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Une campagne contre les petites bonnes marocaines

Le travail des petites filles comme domestiques est une véritable plaie et même une honte pour notre société. Les statistiques sur l’ampleur du phénomène ne sont pas disponibles. Les seuls chiffres qui circulent, datant de 2001, concluent à l’existence de 22.940 filles âgées de 12 à 18 ans qui travaillent dans la seule ville de Casablanca.

Des associations opérant dans ce créneau avancent des nombres plus importants. Toujours est-il que ces petites filles sont le plus souvent envoyées par leurs parents travailler dans des familles pour gagner de l’argent. “Les prétendus gains et revenus capitalisés par les petites bonnes sont dérisoires et illusoires si l’on compare avec la durée journalière du travail domestique qui dépasse 12 heures.

Donc le travail d’un enfant n’a aucun impact économique positif sur les revenus annuels de sa famille. A cela s’ajoutent les risques d’abus sexuels”. Ces éléments font partie de l’argumentaire que développe le secrétariat d’Etat à la famille qui lance à partir d’aujourd’hui une campagne nationale. Le mot d’ordre: stopper ou au moins diminuer l’ampleur du phénomène des petites filles domestiques. La campagne de sensibilisation devra durer un mois et cibler tous les supports pour une large diffusion. Pour Yasmina Baddou, qui pilote l’opération, la campagne vise les parents, les employeurs et les intermédiaires.

La secrétaire d’Etat à la famille est catégorique: “Le Maroc qui s’est engagé dans de grands chantiers de développement ne peut plus tolérer des pratiques qui touchent aux droits fondamentaux”. En effet, le projet Inqad, composante essentielle du plan d’action pour l’enfance (2006-2016) que la ministre a dévoilé lors d’une conférence de presse, s’articule autour de trois axes. Le premier porte sur les réformes juridiques. Un projet de loi sur le travail domestique a été élaboré. Il fixe l’âge minimum de l’employé, prévoit des contrats de travail et des mesures répressives à l’encontre des employeurs de petites filles et contre les intermédiaires qui profitent de la misère d’une population pauvre et souvent rurale.Cependant, élaborer un texte est une bonne chose, encore faudrait-il le faire approuver par le Parlement et le mettre en œuvre. Le deuxième axe concerne la sensibilisation. Dans cette opération, plusieurs actions sont programmées avec comme idée centrale: toucher les parents et les employeurs.

C’est ainsi qu’une caravane sera organisée vers les zones pourvoyeuses de petites bonnes. Seront donc ciblés Casablanca et sa région avec notamment Settat, Khouribga et Kalaât Sraghna. Au menu également, Marrakech et Rabat et les zones qui les alimentent. Fès et sa région comme Taza, Taounate, Boulmane et Rachidia. La caravane s’arrêtera dans les souks et les douars pour faire prendre conscience à la population sur les avantages de garder les petites filles sur les bancs de l’école. C’est l’objectif recherché par Yasmina Baddou. Pour elle, “le travail des petites filles est un fléau social qui hypothèque l’avenir des enfants et partant le développement économique et humain de notre pays ”. En tout cas, le tout sera couronné par une grande émission de télévision le 23 février.

Le but est de faire le point sur la campagne et mettre la lumière sur les questions non encore abordées. En parallèle, des packs avec une lettre signée par la ministre et son homologue Habib el Malki seront distribués aux enseignants et dans les écoles. Cette catégorie de la population a un rôle central dans la vulgarisation et la sensibilisation aux méfaits du travail des petites filles. “Le projet Inqad démontre la capacité de tout le gouvernement à se mobiliser pour une cause aussi importante que celle de l’avenir de nos enfants avec la participation de toutes les composantes de la société”, souligne la secrétaire d’Etat.

L’autre composante du programme, les actions de proximité. Tout le monde est conscient d’une donne: la pauvreté alimente le travail des petites filles. Pour agir à la source, le département de Baddou compte travailler avec le réseau associatif dans des zones ciblées pour monter des projets générateurs de revenus. Pour cela, des fonds seront mobilisés par des partenaires comme l’agence de développement social, les associations de micro-crédit ou encore l’INDH.

Mohamed Chaoui
Source: L'Economiste

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