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Violences contre les immigrés aux frontières hispano-marocaine

Blessures par balle, coups, harcèlement... Les immigrés clandestins qui attendent au Maroc une chance de passer la frontière espagnole sont victimes d'actes de violence de plus en plus nombreux, commis en majorité par les forces de l'ordre.

Le renforcement des contrôles à la frontière entre le Maroc et l'Espagne s'accompagne d'une escalade des violences commises contre ceux qui tentent de pénétrer sur le territoire européen. C'est ce que constate l'équipe de la section espagnole de MSF après plus de deux ans de présence médicale auprès des immigrés clandestins en transit au Maroc (lire aussi les exemples de patients traités).

Entre avril 2003 et mai 2005, sur un total de 9350 consultations médicales à des immigrés en situation irrégulière, près d'un quart des personnes examinées ont été victimes de violence directe ou indirecte (2193 cas).

LÉSIONS GRAVES LORS DES DÉTENTIONS
Plus de 60% des actes de violence sont attribués aux forces de sécurité des deux pays ( 44% marocaines et 18% espagnoles). De nombreux récits décrivent comment les agents de sécurité, parfois accompagnés de civils, causent directement des lésions graves (blessures, fractures, contusions et brûlures) lors des détentions.

Les séquelles physiques vont des traumatismes graves, qui se produisent lors de la chute depuis les barrières de séparation marquant la frontière ou en fuyant les forces de sécurité marocaines, aux blessures par balles, en passant par les plaies provoquées par les passages à tabac ou les attaques de chiens. Des cas de mort et de violence sexuelle ont été enregistrés. Les patients victimes de violences ayant consulté les équipes médicales de MSF souffrent de douleurs aux os et aux muscles (40%), de plaies (18%), de contusions (19%), de foulures (10%), de fractures (4%), de brûlures (2%)... Nos équipes constatent également une dégradation évidente de la santé mentale des immigrés (symptômes dépressifs et obsessifs, cas d'anxiété et d'irritabilité, pertes de mémoire, migraines et asthénies).

HARCÈLEMENT À L'AIDE DE CHIEN, EN HÉLICOPTÈRE, À CHEVAL OU AVEC DES GAZ LACRYMOGÈNES
C'est dans les zones frontalières entre l'Espagne et le Maroc que s'exerce le plus de violence. Au cours des dernières années, dans le cadre de l'application des mesures de contrôle des flux migratoires, les forces de sécurité marocaines ont organisé de façon systématique des rafles dans les régions où se concentrent les immigrés sub-sahariens, aussi bien dans les villes (Tanger, Oujda, Rabat) que dans les zones rurales (monts et forêts de Bel Younech et Gourougou, près de Ceuta et Melilla). Les immigrés racontent le harcèlement à l'aide de chiens, en hélicoptère, à cheval, avec des gaz lacrymogènes et la soustraction ou destruction de leurs biens et de leurs abris.

L'équipe de MSF travaille auprès des ces personnes en situation d'extrême précarité dans le Nord du Maroc, dans les zones de Tanger, Nador et Oujda : elle leur prodigue des soins et tente d'améliorer leurs accès aux structures sanitaires marocaines. A travers la fourniture d'abris et des activités sur l'eau, l'hygiène et l'assainissement, elle tente également d'améliorer leurs conditions de vie.

Télécharger le rapport Violence et Immigration de MSF au format PDF

Source : Médecins Sans Frontières

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