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Yassine Arakia, candidat aux législatives : «Les MRE de Norvège appelés à s'engager»

D’abord élu municipal au conseil de la ville d’Oslo puis candidat du Parti conservateur (Høyre) aux élections législatives de septembre prochain, le Marocain Yassine Arakia est l’un des maghrébins les plus engagés politiquement en Norvège. Il revient avec Yabiladi sur son engagement politique et ses ambitions.

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Yassine Arakia figure dans la liste des candidats présentés par le Parti conservateur pour les élections législatives norvégiennes de septembre prochain. / Ph. Facebook
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Le Parti Conservateur norvégien (Høyre) était sorti, en 2013, grand vainqueur des élections législatives après avoir réussi à former une coalition de 96 sièges sur 169. Pour le prochain rendez-vous électoral, prévu en septembre prochain, la formation politique de l’actuelle Premier ministre Erna Solberg a choisi un Maroco-norvégien dans sa liste des 25 candidats de la ville d’Oslo. Annoncé comme 14ème de cette liste par nos confrères de Hespress, Yassine Arakia nous confie qu’il occupe désormais la 12ème place. Le professeur d’enseignement secondaire revient avec Yabiladi sur son engagement politique et ses ambitions dans son pays d’accueil. Interview.

Pourquoi avoir choisi de vous engager politiquement dans votre pays d’accueil, la Norvège ?

Mon engagement a commencé d’abord dès les années 2000 à travers la société civile norvégienne. J’étais donc membre du club local de football en tant qu’aide à l’équipe qui s’occupe des jeunes. Ici, les Marocains résidant à l’étranger (MRE) sont de plus en plus actifs dans des associations, notamment religieuses et culturelles. C’est pour cela que j’ai participé à la création d’une association culturelle en 2004. Après 3 ou 4 ans, je commençais à m’intéresser à la politique et j’avais envie d’accéder aux centres de décision pour être plus efficace, plus actif et réussir à faire entendre ma voix et celles des personnes que je représente. J’ai donc contacté des partisans du Parti conservateur (Høyre) pour leur présenter l’idée. Depuis, mon parcours politique semble être sur la bonne voie.

Le choix du Parti conservateur avait-il été fortuit ?

Oui et non, pour répondre à cette question. Je l’ai choisi d’abord parce que j’avais le choix entre Høyre et le Parti travailliste. J’ai donc fini par choisir Høyre notamment pour sa politique intérieure qui, selon moi, s’approche de ma vision et de mes convictions. Je l’ai aussi intégré parce que, dans la circonscription où je réside, ils étaient influents, je connaissais personnellement ses élus et je les ai côtoyés. Je me suis alors intéressé au programme politique de ce parti et cela m’a démontré que j’avais finalement bien choisi.

D’abord élu local au Conseil municipal d’Oslo, vous êtes candidat aujourd’hui aux élections parlementaires...

En 2011, Høyre m’avait désigné comme candidat local du conseil municipal pour la période 2011-2015 et après la fin de mon mandat, le parti m’avait aussi désigné parmi les dix meilleurs de ces élus municipaux. C’est alors que l’idée de me présenter en tant que candidat aux élections législatives de septembre prochain est venue. Le Parti et ses membres m’ont soutenu pour cette nouvelle expérience et je figure dans la liste finale des 25 candidats alors qu’elle comprenait 108 militants au début.Depuis la réunion de cette semaine, je suis 12ème de cette liste finale.

Le Parti conservateur avait 48 sièges après les élections de 2013. S’il gagne lors des prochaines élections, ce sera son deuxième mandat. Quelle sont vos chances ?

Pour le Parti, les sondages le donnent gagnant lors du prochain rendez-vous électoral. Ils estiment que la formation politique est dans une position encore meilleure que celle de l’année 2013. Mais il faut savoir qu’on fait partie d’une coalition de trois autres formations politiques (Parti Chrétien, Parti libéral et Parti du progrès). Pour les prochaines élections, on sera également représenté en tant que coalition donc les chances sont plus grandes.

En ce qui me concerne, être le 12ème sur la liste du Parti conservateur est déjà une grande réalisation pour moi. Aujourd’hui, ce sont presque 7 sièges qui sont acquis pour notre parti et dont certains deviendront probablement des ministres. Cela augmente donc mes chances de devenir un remplaçant. Il faut reconnaître que je n’ai pas encore de grandes chances pour briguer un siège en tant qu’élu parlementaire principal. Ce n’est qu’en cas de gouvernement minoritaire avec 4 ou 5 élus de notre liste qui deviendront ministres que cela serait possible. Ce n’est donc que théorique. Toutefois, lors de l’actuel mandat, le 12ème de la liste a déjà assisté à des réunions au Parlement en tant que remplaçant notamment lors des déplacements des élus principaux.

Vous êtes le premier Marocain politiquement engagés en Norvège. Qu’en est-il de l’engagement politique des MRE ?

C’est faux de dire que les MRE généralement ne votent pas. Personnellement, en tant que Marocain, j’espère que la diaspora marocaine établie ici en Norvège s’engage encore plus. D’après les statistiques les plus récents, les Norvégiens d’origine étrangère sont moins engagés que les autres Norvégiens. Quant aux Marocains, le taux est un peu plus faible que la moyenne générale. Je souhaite donc qu’on fournisse plus d’effort et qu’on parte voter le jour du scrutin puisque cela ne peut être que bénéfique pour la diaspora, ses enfants et son pays d’accueil. Cela pèsera lorsque les MRE exigeront des revendications locales ou spéciales. Et si les MRE s’engagent encore plus dans la vie politique norvégienne, ne serait-ce que par le biais du vote, cela aura sans doute un impact positif sur les relations maroco-norvégiennes.

Ici, nous avons des Marocains et des Marocaines qui marquent les esprits avec des parcours professionnels remarquables et des concrétisations qui nous rendent fiers. Si certains d’entre eux choisissent d’intégrer la vie politique, cela constituera sans aucun doute un grand plus pour l’ensemble des MRE de ce pays. Moi je suis né et j’ai grandi au Maroc avant de venir ici. Ceux qui sont nés en Norvège ont encore plus de chance de réussir grâce à plusieurs facteurs, comme la langue, la culture, qu’il faut aussi exploiter. C’est d’ailleurs un appel que je souhaites lancer aux Marocains de Norvège pour s’activer et s’engager.