maroc en collaboration avec les autorités saoudiennes compétentes.