Menu

angle_2

Sahara : Quand le PP exhortait Pedro Sanchez à suivre l’exemple des Etats-Unis

En apportant son soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental, Pedro Sanchez n’a fait que suivre les conseils du Parti Populaire, prodigués en pleine crise politique avec Rabat de 2021.

Publié
Feijoo et Margallo / Archive - DR
Temps de lecture: 2'

En Espagne, la campagne électorale pour les législatives anticipées du 23 juillet entame sa dernière ligne droite. A une semaine de ce grand rendez-vous avec les urnes, le Parti populaire réitère ses promesses «de réviser» le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Une position exprimée, samedi 15 juillet, par l’eurodéputé Esteban González Pons, un des hommes de confiance du président du PP, Alberto Núñez Feijóo, dans une interview accordée à La Vanguardia.

«Nous allons revenir à la relation avec le Maroc que nous avions avant la fameuse lettre dont personne ne sait pourquoi elle a été écrite, ni qui l'a écrite, ni dans quel but. Nous allons revenir à une politique avec le Maroc conforme à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et convenue au Parlement espagnol, et nous allons rétablir les relations avec l'Algérie», a-t-il déclaré. La semaine dernière, le chef du PP a réaffirmé sa proposition de «revenir à l’équilibre entre l’Algérie, le peuple sahraoui et le Maroc».

Quand le PP critiquait en 2021 le soutien de Sanchez au Polisario

Pons, l’un des candidats pour diriger la diplomatie espagnole dans un éventuel gouvernement PP, a refusé de «consulter les Etats-Unis» avant de décréter l’ «annulation» de la décision de Pedro Sanchez sur le Sahara. «La politique espagnole à l'égard du Maroc est une affaire espagnole et n'a besoin d'être débatue qu’avec le parlement espagnol», a-t-il affirmé sur un ton patriotique. «Je ne pense pas que l’administration Biden ait un lien» avec l’appui de Sanchez à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara. «Cela a plutôt une relation avec le vol d'informations de son téléphone portable par Pegasus», a-t-il ajouté.

Les promesses de Feijóo et de Pons s’inscrivent dans un contexte électoraliste où tous les coups sont permis pour désorienter le PSOE. Des déclarations qui tranchent avec l’analyse faite de leur camarade du PP, le député européen, José Margallo, ancien chef de la diplomatie (2011-2016), de la crise des relations entre Rabat et Madrid, suite à l’hospitalisation en avril 2021 du chef du Polisario en Espagne. «Pedro Sanchez n’a pas saisi le contexte international. Après la déclaration de Trump (reconnaissant la marocanité du Sahara, ndlr), il était évident que les Marocains allaient faire pression sur tous les Etats européens», avait-il expliqué dans une interview à un média ibérique datant de mai 2021.

«L’Espagne doit examiner sa position à l’égard du Sahara à l’aune du contexte géopolitique naissant après la déclaration des Etats-Unis et les mouvements prévisibles de pays européens. Lorsque les circonstances changent, je change d'avis. Nous devons nous adapter au nouveau contexte. C'est un problème auquel il faut commencer à réfléchir et qu'il faut résoudre», a insisté Margallo.  

Les déclarations pragmatiques du dernier ministre des Affaires étrangères issu du Parti Populaire, sont toujours d’actualité, le contexte géostratégique n’ayant pas changé. Au grand dam de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, l’administration Biden n’a pas révisé la reconnaissance de la marocanité du Sahara, signée par l’ancien président Donald Trump, le 10 décembre 2020. Mieux encore, plusieurs européens, dont notamment l’Allemagne et les Pays-Bas, ont apporté leur soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara, comme l'avait prévu Margallo.

Cette semaine le bulletin «Penínsulas», publié par La Vanguardia, a révélé que «le PP a donné à Rabat des garanties que rien de substantiel ne changerait» sur la question du Sahara, une fois Feijóo désigné Premier ministre.