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Victime du zèle des autorités d’Azrou, un étudiant tente de se suicider en dénonçant la «hogra»

Etudiant de l'Université Al Akhawayn, Otmane Barakat a tenté de se suicider lors d’un live sur Facebook, suite à l’«injustice» dont il dit avoir été victime. Il a pointé du doigt des responsables à Azrou et Ifrane.

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Capture d'écran du live diffusé par Otmane Barakat dimanche 12 juin dernier. / DR
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Otmane Barakat, étudiant à l’Université Al Akhawayn d’Ifrane, n’imaginait pas, en lançant Foodie, que sa start-up serait stoppée net, après une intervention des autorités locales et que la bureaucratie fera de sa vie un cauchemar. Dimanche 12 juin, dans une vidéo diffusée en direct sur son compte Facebook, il a tenté de se suicider, se disant exténué par la croisade menée contre son projet et bouleversé par les sentiments d’injustice et de «hogra».

Il y a expliqué qu'au cours de l'année écoulée, il a ouvert un restaurant à Ifrane afin de financer ses études à l'université. Mais en mars, il est surpris par la décision des autorités de fermer son établissement spécialisé dans la restauration rapide.

Aucun des responsables n’aurait accepté de l'écouter

Otmane ajoute qu'un comité lui aurait rendu visite sur place, pour saisir les denrées alimentaires qui se trouvaient à l'intérieur du restaurant, considérées comme «impropres à la consommation» et «présentant un danger pour la santé». Une conclusion qu’il réfute, accusant à son tour le comité d'avoir «violé la loi» et ne pas avoir respecté les procédures légales en faisant appel à des laboratoires compétents, comme le prévoit la loi.

Dans sa vidéo, le jeune homme, originaire de la ville de Casablanca, a avalé des pilules en tentant de mettre fin à ses jours. Il a expliqué qu'aucun des responsables n’aurait accepté de le rencontrer pour l'écouter. «Ils me considèrent comme un maboul», a-t-il déclaré, en confiant qu’il n’a «plus la force» pour continuer. «Je ne dors plus. Je ne mange plus. J'ai envoyé de lettres à tout le monde mais je n'ai reçu aucune réponse. Pourquoi me méprise-t-on ? La mort est meilleure pour moi», a-t-il lâché.

Dans une déclaration à Yabiladi, Mustafa Barakat, le père d'Otmane, confie ce mercredi que des personnes proches de son fils sont intervenues pour l’emmener à l'hôpital Ghassani de Fès afin de lui sauver la vie. «Mon fils suit actuellement son traitement chez un psychiatre», regrette-t-il, en annonçant qu’Otmane «est censé se rendre à Casablanca aujourd'hui pour suivre son traitement». «Il n'y a rien de nouveau dans le cadre de cette affaire, mais il y une grande sympathie et solidarité», poursuit-il, en appelant à la fin de «l’autoritarisme et de la hogra».

Un «lobby» dans la région d’Ifrane

De son côté, Mohamed Rachidi, de l'antenne locale de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Azrou a dénoncé un «lobby composé de quelques personnes» qui contrôlerait le secteur de la restauration dans la région d'Ifrane. «Otmane a créé un restaurant unique. Etant étudiant et ayant des relations directes avec les étudiants, il a commencé à les attirer dans son restaurant, ce qui n’a pas plu au lobby des restaurants. Les conspirations ont ainsi commencé contre lui», confie-t-il.

Tout en soulignant l’absence de toute plainte de la part des clients, l’associatif a déploré que le comité de santé ayant rendu visite au restaurant du jeune homme «avait l'intention de le fermer». «Otmane est allé voir les responsables qui lui ont fermé les portes au nez. Ils ont même commencé à répandre des rumeurs à son sujet, prétendant qu’il serait fou et séparatiste», indique-t-il encore.

Mohamed Rachidi a affirmé que la section locale de l’AMDH «exige l'ouverture d'une enquête impartiale, qui mène à la connaissance de ceux qui sont derrière cette injustice». Il a ajouté que l’ONG organisera, ce soir, un sit-in à Azrou, avec comme slogan «Les fonctionnaires d'Ifrane m'ont tué», soit la même phrase qu'Otmane a répétée dans son live sur Facebook, afin d'exiger que justice soit faite et protester contre les politiques du gouverneur de la province, «entachées de clientélisme et de népotisme».

Yabiladi a tenté contacter les autorités locales d’Ifrane, ce mercredi, pour connaître leur version, mais en vain.