Auteur: Mohamed Choukri

Après Jean Genet et Tennessee Williams à Tanger (N.B. Avr. 1992, p.523), l'écrivain marocain évoque ici la personnalité de son ami Paul Bowles dans sa ville d'adoption, envoûtante mais aujourd'hui décadente. Dans La maison de l'araignée (N.B. Jan. 1994, p.31), le romancier américain mettait en scène, avec talent, un Marocain, ami d'intellectuels anglais et américains, écartelé entre tradition et modernisme. Ici, l'évocation de Tanger est décevante et le ton condescendant : « Pour ceux qui viennent aujourd'hui à Tanger, l'important c'est de vibrer au souvenir de leurs devanciers ». Quant au Paul Bowles, présenté par Choukri, il est, malgré son talent de romancier et de musicien, insaisissable, raciste, froid et peu sympathique ; seul émerge de ces pages assez plates et d'un snobisme littéraire plutôt ennuyeux, le portrait pathétique de Jane, l'épouse de Paul, personnage féminin doué pour les arts et les lettres mais frustré et autodestructeur, à la Fitzgerald. Toute une époque et un monde en marge, un peu pervers.