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Maroc & Espagne pour contrer les Chinois et survivre aux ALE

La tornade asiatique et l’ALE avec les Etats-Unis ont changé la nature de la relation entre le Maroc et l’Espagne. “Maintenant, les Espagnols ne nous perçoivent plus comme des concurrents, mais comme des partenaires”, affirme Salah Eddine Mezouar, ministre du Commerce et de l’Industrie, qui devait clôturer hier, mercredi 13 avril, une visite de trois jours à Valence, consacrée à la promotion des secteurs du textile, du cuir et de la chaussure.

Cette visite, à laquelle ont participé les représentants de l’Amith et de la Fédération des industries du cuir (FEDIC), était organisée par le Centre euroméditerranéen de coopération des entreprises.
Ce sont en effet les Espagnols qui ont invité les Marocains à venir parler des opportunités d’investissement dans les secteurs en question dont le but d’aboutir à des partenariats.


· Une usine «impressionnante»

Le développement du textile et du cuir est une priorité dans cette nouvelle complémentarité maroco-espagnole. Et pour cause, le textile représente 43% des exportations marocaines vers l’Espagne contre 4% pour le cuir. Le textile absorbe également 19% des importations marocaines.

La ventilation des échanges entre les deux royaumes montre que la complémentarité existe déjà. Le Maroc achète à l’Espagne la matière première, c’est-à-dire les tissus et le cuir, qu’il transforme en produits finis avant de les réacheminer vers les acheteurs ibériques. Autrement dit, les mécanismes de la sous-traitance existent et sont puissants.

Ce qui manque aux opérateurs marocains, c’est le savoir-faire en matière technologique et les méthodes de préservation de l’environnement.

Mardi 12 avril, la délégation marocaine a visité une tannerie, dans les environs de Valence. L’usine Incusa produit 100.000 mètres carrés de peaux par mois en utilisant des méthodes sophistiquées dans le lavage, la préservation et la fabrication. Approvisionnée par les quatre coins du monde, l’usine livre la moitié de sa production à l’export.

La délégation marocaine s’est dite “impressionnée” en apprenant qu’Incusa dispose de sa propre station de production d’électricité et qu’elle en tire aussi profit en vendant l’excédent d’énergie. Les grosses machines d’épuration des eaux et de la récupération de la vapeur atténuent les dégâts sur l’environnement. “C’est ce savoir-faire qui nous manque et qui permettra de mieux exploiter la matière première”, estime Hassan El Alaoui, président de la Fedic.

Le même jour, la délégation marocaine a visité le Centre technique du textile (AITEX) dans la ville d’Alcoy, à une heure et demie de Valence. Là encore, les techniques utilisées dans l’analyse des fibres, du poids et de la texture ont impressionné plus d’un.


· Convention sur les tailles et normes

Ce laboratoire contient plusieurs ailes, dont chacune traite un aspect particulier du tissu. Le service est payant et il est sanctionné par un label qui retrace les caractéristiques du tissu et son respect des normes.

D’ailleurs, le ministre Mezouar a sollicité l’aide des patrons du centre pour mettre en place un laboratoire aussi performant au Maroc qui devrait accompagner la mise à niveau des entreprises. Les Espagnols sont prêts à étudier ce projet.

Hier, dernier jour de la visite, la délégation marocaine devait faire des exposés sur les potentialités des secteurs textile et cuir ainsi que les nouvelles voies qu’ouvre l’accord de libre-échange avec les USA.

Côté textile, l’Amith a signé mardi dernier un accord de coopération avec l’Association espagnole des fabricants des produits de la mode infantile (ASEPRI). Cet accord incite les deux partenaires à utiliser les mêmes concepts, normes et outils de travail. “En matière de qualité, les Espagnols vont mettre à notre disposition des mannequins articulés, avec des tailles et des mesures normalisées afin de contrôler la confection marocaine”, explique Mohamed Tazi, directeur général de l’Amith (qu’il ne faut pas confondre avec Karim Tazi de Richbond, le président de l’association).

“C’est la première fois que nous signons une telle convention avec un pays de l’Afrique du Nord”, conclut Iñaki Mataix, président de l’Association espagnole.


· Regroupements régionaux

Un des messages-clés de cette visite aura été de promouvoir l’idée des regroupements regionaux dans une logique win-win.
Le Maroc a besoin du savoir-faire espagnol. Et l’Espagne cherche à réduire ses coûts de production pour reconquérir le marché américain où elle a beaucoup régressé en raison de l’appréciation de l’euro et de la concurrente chinoise.
Dans cet esprit, les regroupements constitueront une “impressionnante force de frappe”.

“Aujourd’hui, aucun pays ne vit dans le confort. Tout le monde est entré dans l’arène”, explique le ministre Mezouar.
Les Espagnols partagent la même vision. “L’internationalisation des entreprises, plus particulièrement les PME, est un sujet de grande importance”, considère Rafael Ferrando, président de la Confédération des organisations d’entrepreneurs de la région autonome de Valence.

“La résistance aux Chinois est un enjeu majeur pour les pays de la Méditerranée”, ajoute un autre membre de la Confédération espagnole.
Les accords de l’OMC interdisent les restrictions d’échanges. Alors, que faire face à cet invité encombrant et conquérant?
L’internationalisation n’est pas la seule solution, estiment les Espagnols. Il est tout aussi crucial d’assainir le circuit de la commercialisation et d’obliger les Chinois à respecter la loi de propriété industrielle. Sinon, les dégâts causés par la contrefaçon seront colossaux.


Les membres de la délégation marocaine

- Salah Eddine Mezouar, ministre du Commerce et de l’Industrie
- Lamyae El Ismaïli, chef de la division des Industries textile et cuir
- Tarik Radi, gérant de l’entreprise Your Style
- Azzedine Jettou, directeur administrateur du groupe Au Derby
- Hassan El Alaoui, président de la Fedic
- Karim Tazi, président de l’Amith
- Mohamed Tazi, DG de l’Amith

Nadia LAMLILI
Source : L'Economiste

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