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La production du quinoa, un marché de niche au Maroc avec d’importantes perspectives

Avec un «marché de niche», la culture du quinoa est impactée par plusieurs facteurs, dont sa propre chaîne de valeur, qui entrave l’expansion d’un secteur qui pourra séduire agriculteurs et consommateurs marocains, selon une nouvelle étude.

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Photo d'illustration. / DR
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Etant l’une des principales cultures vivrières des civilisations précolombiennes d'Amérique latine, le quinoa a bien fait ses débuts au Maroc. Pseudo-céréale de la famille des Amaranthaceae aux multiples bienfaits nutritionnels, il a été introduit au Maroc depuis la saison 1999-2000, comme alternative aux cultures traditionnelles telles que les céréales, qui sont fortement soumises aux effets du changement climatique et à la dégradation des sols due à la salinisation. Depuis, le quinoa s’est présentée comme solution judicieuse et culture susceptible de contribuer à la sécurité alimentaire nationale.

Mais depuis, le marché du quinoa «de niche» est resté très limité, comme l’indique une étude de 14 chercheurs de l’Université polytechnique Mohammed VI et de l’IAV de Rabat. Intitulée «Développement de la chaîne de valeur du quinoa pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les communautés rurales de Rehamna, au Maroc : Leçons apprises et perspectives» et publiée la semaine dernière par la revue Plantes 2021, elle estime «afin que le marché se développe, d'énormes efforts sont nécessaires pour promouvoir le quinoa et pour sensibiliser davantage les consommateurs à ses bienfaits pour la santé».

Un marché à la merci des prix et de sa chaîne de valeur

Ses rédacteurs se sont intéressés ainsi à la chaîne de valeur du quinoa au Maroc. «L’analyse économique a montré que dans des conditions pluviales, le coût de production à la récolte par hectare varie de 6 650 à 7 900 MAD (739–878 USD) pour le mode de production mécanisé et manuel respectivement. En conditions irriguées, le coût de production est passé à 18 445 et 19 695 MAD par hectare, en raison de la dépréciation du coût de l'énergie et des engrais du système d'irrigation», indiquent-ils.

Cette étude présente aussi une analyse SWOT de la chaîne de valeur de cette pseudo-céréale, révélant comme «la production et la valorisation traditionnelles, ainsi que le manque d'utilisation d'outils de production intensive» se présentent comme les principales faiblesses limitant l'expansion du marché dans le royaume. «Ainsi, le prix du quinoa au Maroc reste relativement élevé au-dessus du pouvoir d'achat des consommateurs de la classe moyenne et seuls les riches peuvent se le permettre. De cette façon, les produits locaux de quinoa avec un prix élevé et une qualité relativement inférieure ne pourraient jamais rivaliser avec les produits importés, qui sont généralement de bonne qualité», regrettent-ils.

L’étude ajoute qu’un autre point de blocage, limitant l’expansion du secteur réside dans sa chaîne de valeur, avec un «manque de promotion des avantages du quinoa en utilisant les canaux publics et les médias sociaux, considérés comme un point clé pour tout nouveau développement de produit».

«Le quinoa n'est pas encore une culture bien établie dans les systèmes de production locaux. Un manque d’expérience des agriculteurs et la possibilité d’une pénurie d’intrants en particulier le matériel, pourraient entraîner une plus grande variabilité des rendements parmi les agriculteurs.»

Extrait de l’étude

Pour un accompagnement de tous les acteurs de la filière

L’étude affirme toutefois que le quinoa s’avère être une culture «potentielle et résiliente». «Il offre une meilleure rémunération et un meilleur rendement en culture pluviale et irriguée». Dans ce sens, les résultats de plusieurs scénarios indiquent «systématiquement que le quinoa est très rentable, donnant une marge nette allant de 21 100 à 111 555 MAD selon le scénario», écrivent ses rédacteurs.

Tout en recommandant à ses agriculteurs d'adopter des outils mécanisés et le traitement des semences afin de réduire les coûts de production et améliorer leurs revenus, l’étude suggère que les agriculteurs se regroupent en coopératives ou associations pour que l’accès aux outils mécanisés soit plus facile. Elle propose aussi plusieurs actions de développement pour chaque composante de la chaîne de valeur qui peuvent être mises en œuvre dans le cadre d'un programme national de quinoa. Ce dernier «pourrait être financé dans le cadre du nouveau plan de développement agricole marocain appelé "Génération verte"».

Les chercheurs recommandent aussi de «mettre en place un accompagnement de tous les acteurs de la filière à travers la coordination de l'interprofession quinoa au Maroc appuyée par les structures du Département de l'Agriculture», «une meilleure organisation de la filière quinoa», de la «sensibilisation du public» et de la promotion-marketing.

«La situation du Maroc au sein de la région du Maghreb le place en première position dans le développement de la chaîne de valeur du quinoa», conclut l’étude.