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Les banques cherchent à séduire les communautés étrangères

Certaines banques considèrent le communautarisme comme un axe stratégique à part entière.


La banque ethnique est à l'honneur. Les établissements parient, de plus en plus, sur telle ou telle communauté pour se développer dans certaines régions ou quartiers. Le phénomène ne concerne plus seulement les Britanniques qui s'installent en Dordogne ou en Normandie. Toutes les communautés sont désormais considérées comme des cibles marketing susceptibles de doper le produit net bancaire.


Certaines banques avaient déjà pris les devants. Par pragmatisme, surtout, leur localisation géographique leur offrant une opportunité de développement. Ainsi le Crédit Agricole du Calvados traite-t-il depuis plusieurs années de façon spécifique la clientèle britannique de cadres et professions libérales investissant dans l'immobilier en Normandie. Une offre a été structurée dès 1999 : autour d'un compte courant, « Britline », l'agence dédiée à ce segment de clientèle, propose en langue anglaise, de préférence par Internet ou par téléphone, des produits d'assurance-habitation, des prestations de conseil, voire des prêts immobiliers.


Certains établissements vont plus loin aujourd'hui. Ils considèrent le communautarisme comme un axe stratégique à part entière. En acquérant, d'ici à la fin de l'année, 80 % de BCP Millenium, la filiale française du portugais Millennium BCP, l'Ecureuil met ainsi la main sur un fonds de commerce de 130.000 clients actifs, traités par 63 points de vente. Or la part de marché de cet établissement atteint 18 % au sein de la population portugaise en France. Et cette communauté continue de s'accroître : les Portugais à la retraite ayant travaillé en France partagent leur temps entre les deux pays et ne transfèrent pas, loin s'en faut, toutes leurs ressources vers le Portugal. Et le Groupe Caisse d'Epargne ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. « Le savoir-faire de BCP (...) pourrait être étendu à d'autres communautés, trop petites pour faire l'objet d'offres spécifiques, mais demandeuses de produits particuliers », explique un document interne, qui cite en exemple... la communauté polonaise.



Des guichets spécialisés

Les autres banques ne sont pas en reste. Elles spécialisent des guichets sur certaines communautés. Au Crédit Lyonnais, une agence est ainsi dédiée, dans le quartier parisien de l'Opéra, à la clientèle japonaise. Idem à la Société Générale. La banque a ouvert dès 2002, dans une agence à Barbès, un service spécialisé pour la communauté sénégalaise, et un autre en 2003 dans le 18e arrondissement de Paris pour la communauté marocaine. « Nous travaillons en liaison avec la filiale de la Société Générale au Maroc », explique Jean-François Sammarcelli, directeur du réseau France de la Société Générale. Un autre projet est en préparation à Villemonble (93), à proximité du consulat marocain, et des réflexions sont en cours à Lyon et Marseille. Chez BNP Paribas, une vingtaine d'agences dites « internationales » sont installées dans les zones où les étrangers sont le plus présent : Paris, la région Paca, la Savoie ou encore l'Alsace.


ALEXANDRE COUNIS
Source: Les Echos

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