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Belgique : Les mauvais chiffres de l’emploi des femmes attribués au... «modèle méditerranéen»

Plusieurs élus et partis en Belgique ont dénoncé, vendredi, les propos du ministre bruxellois de l’Emploi, évoquant les origines étrangères et le «modèle méditerranéen» pour expliquer les mauvais chiffres de la capitale pour l’emploi des femmes.

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Bernard Clerfayt, ministre bruxellois de l’Emploi. / Ph. Belgaimage
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Une déclaration d’un ministre sur l’emploi des femmes à Bruxelles a suscité, vendredi, de nombreuses réactions scandalisées, après avoir évoqué le «modèle méditerranéen» pour expliquer les mauvais chiffres. «Beaucoup de femmes sont encore dans un modèle méditerranéen, que ce soit des Italiens, Marocains ou Turcs d’origine. C’est un modèle familial où monsieur travaille et madame reste à la maison pour s’occuper des enfants», a déclaré Bernard Clerfayt, ministre bruxellois de l’Emploi, sur LN24.

Des propos qui ont suscité un tollé au sein même de sa majorité, à commencer par le PS et Ecolo qui ont dénoncé ses propos, rapporte la presse belge. «C’est inacceptable et infamant. Je suis révoltée. Je pense à toutes ces femmes qui cherchent du travail et qui sont discriminées, ces mamans solo qui se battent au quotidien et qui sont renvoyées par le ministre à leurs origines», a déclaré la députée et ex-ministre Fadila Laanan (PS). «M. Clerfayt est en charge de l’emploi et c’est à lui d’actionner toutes les mesures possibles pour faire en sorte qu’il n’y ait plus de freins à l’emploi pour ces femmes plutôt que de leur opposer un déterminisme culturel», a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué, la fédération bruxelloise du PS a rappelé que plus d’une famille sur trois est monoparentale dans la capitale, que ce sont des femmes à 86%, que le salaire des métiers infraqualifiés est «indécent» et ne permet pas de couvrir tous les frais liés à la garde des enfants, ou que le taux de couverture des crèches en Région bruxelloise n’est que de 30%. «Stigmatiser des personnes sur leurs origines pour justifier l’échec de sa politique n’est pas digne», fustige Ridouane Chahid, chef du groupe socialiste au Parlement bruxellois.

Pour Bernard Clerfayt, «dénoncer un fait n’est pas stigmatiser»

Au sein du gouvernement bruxellois, la secrétaire d’Etat Barbara Trachte (Ecolo), a également dénoncé les propos de son collègue, en l’invitant à «s’atteler» sur le problème «plutôt que relayer des stéréotypes».

La ministre fédérale Zakia Khattabi a également exprimé son indignation, en estimant que «fermer les yeux sur des raisons objectives structurelles est hallucinant».

Suite aux critiques Bernard Clerfayt, a tenté de rectifier le tir. «Dénoncer un fait n’est pas stigmatiser», a-t-il expliqué dans un communiqué. «Je n’ai pas à m’excuser de la déformation de mes propos par certains partis politiques. Cela ne change rien à ma détermination de travailler à l’émancipation de toutes et de tous et continuer à améliorer le taux d’emploi des femmes en Région bruxelloise», a-t-il insisté.

Revenant aux chiffres, le ministre bruxellois a estimé que «cela montre bien qu’à côté des problèmes structurels (manque de place en crèches, emploi mal rémunéré, …), qu’à côté des discriminations systémiques, le taux de participation des femmes est plus faible». «Tronquer la réalité pour de petits bénéfices électoraux n’est pas une manière de régler les vrais problèmes de mise à l’emploi en Région bruxelloise (…) Aider les femmes à accéder à l’emploi, c’est travailler à l’émancipation», a-t-il conclu.