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GWEC : Le Maroc pourrait installer 43% de sa capacité éolienne terrestre d’ici 2027  

Dans un scénario de transition accélérée et si les obstacles liés aux cadres politiques, à l'infrastructure de transmission et aux régimes d'autorisation sont levés, le Maroc pourrait installer 43% de sa capacité éolienne terrestre, indique le Global Wind Energy Council, dans un nouveau rapport.

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Photo d'illustration. / DR
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Depuis l’accueil de la COP22 en 2016, le Maroc a lancé de vastes réformes pour développer son secteur des énergies renouvelables. Le royaume s'est notamment fixé comme objectif de produire plus de la moitié de ses besoins énergétiques à partir de sources renouvelables d'ici 2030. En tant que pays en développement avec de faibles émissions par habitant, le Maroc met déjà en œuvre des mesures pour atteindre ses objectifs de contributions déterminées au niveau national (NDCs) mis à jour en 2021, dans le cadre de l’Accord de Paris, s’est félicité il y a quelques jours le Global Wind Energy Council (GWEC).

Dans son nouveau rapport, qui met en exergue l’expérience marocaine, l’instance a rappelé que le royaume reste «largement dépendant du marché international de l'énergie, puisqu'il importe plus de 90% de ses besoins énergétiques». «La sécurité énergétique a été une priorité absolue pour le Maroc au cours de la dernière décennie, et les prix élevés actuels du gaz ont considérablement augmenté les coûts énergétiques nationaux, soulignant la nécessité pour le Maroc d'adopter une politique énergétique plus autosuffisante», estiment les rédacteurs du rapport. Dans ce sens, le gouvernement marocain cherche à accroître la sécurité de l'approvisionnement en réduisant la dépendance à l'égard des importations d'énergie, notamment par l'expansion des sources renouvelables pour la production d'électricité.

Les objectifs en matière de capacité éolienne «plus difficiles à atteindre»

GWEC estime que le royaume «dispose d'excellentes ressources éoliennes et possède actuellement l'un des plus grands parcs éoliens terrestres du continent africain, après l'Afrique du Sud et l'Égypte». «La capacité installée devrait atteindre 5 GW d'ici 2035, grâce à des objectifs ambitieux en matière d'énergie renouvelable», se félicite-t-on.

«Le Maroc dispose actuellement d'une capacité éolienne terrestre installée de 1 512 MW et, selon les prévisions de GWEC Market Intelligence, il devrait installer entre 200 et 510 MW par an dans le cadre d'un scénario normal entre 2023 et 2027. Dans le cadre d'un scénario de transition accélérée, si les obstacles liés au cadre politique, à l'infrastructure de transmission et aux régimes d'autorisation étaient levés, le Maroc pourrait installer 43% de sa capacité éolienne terrestre.»

Extrait du rapport

La même source rappelle, s’agissant du mix énergétique, que le Maroc a atteint son objectif de 42% d'énergies renouvelables en 2020. Une croissance de 10% des énergies renouvelables jusqu'en 2030 semble, dans ce sens, «raisonnable». Toutefois, «les objectifs en matière de capacité éolienne pourraient s'avérer plus difficiles à atteindre».

Le rapport explique que le pays «n'a pas été en mesure d'atteindre son objectif de 2 GW pour l'énergie éolienne en 2020, bien que la capacité ait augmenté continuellement jusqu'à cette date». De plus, «le bouquet énergétique du Maroc est fortement dépendant des combustibles fossiles, bien que la part des énergies renouvelables ait augmenté régulièrement au cours de la dernière décennie».

Supprimer «l’élément de concurrence entre les projets» et miser sur l’hydrogène vert

GWEC détaille, par ailleurs, les obstacles actuels à l'énergie éolienne au Maroc. Le conseil cite la «législation sur les réseaux», rappelant que les fournisseurs de turbines ont «du mal à répondre à certaines des exigences» des nouveaux codes pour la connexion au réseau et estimant que «cela complique le processus de développement des projets et les retarde». «De nouveaux coûts pour l'utilisation du réseau ont été introduits, ce qui augmente le prix de vente de l'électricité pour les producteurs d'électricité indépendants, rendant leurs projets moins compétitifs par rapport à ceux menés par l'ONEE», estime-t-on.

Le document évoque aussi «la concurrence avec le solaire», déplorant que «la législation actuelle ne permet pas aux projets éoliens et solaires de partager les points de connexion au réseau». «Les projets hybrides éoliens et solaires ne sont pas non plus autorisés. Cela accroît la concurrence pour l'espace entre les développeurs et réduit les possibilités de réduction des coûts qu'offre le co-développement de projets à double technologie», explique-t-on.

S’il critique au passage les «mécanismes d'acquisition», qui «ajoutent une contrainte de temps et constituent un défi pour les développeurs», GWEC fournit une série de recommandations pour surmonter ces défis.

Il propose, dans ce sens, d’«égaliser les coûts du réseau pour les producteurs d'électricité indépendants et l'ONEE» pour «augmenter la compétitivité des projets éoliens privés, réduire les coûts des projets à long terme et augmenter les retours sur investissement». «Cela renforcera la confiance des investisseurs et le taux d'installation», commente-t-on.

GWEC suggère aussi de «permettre aux projets éoliens et solaires de partager les points de réseau» afin de supprimer «l’élément de concurrence entre les projets», d’«encourager la collaboration entre les promoteurs de projets d'énergie renouvelable» et d’«utiliser les importants objectifs du Maroc en matière d'hydrogène vert pour encourager davantage la production d'énergie éolienne». «Le gouvernement devrait promouvoir l'expansion de l'énergie éolienne et le raccordement de nouveaux parcs éoliens à des installations de production d'hydrogène», conclut-on.