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Des responsables algériens en consultation sur l’ouverture de la frontière terrestre

En Algérie, des «autorités souveraines» entament le dialogue avec des universitaires et des spécialistes sur la manière adéquate d’envisager une réouverture des frontières terrestres avec le Maroc. Mais une décision concrète dans ce sens serait reportée à l’élection d’un nouveau président.

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La frontière terrestre maroco-algérienne est fermée depuis 1994 / Ph. DR.
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Fermées depuis 1994, les frontières maroco-algériennes pourraient être réouvertes par Alger, mais pas avant l'élection présidentielle. En effet, le quotidien britannique The Independent cite des sources informées pour rapporter des «démarches positives» dans ce sens, portées notamment par des «autorités souveraines» en consultation avec des chercheurs et des universitaires.

Selon le journal, l’idée est de réfléchir au «moyen le plus efficace d’ouvrir la frontière terrestre» et ce, «malgré les différends» entre les deux pays, notamment concernant la question du Sahara. Dans ce sens, la première démarche de réouverture proposées est de «commencer, étape par étape, par traiter le dossier de la circulation des personnes ainsi que les échanges commerciaux, parallèlement au suivi de l’évolution du nombre de voyageurs qui passeraient par cette frontière».

Ce processus est proposé «sous la supervision d’une équipe constituée de plusieurs ministères». En revanche, le travail ne pourra être effectué avant l’élection présidentielle qui devra donner un nouveau chef d’Etat pour l’Algérie, rapporte The Independent.

Selon la même source, ceci n’empêche pas pour autant de réfléchir d’emblée à la question pour proposer des feuilles de route, susceptibles de constituer une base concernant les démarches politiques post-scrutin dans ce sens, «loin de tout calcul politique subjectif qui peut entraver le projet».

L’espoir de tourner une page sombre

Depuis l’attentat contre l’hôtel Atlas Asni à Marrakech, le 24 août 1994, le Maroc a imposé le visa aux ressortissant algériens désireux de se rendre au royaume, après avoir dénoncé un rôle des services de renseignement d’Alger dans les événements. En réponse, l’Algérie a alors décidé de fermer les frontières terrestres entre les deux pays.

A la suite des faits, il a fallu attendre 2009, soit 15 ans, pour que la frontière soit brièvement réouverte. En tout, elle ne l’aura été qu’une seule fois, exceptionnellement pour le passage d’un convoi humanitaire britannique, qui se dirigeait vers la bande de Gaza (Palestine).

Par ailleurs, le Maroc a appelé les autorités algériennes à laisser de côté les différends bilatéraux et à réouvrir la frontière terrestre, ce que les gouvernements algériens s’étant succédés n’ont pas réalisé. Le 6 novembre 2018, à l’occasion de son discours en commémoration de de la Marche verte, le roi Mohammed VI a appelé le voisin de l’Est à entamer un dialogue direct pour que les relations entre les deux pays puissent voir le bout du tunnel.

Dans ce sens, il a affirmé les dispositions de Rabat à mener un dialogue direct, mais l’initiative marocaine n’a pas fait réagir les autorités d’Alger. Le 29 juillet dernier, Mohammed VI a réitéré cet appel, à l’occasion de la Fête du Trône. «Nous réaffirmons notre engagement sincère à garder la main tendue en direction de nos frères en Algérie, fidèles en cela aux liens de fraternité, de religion, de langue et de bon voisinage, qui unissent depuis toujours nos deux peuples frères», a-t-il indiqué dans son discours.

Ces appels rejoingnent ceux de la société civile locale, qui exprime de part et d’autre son souhait de voir les frontières réouvertes. En avril 2018, un groupe de sportifs algériens se sont rendus au la zone frontalière de Bin-Lajraf pour une manifestation appelant à lever la décision de fermeture.

De l’autre côté, près de Saïdia, notamment lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations (CAN 2019) disputée en juillet dernier, la victoire de l’Algérie lors de la finale a été célébrée par des jeunes marocains, qui ont saisi l’occasion pour appeler à la réouverture des frontières.

Précédemment contacté par Yabiladi, le militant des droits humains algérien Hassan Ammari a assuré que des Algériens dans les marches marocaines, et inversement, participaient à ces rassemblements, symbolisant ainsi les «liens de famille» entre les deux peuples.