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Hausse des prix du pétrole : Le Maroc passe à la caisse

La flambée du prix du pétrole donne la migraine à nos gouvernants! Ils pensaient faire preuve de réalisme en tablant sur un baril à 60 dollars dans la loi de Finances 2006 et le voilà qu’il caracole à 75 dollars depuis quelques jours. Même si les prévisions sont difficiles à tenir, tant les facteurs politiques et psychologiques pèsent sur le marché, le prix de l’or noir pourrait poursuivre son envolée dans les prochaines semaines. Si les tensions internationales persistent, il poursuivrait son ascension jusqu’à 100 dollars, à en croire des experts en énergie.

· Bien peu de courage politique

De leur côté, les distributeurs commencent à s’agiter en brandissant, une fois de plus, la menace de la sécurité de l’approvisionnement. Pour les Finances, ils n’ont pas de quoi s’affoler, l’Etat honore ses engagements en réglant les arriérés, conformément à l’accord conclu au début de l’année. En mars, 1 milliard de DH leur a été versé.
Mais dans cet environnement tendu, quelle est la véritable marge de manœuvre du Maroc? Dans l’immédiat, faire fonctionner le système d’indexation. Celui-ci a été remis au goût du jour en février 2006, lors de la dernière hausse du prix à la pompe. Le système prévoit une répercussion à la hausse comme à la baisse, quand les fluctuations internationales dépassent 2% dans un sens ou dans l’autre.
«Pour l’instant, les structures de prix arrêtées chaque quinzaine n’ont pas pris en compte les derniers mouvements car ils se situaient à l’intérieur de l’intervalle de fluctuation que nous avons fixé», explique un haut responsable.

Si d’ici fin avril le prix revient à un niveau supportable, ce qui est peu probable, la hausse subie durant les quinze derniers jours sera endossée par la Caisse de compensation. Et le consommateur sera épargné, du moins momentanément. Sinon, il faudra répercuter dès la fixation de la prochaine structure des prix.

Sur le plan logistique, l’opération n’est pas facile à mener. Le ministère de l’Energie & des Mines, qui brille par sa «discrétion», doit mobiliser ses troupes. Les équipes des délégations régionales seront chargées de jauger et de quantifier les stocks détenus par les distributeurs et les pompistes. Aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune source n’a été en mesure de communiquer avec précision la capacité de stockage nationale. Pour rappel, le stock sécurité est fixé par la réglementation à 3 mois de consommation. Mais compte tenu des retards des règlements de la Caisse de compensation, les pouvoirs publics ferment les yeux sur les écarts par rapport à la réglementation. Toujours, au niveau logistique, les prix doivent être modifiés et les machines scellées dans toutes les stations de service, avant minuit. Enfin, un rapport détaillé par région est transmis dans la journée aux services centraux. Ce dispositif est mis en branle simultanément sur l’ensemble du territoire pour éviter fraudes et spéculations.

Pour verrouiller le système, le ministère de l’Energie est donc obligé d’étoffer ses équipes et d’investir dans la logistique. Les fluctuations du prix du pétrole n’étant plus un phénomène isolé mais une donnée structurelle, ces mesures d’accompagnement s’imposent. Pour l’instant, c’est le black-out.

Le consommateur aussi devra se faire à cette nouvelle conjoncture, en attendant un plan d’urgence concret. A ce stade, l’exploitation des schistes bitumeux devient financièrement intéressante. Encore faut-il prendre la décision d’y investir.


A quand la vérité des prix?

Les cours mondiaux vont continuer à fluctuer de façon imprévisible et à des seuils de plus en plus surprenants. Toute anticipation devient hasardeuse. Face à tant d’incertitude, le gouvernement actuel osera-t-il faire sauter les verrous et opter définitivement pour la transparence des prix?

Pour rappel, les recettes fiscales d’origine pétrolière rapportent en moyenne 10 milliards de DH par an. Mais, l’Etat en verse autant en subventions au titre de la compensation. Alors, à quand une comptabilité analytique pour mettre fin à l’absurdité de la situation?

Mouna KABLY
Source : L'Economiste

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