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Droits humains au Sahara : Pour ne pas froisser la Russie, le Polisario active ses ONG

Depuis la nomination, en août dernier, du Russe Alexander Ivanko à la tête de la MINURSO, le Polisario tente de ménager publiquement la mission onusienne, ce qui ne l’empêche pas de confier à des associations de faire porter ses critiques à l’ONU.

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Photo d'illustration. / DR
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Un collectif d’associations réunies au sein du «Groupe de soutien à l’indépendance du Sahara occidental» réclame l’envoi d’une nouvelle mission dans la province. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, l’instance estime que l’organisation internationale est tenue de reprendre le travail non-achevé par la première mission des Nations unies dépêchée sur place en octobre 1975.

Les signataires de la missive soulignent que depuis 2015, «le Maroc a refusé l'accès au territoire non autonome du Sahara occidental occupé par le Royaume du Maroc à des centaines de défenseurs militants indépendants des droits de l'Homme, juristes, avocats, universitaires, parlementaires et journalistes». Ce collectif n’est pas à son premier coup d’essai. Il avait déjà saisi, la semaine dernière, la programmation par le Conseil de sécurité d’une session de consultations sur le Sahara pour exiger des Nations unies l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans la région.  

Pour rappel, en mars 2019, la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet avait souhaité l’envoi d’une nouvelle mission technique au Sahara occidental pour s'enquérir sur place de la situation des droits humains. Un vœu que l’ancienne présidente du Chili avait réitéré en septembre 2020, à l’occasion de l’ouverture de la 45e session du Conseil des droits de l’Homme à Genève. La dernière visite d'une commission technique du HCDH au Sahara remonte à 2015.

Le Polisario ménage la MINURSO que préside un Russe

Côté timing, la requête de ce collectif d’ONG intervient au lendemain de la réunion, à huis-clos du 20 avril, du Conseil de sécurité consacrée à l’examen de la question du Sahara, marquée notamment par le premier briefing du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO, Alexander Ivanko.

Une intervention qui a soulevé des grincements de dents dans les rangs de la direction du Polisario, d'autant que le Russe a réaffirmé devant les membres de l’instance exécutive des Nations unis que le Maroc continue de respecter le cessez-le-feu de 1991. Le même jour, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU a d'ailleurs précisé qu’il n’a «aucune information» sur une frappe aérienne des Forces armées royales.

Force est de constater que depuis la nomination, en août dernier, du Russe Ivanko à la tête de la MINURSO, le Front Polisario a nettement baissé le volume de ses critiques à l’endroit de la mission onusienne. Pour ne pas froisser les camarades à Moscou, il a confié à des organisations associatives, gravitant autour de son orbite, de porter ses observations et doléances à l'ONU.

Pour mémoire, le mouvement séparatiste avait mis l’accent, dans un communiqué publié en mars 2021, sur l’«impératif que la MINURSO maintienne sa neutralité, son impartialité et son indépendance lorsqu'elle rend compte des événements au Sahara occidental». De son côté, Brahim Ghali avait estimé que la MINURSO «s’est transformée en un outil de consolidation de l'occupation marocaine». Depuis la désignation du Russe Ivanko à la place du Canadien Colin Stewart, ses critiques ont disparu.