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Casablanca : Un investisseur MRE expulsé du Club de l’Etoile jeunesse sportive

Lié par un contrat qui n’a pas été renouvelé, la société de Casa Soccer Foot et Club de l’Etoile jeunesse sportive de Casablanca ont saisi la justice pour trancher leur différend. Le dirigeant de la première accuse le président du club de l’avoir expulsé pour «mettre la main» sur les biens de l’entreprise, alors que le deuxième reproche au premier d’avoir «volé l’argent de l’Etoile».

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Photo d'illustration. / DR
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L'Étoile Jeunesse Sportive de Casablanca, l'un des plus anciens club urban football au Maroc, est secoué depuis quelques mois par un bras de fer avec des plaintes interposées. D’un côté, la direction du club dirigé par Abdelhak Noudir et de l’autre, le dirigeant de Casa Soccer Foot, Omar Houssni, dont la société gère les terrains de mini foot et l’école du club.

Ce dernier est arrivé à Casablanca en 2010 de France pour lancer le premier projet de foot à cinq au Maroc grâce à la location de terrain de mini foot au Complexe de l’Etoile. «On avait signé avec le club Arsenal. Le projet s’est bien développé», nous confie Omar Houssni. En 2013, la société «a construit le grand terrain de 11 vs 11 également». «Faire venir Arsenal comme client nous a donné une bonne publicité à Casablanca. De plus, on a travaillé avec beaucoup de grandes sociétés dans la ville», a-t-il rappelé.

Toutefois, l’expiration de son contrat avec le club semble avoir précipité la dégradation des relations entre le club et la société. «Mon contrat avec le club s’est terminé en 2017 mais nous avons continué. Le club ne nous a jamais envoyé de lettre pour rompre le contrat ou pour le renouveler et donc notre contrat s’est renouvelé automatiquement», affirme le gérant de Casa Soccer Foot.

Une location controversée

Alors que la société a continué, selon lui, d’exploiter les terrains jusqu’à récemment, le MRE aurait eu un «problème» avec le chauffeur du président du club casablancais, l’année dernière, suite auquel une plainte a été déposée. La relation entre les deux parties s’est alors envenimée, au point que le président du club lui aurait interdit d’accéder aux terrains. «J’étais parti avec un huissier de justice pour constater cette interdiction», se rappelle Omar Houssni. Celui-ci accuse le président du club de lui avoir «envoyé» un intermédiaire en prétendant vouloir «trouver un arrangement à l’amiable». «Le président du club m’a dit qu’une fois ma plainte retirée, ils retireront également la leur», poursuit le MRE. Le lendemain, il retrouve le président du club, par ailleurs vice-président de l’arrondissement de Maarif, pour acter cet arrangement.

«Ses collègues se sont chargés de rédiger un document en arabe que j’ai signé, pensant qu’il s’agissait d’un retrait de plainte. Lorsque j’ai montré le document à un ami qui comprenait l’arabe, il m’a dit qu’il s’agit d’une renonciation à tous mes investissements et mes droits. Je me suis fait avoir car j’ai signé malgré le fait que je ne lis pas l’arabe.»

Omar Houssni

Alors qu’il tente aujourd’hui d’invalider ce document, le MRE fait part de son indignation. «Cela fait 12 ans que je travaille sur ce projet. Il n’y avait rien au niveau de ces terrains et nous avons tout construit à partir de zéro. Ce sont donc des investissements entre 10 et 15 millions de dirhams sur 12 ans», tient-il à rappeler.

Omar Houssni indique que le club refuse de renouveler le contrat car les terrains en question appartiennent en réalité à l’Etat. «En réalité le club n’as pas le droit de les sous-louer à une société», confie le MRE qui jure ne pas avoir été au courant de cela au moment de la conclusion du contrat avec le Club l’Etoile. Il accuse également la présidence du club de vouloir «constituer un dossier et demander une indemnisation, les terrains étant dans les alentours de Casa Finance City et pouvant être annexés par ce projet».

Un contrat résilié selon le président du club

Contacté par Yabiladi, Abdelhak Noudir apporte un autre son de cloche. «Il y avait un contrat entre le club et ladite société, qui a pris fin en 2018. La société était partie et seul un gérant est resté», déclare-t-il, en ajoutant que depuis la fin dudit contrat, Omar Houssni aurait «travaillé en tant que gérant des terrains pour le compte du club».

«Nous avons résilié le contrat avec cette entreprise. Ils étaient quatre associés, parmi eux le frère et le père (d’Omar Houssni, ndlr), et qui sont partis après la fin du contrat. Cet homme est resté ensuite pour travailler pour le club et il était payé 15 000 dirhams par mois.»

Abdelhak Noudir

Le président du club ajoute que récemment, il a «demandé des comptes» à Omar Houssni, qui gère, selon lui, l’école de l’Etoile jeunesse sportive de Casablanca ainsi que la location des terrains, pour le club. «En tant que président du club, je suis censé élaborer un rapport financier et suivre les recettes et les dépenses du club. C’est pour cela que je lui ai demandé, d’abord oralement, de me préparer le bilan de la section relative à l’école et à la location des terrains pour le soumettre au comptable», explique-t-il, en reprochant à l’ancien MRE d’avoir «procédé à la modification d’un grand terrain sans consulter ou informer le club». «J’ai une plainte dans ce sens ainsi que le rapport d’un huissier de justice», précise-t-il.

A propos du document signé entre les deux parties, qu’Omar veut contester, Abdelhak Noudir explique qu’il est venu lui «demander pardon et a fait appel à une connaissance». «Il a aussi signé un document où il reconnaît qu’il n’a plus rien à voir avec l’Etoile», ajoute-t-il avant d’affirmer que «Casa Soccer Foot n’est qu’un nom d’une société fictive». «Il faut lui demander pourquoi il a écrit ‘’lu et approuvé’’ avant de signer le document s’il ne comprend pas, comme il avance, l’arabe», répond-t-il à propos du document signé par Omar Houssni en janvier dernier.

«Les revenus de la location et de l’école étaient pris par Omar et verser sur son compte personnel ainsi que celui de sa femme. Il a pris l’argent des gens. Les parents des élèves de l’école de football et les fournisseurs veulent déposer plainte contre lui», poursuit le président du club qui assure disposer de «témoins et de preuves» pour soutenir sa version contre «cet individu qui a volé de l’argent de l’Etoile».