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Un théâtre privé pour bientôt à Casablanca

Bien des années après la destruction de son théâtre, Casablanca jouira enfin d’un nouvel établissement, mais privé cette fois-ci. «Le Mogador» sera l’œuvre de Tayeb Saddiki, qui, à l’âge de 68 ans, réalise enfin le rêve qu’il n’a jamais cessé de caresser depuis son enfance. Le célèbre artiste marocain construit son édifice sur bd Ghandi, en remplacement de l’ancien chapiteau.

Les travaux ont démarré depuis six mois environ et se poursuivront jusqu’à fin 2006, assure le comédien. Bien entendu, il puise dans sa fortune personnelle, qu’il qualifie «d’infortune personnelle». «Avant je faisais du théâtre privé, maintenant de moyens je suis privé», soutient-il, sur un ton de plaisanterie. Mais, il ne compte pas dévoiler le montant de l’investissement.

Heureusement, des fonds ont pu être collectés. Saddiki a bénéficié d’une subvention de l’Etat de 500.000 DH, de dons de la part de Abderrahim Lahjouji, ex-patron de la CGEM, et de Karim Lamrani, ancien Premier ministre. Pour financer le reste des constructions, Tayeb Saddiki espère bien que la chance sera de son côté.
«Ailleurs, l’on fait du théâtre contemporain, alors qu’ici, l’on fait du théâtre quand on pourra!» souligne l’artiste, avec une pointe d’humour.

La future construction, d’une superficie de 1.100 m2, contiendra un théâtre couvert, un autre en plein air pour les enfants, un café-théâtre et une galerie de peinture (galerie Eugène Delacroix). Les comédiens pourront se changer dans des loges qui porteront chacune le nom d’un artiste connu (Jean Villar….).
Des cabines dédiées au décor et à l’habillement seront aménagées, de même qu’un atelier d’enregistrement de son. Une école de théâtre fait partie du plan. «Nous allons former des jeunes aux métiers du théâtre, affirme fièrement Saddiki. Et d’ajouter qu’il existe plus de 30 métiers différents dans le domaine du théâtre: son, lumière, décoration, accessoires, mise en scène, administration…». Comme l’explique l’artiste, l’administration d’une entreprise n’a rien avoir avec l’administration d’un théâtre.

Les jeunes seront acceptés avec ou sans bac et la formation durera deux ans.
L’école sera ouverte aux jeunes des quartiers défavorisés, ce qui montre que le théâtre aura aussi une vocation sociale. D’ailleurs, tous les mardis, les handicapés pourront y venir gratuitement, assure Saddiki.
Tous les porteurs de projets de pièces de théâtre seront les bienvenus, sans aucune discrimination.
«Je n’excluerais personne parce que pour chaque pièce de théâtre, il y
a un public». Le projet, qui permettra le recrutement de près de 140 personnes, ne peut qu’être salué.


Tayeb Saddiki, son œuvre

Né le 17 décembre 1938 à Essaouira-Mogador. Comédien, metteur en scène et auteur dramaturge du monde arabe. Son théâtre concilie les formes traditionnelles et les exigences contemporaines. Il met en scène en arabe et en français, souvent simultanément, les grands textes de la littérature arabe.

Il a été acteur, au cinéma, dans «Le messager» de Mostafa Al Akkad (1976) et dans «La prière de l’absent» de Hamid Bennani (1995). Il a publié des œuvres théâtrales aux éditions Eddif, «Le dîner de gala» (1990), «Les sept grains de beauté» (1991), «Molière ou l’amour de l’humanité» (1994), «Nous sommes faits pour nous entendre» (1997), «Eléphant et pantalons» (1997). Peintre à ses heures perdues, il est très sensible à la calligraphie arabe, genre dans lequel il excelle. Il vit à Casablanca et adore faire de l’humour.

Nadia BELKHAYAT
Source : L'Economiste

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