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Le Maroc veut voir l'Europe accroître la migration légale

Des femmes, candidates à un travail saisonnier en Espagne, patientent devant l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (Anapec), le 30 novembre 2007 à Fès.

Le Maroc veut voir l'Europe favoriser plus largement sa main d'oeuvre légale afin de réduire la pression du chômage et d'accompagner économiquement les mesures drastiques prises par le royaume pour empêcher l'immigration clandestine.

L'immigration sera l'un des thèmes du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne et de l'Union africaine qui se tient les 8 et 9 décembre à Lisbonne.

"Pour (que l'on soit) sûr qu'elles rentreront au terme de leur contrat, les ouvrières doivent être mariées et mères de famille", explique à l'AFP le directeur général de l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (Anapec).

"Ces deux conditions de recrutement, imposées par l'employeur, sont pénibles mais, malgré tout, nous souhaitons élargir cette relation avec d'autres pays européens, outre l'Espagne", a ajouté Hafid Kamel.

L'Espagne a renforcé la migration légale en provenance du Maroc en recrutant en 2008 12.000 ouvrières, contre 9.905 en 2007 et 1.200 en 2005.

Elles travailleront trois mois à la collecte des fraises contre un salaire de 32,45 euros par jour, le logement étant assuré par l'employeur. Elles doivent ensuite revenir au Maroc.

En 2007, 400 travailleurs saisonniers ont été envoyés en Corse (France) et des demandes de main d'oeuvre marocaines ont été faites par l'Italie, le Canada, la Grèce et le Portugal. "Il reste encore à les concrétiser", a-t-il noté.

L'Anapec offre aussi des emplois aux diplômés d'écoles de tourisme. En janvier un groupe hôtelier espagnol a signé un accord pour le recrutement de 2.000 jeunes Marocains sur cinq années en leur offrant des contrats à durée indéterminée en Espagne.

"Désormais, l'immigration légale est bien plus importante que l'immigration clandestine", assure M. Kamel qui a pour objectif de porter le nombre de travailleurs marocains en Europe à 20.000 par an.

Les autorités marocaines ont intercepté lors du premier semestre 2007 plus de 5.500 émigrés clandestins, notamment des ressortissants d'Afrique noire en partance pour l'Espagne, un chiffre en recul de plus de 50% par rapport à à la même période 2006, a-t-on indiqué de source officielle.

Les critères draconiens imposés pour l'immigration légale font grincer des dents. La presse marocaine critique l'Anapec pour avoir accepté que les candidates aient moins de quarante ans, soient mères de famille et obtiennent l'autorisation de leur époux.

Ce dernier point est en "contradiction totale avec le nouveau code de la famille qui permet à la femme de voyager et de circuler librement", selon une ONG marocaine.

"Nous ne réclamons pas un accord écrit du mari, nous l'informons seulement verbalement que sa femme veut aller travailler en Espagne", assure un responsable de l'Anapec, Mohamed Chabatou.

"Pour atteindre un taux de retour presque entier au Maroc et pour encourager chaque année une demande croissante de main d'oeuvre, l'Anapec est obligée de poser ces conditions", a souligné M. Kamel.

"Il y a des risques que la saisonnière plonge dans la clandestinité une fois arrivée dans le pays d'accueil. Or, si les conditions du retour au Maroc ne sont pas assurées, cela deviendra de la migration clandestine maquillée", selon le directeur général de l'Anapec.

Au bureau régional de l'Anapec à Fès, Bouchra Amiss, 27 ans, regrette de laisser ses enfants et son époux: "Je n'y peux rien, c'est pour eux que je vais travailler".

Karima Sibari, son amie, venue elle aussi déposer des documents, assure que l'ANAPEC a imposé ces conditions car dans le passé, dit-elle des "femmes se sont pas revenues. Elles ont fait du tort au Maroc en se prostituant".

Source: AFP

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