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Visites du roi au Ghana et en Zambie : Un revirement de taille dans la politique étrangère du royaume

Après le Ghana, le roi Mohammed VI est arrivé dimanche soir à Lusaka pour une visite officielle en République de Zambie. Ses visites dans plusieurs pays africains, notamment ceux qui reconnaissent la «RASD», se poursuivent au lendemain de l’adhésion du Maroc à l’Union africaine. Abdelfattah El Belamachi, professeur de relations internationales, commente ce qui semble s’annoncer comme un revirement de la politique étrangère du royaume.

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Le roi Mohammed VI et le président zambien Edgar Lungu, dimanche 19 février 2017 à Lusaka. / Ph. MAP
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Le roi Mohammed VI est arrivé dimanche soir à Lusaka pour une visite officielle en République de Zambie, nouvelle étape d’une tournée royale qui conduira également le souverain en Côte d’Ivoire, au Mali et en Guinée. Un revirement de taille pour la politique étrangère du royaume. En effet, la République de Zambie et le Ghana, qui a fait l’objet d’une visite royale il y a quelques jours, sont deux pays connus pour leurs relations diplomatiques avec le Front Polisario.

A travers le déplacement du roi, le Maroc marque ainsi une nouvelle étape en allant frapper aux portes des Etats qui reconnaissent ouvertement la «République arabe sahraouie démocratique». Comment analyser ce revirement dans la politique étrangère du Maroc au lendemain de son adhésion à l’Union africaine ? C’est la question que nous avons posée ce lundi à Abdelfattah El Belamachi, selon qui le Maroc s’est ôté une épine du pied.

«Un revirement de la politique étrangère»

«La question du Sahara n’est plus un complexe pour les relations étrangères du Maroc, surtout s’agissant des relations bilatérales avec les pays africains. Il y a donc une avancée quant aux orientations marocaines en Afrique, marquées par ce revirement de la politique étrangère», explique le professeur de relations internationales à l’Université Mohamed V Rabat-Agdal. Un revirement marqué par les visites royales effectuées dans plusieurs pays qui maintiennent des relations diplomatiques avec la «RASD». Autant de tournées qui permettent d’envoyer plusieurs messages, observe Abdelfattah El Belamachi.

«Le principe de base sur lequel s’appuie le Maroc, très connu en économie, s’intitule ‘l’interdépendance’. Ce qui est clair, c’est qu’après les procédures de l’adhésion du Maroc à l’Union africaine, le royaume a directement envoyé un message indiquant que le royaume concrétisera sa vision et que les visites précédentes ne concernaient pas seulement ce retour à l’UA.»

Pour le professeur universitaire, les adversaires du Maroc «qui ont tenté d’entraver son retour à l’UA auront un problème avec les pays qui avaient une position hostile vis-à-vis du Maroc mais qui ont accepté son adhésion». «Ces pays ont fait appel à la logique du droit international puisque le Maroc réunit toutes les conditions pour que son adhésion soit acceptée», poursuit-il. Quant aux rôles des visites du souverain, notamment en matière de développement de l’Afrique, le spécialiste des relations internationales estime que «les visites royales sont utiles et plus importantes que jamais». «Le Maroc poursuivra sa politique basée sur l’interdépendance et soutiendra le courant qui tente de développer l’Afrique», renchérit-il.

La question du Sahara n'est plus un «facteur déterminant»

L’éventualité d’exploiter les relations économiques avec ces pays pour convaincre ces Etats d’amender la Charte de l’UA afin de permettre l’éviction du Polisario, Abdelfattah El Belamachi l’envisage aussi. Ceci dit, cette contingence ne surviendra pas dans un avenir proche. «L’amendement de la Charte de l’UA n’interviendra pas dans un futur proche. Cette revendication ne sera pas seulement une demande du Maroc, mais celle de l’ensemble des Etats qui ont souffert de la domination des autres depuis les instances de l’UA», explique-t-il. Le Maroc retourne à l’UA «non seulement pour ses propres intérêts mais aussi pour l’intérêt de l’Afrique, puisque la question du Sahara n’a été abordée ni lors du discours du souverain lors du Sommet de l’UA, ni en marge de ses tournées africaines».

Et notre interlocuteur de conclure : «La gestion de cette étape veut que la question du Sahara ne soit pas un facteur déterminant. On se concentre sur l’interdépendance qui ambitionne d’ouvrir de nouveaux horizons d’une coopération économique, liée à des secteurs sociaux et de service et au transfert des connaissances».

Lors de sa visite en République de Zambie, le roi Mohammed VI est accompagné d'une importante délégation composée notamment du conseiller royal, Fouad Ali El Himma et du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar. La délégation comprend également les ministres de l'Habitat et de la politique de la ville, de l’Agriculture et de la pêche maritime, de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique et de la Santé ainsi que de plusieurs personnalités civiles et militaires et des hommes d’affaires marocains.