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Les patrons maghrébins redonnent du tonus à Paris

Une étude du greffe du tribunal de commerce de la capitale

C'est un coup de projecteur sur l'une des plus importantes communautés immigrées de la capitale. L'étude du greffe du tribunal de commerce de Paris sur les entrepreneurs maghrébins lève le voile sur plus de 12 300 entreprises dirigées par des ressortissants algériens, tunisiens et marocains. Une population qui représente près de 17% des sociétés dirigées par des étrangers dans la capitale.


Premier constat : l'histoire de ces chefs d'entreprise est étroitement liée à celle de leur communauté. L'immigration algérienne étant la plus ancienne et la plus nombreuse en France, on retrouve un nombre plus élevé d'entreprises dirigées par des Algériens, soit plus de 5 800 contre à peine la moitié pour les Marocains. «C'est également dans cette population que l'on retrouve les entreprises les plus pérennes», ajoute Alain Rallet, professeur à l'université Paris XI et spécialiste d'économie régionale et urbaine. Plus des deux tiers des entreprises qu'ils gèrent ont en effet plus de 5 ans d'existence. En comparaison, pour l'ensemble des trois communautés, 32% des entreprises ont moins de cinq ans, ce qui, selon le tribunal de commerce, tend à prouver que ces entrepreneurs contribuent de façon non négligeable au renouvellement du tissu économique parisien.


Deuxième constat : trois activités attirent particulièrement les entrepreneurs maghrébins. Dans l'ordre, c'est d'abord le commerce de gros et de détail qui rassemble près d'un tiers des entrepreneurs des trois communautés, notamment dans les XIe et XVIIIe arrondissements. Viennent ensuite l'hôtellerie et la restauration (22% des entreprises), bien implantées dans les Xe et XIe arrondissements, puis l'immobilier et la location (16%), une activité disséminée sur l'ensemble de la capitale. Inversement, seuls 6% de ces structures ont une activité de prestation de services aux entreprises, contre près de 22% pour les entrepreneurs français.


Troisième constat, les entrepreneurs parisiens issus de ces trois communautés s'avèrent plus dynamiques que leurs homologues français. En 2004, ils ont créé plus de 1 300 nouvelles entreprises, soit 18% de plus en cinq ans, essentiellement dans les secteurs du commerce, de la construction et de l'hôtellerie-restauration. En comparaison, les créations des chefs d'entreprise français ont augmenté de 15% en cinq ans, mais avec une forte proportion de sociétés civiles, peu créatrices d'emplois.


Au-delà des chiffres, l'étude recèle des surprises. Ainsi, la situation des femmes. «Les femmes tunisiennes sont les moins bien représentées alors qu'elles sont réputées avoir le meilleur statut dans le monde arabe», poursuit Alain Rallet.

La récente élection de Laurence Parisot à la tête du Medef peut-elle faire évoluer la situation ?


Pour Mohammed El Ouadoudi, le PDG marocain de MRH, une société de consulting qui aide les grands groupes français à s'implanter au Maghreb, cette élection est une vraie chance.

«C'est une victoire pour les femmes mais aussi pour l'immigration, explique l'homme d'affaires, également à l'origine de la Convention France-Maghreb. Dès qu'une femme abat une barrière en France, c'est ensuite au tour des immigrés d'en profiter», poursuit-il.

Source: Le Figaro

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