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Mobilisation pour la représentation politique des marocaines

Tous les regards se tournent vers le Conseil constitutionnel. L’institution est appelée à statuer dans un délai d’un mois sur la constitutionnalité des projets de loi liés à l’organisation des prochaines législatives. L’activisme de quelques députées n’ayant pas réussi à infléchir la décision de la majorité au sujet du quota d’éligibilité imposé à la liste nationale, le Code électoral a donc été voté au Parlement en imposant à toutes les listes un seuil de 6% de suffrages pour l’accès à l’hémicycle.

Le gouvernement n’a pas opté pour la procédure d’urgence qui réduit à huit jours le délai de délibération du Conseil. De fait, les espoirs se réduisent de voir l’institution abonder dans le sens de la revendication féminine de faire coïncider le quota d’éligibilité pour les listes des femmes à celui que stipule la loi sur les partis (5%). C’est donc, tout naturellement, que l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) est montée au créneau pour souligner «l’injustice et la discrimination» faites aux femmes. L’ONG proche du PPS a organisé en fin de semaine une rencontre pour sensibiliser l’opinion publique. A cet effet, l’ADFM lance une large campagne. Nouzha Skalli, parlementaire et membre du bureau politique du PPS, par ailleurs très mobilisée sur la question, a eu les mots durs durant la rencontre pour qualifier la réforme de la loi organique de la Chambre des représentants. Elle estime que par le fait de cette loi, les femmes sont aujourd’hui «menacées dans leur diversité, dans leur liberté et dans leurs droits». Elle fustige «les offensives idéologiques tendant à contenir les femmes et à les soumettre sous couvert de la religion» et «les tenants des mentalités machistes». Pour Skalli, le seuil de 6 % est «une mesure anti-femmes!». Elle se veut didactique. S’il faut «5.000 voix pour élire un homme tête de liste locale, il en faudra 500.000 pour une femme tête de liste nationale». Selon elle, «la représentation des femmes ne faisait pas partie des préoccupations des auteurs du projet de loi».

L’idée est donc lancée de recourir à l’arbitrage royal pour rétablir la justice. L’action devrait sonner la mobilisation de la société civile. L’Association Daba 2007 prend le relais. Elle organise cette fin de semaine à Casablanca une rencontre sur le sujet des femmes et de la politique. On y retrouvera une partie du panel invité par l’ADFM, la semaine dernière.

Les raisons de la colère
Nouzha Skalli ne décolère pas. Elle énumère les effets négatifs de la loi récemment adoptée. «La diversité de la représentation politique des femmes est un acquis qui va être sacrifié, les candidates qui seront éliminées à cause de ce seuil de 6% se trouvent parmi les militantes pour la défense des droits des femmes au sein du Parlement et enfin, les principaux bénéficiaires de ce seuil sont les forces qui se sont de tout temps opposées aux droits des femmes», souligne-t-elle.

Khadija Ridouane
Source: L'Economiste

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