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Situation des journalistes au Maroc : Amnesty et RSF se félicitent de la «fin du silence» de l'UE

Les deux ONG internationales se sont félicitées de l’adoption, par le Parlement européen, d’une résolution reconnaissant la «détérioration continue de la liberté de la presse au Maroc». Un texte qui met fin, selon elles, à des «années de passivité» de l’organe législatif de l’UE.

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Une manifestation au Maroc lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse. / DR
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L'adoption d'une résolution, ce jeudi par le Parlement européen, sur la «situation des journalistes au Maroc» a fait réagir Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty International. Les deux organisations se sont félicitées de ce vote, réitérant leurs plaidoyers concernant la liberté de la presse dans le royaume. 

RSF a ainsi affirmé que le Parlement européen a voté une résolution d’urgence qui souligne «la détérioration continue de la liberté de la presse au Maroc et demande la libération des journalistes emprisonnés» et ce, «après 25 ans de passivité». Elle ajoute, dans un communiqué, que le texte voté ce jeudi «demande aux autorités marocaines de respecter la liberté d'expression et des médias, mais aussi d'assurer aux trois journalistes actuellement emprisonnés au Maroc, "un procès équitable (...) leur remise en liberté provisoire, et de cesser immédiatement tout harcèlement à l'encontre de tous les journalistes, de leurs avocats et de leurs familles"».

Cité par le communiqué, son secrétaire général Christophe Deloire rappelle que cela «fait plusieurs années» que l'ONG alerte les eurodéputés sur «les intimidations et le harcèlement judiciaire dont sont victimes les journalistes marocains». «Avec cette résolution historique, le Parlement européen met fin à une fâcheuse tendance qui consiste à exempter le Maroc de toute remarque sur les atteintes à la liberté de la presse et aux droits humains. Mieux vaut tard que jamais», ajoute-t-il.

7 journalistes et blogueurs emprisonnés en 2022

RSF cite les cas des journalistes Omar Radi, Taoufik Bouachrin et Soulaiman Raissouni, qui «sont actuellement arbitrairement emprisonnés au Maroc et attendent de pouvoir bénéficier d’un procès équitable et de ne plus être harcelés judiciairement». RFS se félicite aussi du volet réservé à la «surveillance» des journalistes par le logiciel Pegasus, affirmant que «les parlementaires exigent des autorités marocaines de "mettre fin" à cette pratique et "de prendre des mesures législatives les protégeant contre de telles pratiques"».

Amnesty International s’est également félicitée de la tenue de ladite séance. «Aujourd'hui, pour la première fois depuis 1994, le Parlement européen a adopté une résolution d'urgence sur le déclin de la liberté de la presse au Maroc, évoquant le harcèlement, l'intimidation et l'emprisonnement de journalistes», indique-t-elle sur son compte Twitter.

«Le parlement européen mentionne le harcèlement auquel est confronté le journaliste indépendant Omar Radi, les accusations forgées de toutes pièces à son encontre et le déni des garanties d'un procès équitable, notamment la détention provisoire d'un an», indique-t-elle. L’ONG réitère, dans ce sens, ses «préoccupations concernant les restrictions au droit à la liberté d'expression et appelle les autorités marocaines à mettre fin à la mise à l'isolement d'Omar Radi et à veiller à ce qu'il bénéficie d'un procès équitable, conformément au droit international».

Elle rappelle qu’en 2022, les autorités marocaines ont «emprisonné 7 journalistes et blogueurs pour leurs publications en ligne». «Les autorités marocaines doivent cesser de poursuivre les journalistes, blogueurs et défenseurs des droits humains qui ne font qu'exercer leur droit à la liberté d'expression et abroger les lois utilisées pour étouffer la dissidence», plaide-t-elle.

Jeudi, le Parlement des Vingt-Sept a adopté, à une très large majorité (356 voix pour, 32 contre, 42 abstentions) une résolution sur la «situation des journalistes au Maroc». Hier, les voix ayant critiqué Rabat ont largement pris le dessus face à une commissaire européenne et un seul eurodéputé qui ont pris parti pour le Maroc, lors du débat.