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Sahara : L’Espagne considère le plan d’autonomie comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible»

Dans un message annonçant la fin de la crise diplomatique entre Rabat et Madrid, Pedro Sanchez a affirmé que son pays «agira avec la transparence absolue qui correspond à un grand ami et allié» qui est le Maroc. Le revirement dans la position de l'Espagne sur la question du Sahara est considéré par Rabat comme une «position positive» et un «engagement constructif». 

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Le roi Mohammed VI et le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, 19 novembre 2018 au Maroc. / DR
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Le chef du gouvernement espagnol a adressé un message au roi Mohammed VI, dans lequel il a abordé l’avenir des relations maroco-espagnoles ainsi que la question du Sahara. Selon un communiqué du cabinet royal, parvenu ce vendredi à Yabiladi, Pedro Sanchez y a ainsi affirmé que «l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» du Sahara occidental. Le chef de l’exécutif espagnol a souligné qu’il «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc». Il a également souligné «les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations Unies pour trouver une solution mutuellement acceptable».

Dans son message au souverain, le chef du gouvernement espagnol a, en outre, mis en exergue que les «deux pays sont unis inextricablement par des affections, une histoire, une géographie, des intérêts et une amitié partagée». Pedro Sanchez s’est dit «convaincu que les destins des deux peuples le sont aussi» et que «la prospérité du Maroc est liée à celle de l’Espagne, et inversement».

«Notre objectif est de construire une nouvelle relation, basée sur la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et les accords signés par les deux parties et l’abstention de toute action unilatérale, à la hauteur de l’importance de tout ce que nous partageons. L’Espagne agira avec la transparence absolue qui correspond à un grand ami et allié. Je vous assure que l’Espagne tiendra toujours ses engagements et sa parole.»

Pedro Sanchez

Par ailleurs, le chef de l’exécutif espagnol a réitéré sa «détermination à relever ensemble les défis communs, notamment la coopération pour la gestion des flux migratoires dans la Méditerranée et l’Atlantique, en agissant toujours dans un esprit de pleine coopération». «Toutes ces actions seront entreprises dans le but de garantir la stabilité et l’intégrité territoriale des deux pays», a-t-il conclu.

Des positions «positives» et les engagements «constructifs» pour le Maroc

Le message adressé au souverain par Pedro Sanchez a fait réagir le ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger. Ce vendredi, dans un communiqué, le département de Nasser Bourita a ainsi déclaré que «le Royaume du Maroc apprécie hautement les positions positives et les engagements constructifs de l’Espagne au sujet de la question du Sahara marocain», contenus dans le message. 

«Les termes de ce message permettent d’envisager une feuille de route claire et ambitieuse afin d’inscrire, durablement, le partenariat bilatéral dans le cadre des bases et des paramètres nouveaux, soulignés dans le Discours Royal du 20 août dernier. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, avait appelé, dans ce Discours, à "inaugurer une étape inédite dans les relations entre Nos deux pays, fondée sur la confiance, la transparence, la considération mutuelle et le respect des engagements".»

Le ministère a ainsi annoncé la visite à Rabat, à la fin de ce mois de mars et avant le mois de Ramadan, du ministre espagnol des Affaires Etrangères, de l’Union européenne et de la coopération, José Manuel Albares. Une autre visite de Pedro Sanchez au Maroc sera, elle, programmée ultérieurement, conclut le communiqué.

De son côté, le gouvernement espagnol a assuré qu'une «nouvelle étape» de la relation avec le Maroc s'ouvre et sera basée sur «le respect mutuel, le respect des accords, l'absence d'actions unilatérales et la transparence et la communication permanentes». Par le biais d'un communiqué, l'exécutif espagnol a souligné que l’'acceptation par l'Espagne de la proposition marocaine ouvre ainsi une nouvelle étape qui «sera développée (…) dans une feuille de route claire et ambitieuse», dans le but de «garantir la stabilité, la souveraineté, l'intégrité territoriale et prospérité des deux pays».

Et de se féliciter de la programmation d'un voyage du chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez au Maroc pour élaborer la feuille de route de cette nouvelle étape, ainsi que de l'invitation adressée au ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, à se rendre à Rabat avant la fin du mois.

Une crise sans précédent au lendemain de la reconnaissance US de la marocanité du Sahara

Fin 2020, l’annonce de la reconnaissance par l’administration américaine, dirigée alors par Donald Trump, de la marocanité du Sahara a marqué un changement dans la politique espagnole. En décembre de la même année, la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha González Laya a alors émis le souhait que la nouvelle administration américaine, dirigée par Joe Biden «puisse évaluer la situation et voir de quelle manière elle va se positionner et travailler en vue d’une solution juste et durable qui ne dépend pas d’un alignement d’un moment sur un camp ou sur l’autre».

Le point d'extrême tension sera atteint en avril, avec l'accueil par l'Espagne de Brahim Ghali, secrétaire général du Polisario, atteint du Covid-19. Il quittera l'Espagne, en juin sans répondre aux poursuites judiciaires dont il fait l'objet, malgré les mises en garde du Maroc.

Le même mois, après l’échec de la réunion Biden-Sanchez en marge du sommet de l’OTAN à Bruxelles, la ministre espagnole des Affaires étrangères fait une autre déclaration sur le Sahara. «Ce que l'Espagne a toujours dit, c'est qu'il est important que nous donnions une impulsion aux négociations aux Nations unies», indique-t-elle. «C’est aux Etats-Unis de décider de leur position sur le Sahara.» Une semaine plus tard, Arancha González Laya revient sur le sujet, en assurant que son gouvernement est «prêt à considérer toute solution que le Maroc apportera» pour le règlement du différend territorial. Une position qui désavoue davantage le plan d’autonomie, proposé par le Maroc à la province depuis 2007.

Le mal est déjà fait. Car un mois plus tôt, la crise sans précédent des relations entre Rabat et Madrid est accentuée par un exode de milliers de Marocains vers Ceuta, en mai 2021. Quelques jours plus tard, le Maroc rappelle son ambassadrice à Madrid pour consultation. La diplomate ne regagnera plus son poste depuis cette date.

Le Maroc annonce également une opération Marhaba 2021 sans les ports espagnols. La crise est entérinée, en juillet 2021, lorsque le Parlement européen vote, en juillet, une résolution condamnant le royaume dans le cadre de l’exode de milliers de Marocains, dont des mineurs, vers Ceuta.

Cependant, si la crise date de 2021, les tensions, elles, sont en réalité nées depuis la prise de pouvoir de Pedro Sanchez.

article_updated 18/03/2022 a las 23h11