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Boom de l’émigration marocaine vers l’Espagne

L’Espagne pourrait redevenir, d’ici la fin de l’année, la principale porte d’entrée de l’Union européenne. L’explosion de l’immigration irrégulière y est avant tout l’effet de la reprise, depuis plusieurs années, de l’émigration marocaine vers l’Union européenne.

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Un moment, la crise économique espagnole et le retour des Marocains résidant en Espagne vers leur pays natal a pu laisser croire que l’émigration marocaine vers le royaume ibérique touchait à sa fin. Aujourd’hui, les statistiques espagnoles révèlent, au contraire, que les Marocains sont à l’origine de l’explosion de l’immigration irrégulière constatée par Madrid depuis deux ans.

Cette année, entre le premier janvier et le 15 juin, 13 442 personnes sont entrées de façon irrégulière sur le territoire espagnol, contre 8 220 l’an dernier, alors même qu’en 2017, l’immigration irrégulière en Espagne avait déjà doublé par rapport à 2016. Les Marocains représentent le plus grand nombre d’arrivées en Espagne cette année, derrière les Guinéens, selon les statistiques de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières.

L’an dernier, les Marocains étaient 5 454 à rallier l’Espagne, contre 1 267 un an plus tôt. Leur nombre a ainsi été multiplié par 4,3, entre 2016 et 2017. Ils représentaient 9% de l’immigration irrégulière en Espagne en 2016 et ont atteint 18%, un an plus tard.

Reprise de l’émigration marocaine

Cette augmentation explique en partie la hausse soudaine de l’immigration irrégulière en Espagne, mais elle participe également d’un mouvement plus global. En 2017, le nombre de Guinéens a ainsi augmenté de près de 60%, tandis que le nombre d’Ivoiriens doublait pour atteindre 3 801 passages irréguliers. En parallèle, le nombre d’Algériens - principalement depuis les côtes algériennes - a aussi doublé entre 2016 et 2017, atteignant 5 178 passages irréguliers, à peine moins, cette année-là, que les Marocains.

A elle seule, l’augmentation du nombre de Marocains et d’Algériens, relativement invisibles aux yeux des associatifs marocains en contact avec la population migrante ouest-africaine au Maroc, représente 30% de l’augmentation de l’immigration irrégulière en Espagne en 2017.

Cette forte augmentation de l’émigration marocaine irrégulière vers l’Espagne, l’an dernier et cette année, vient redoubler un mouvement entamé il y a plusieurs années. Alors que le nombre de Marocains recensés sur les routes migratoires d’accès à l’Europe ne cessait de baisser, il a d’abord repris lentement, en 2013, via la Lybie, la Tunisie et l’Italie.

De 87, le nombre de passages de Marocains recensés en 2012 par Frontex est passé à 6 004, l’an dernier, sur la route de la Méditerranée centrale. L’établissement de routes migratoires créent ainsi des opportunités que saisissent les Marocains candidats à l’exil.

En 2015, quand l’Union européenne connaissait la plus forte vague d’immigration irrégulière depuis la Seconde guerre mondiale - plus d’un million de personnes, essentiellement des réfugiés syriens -, Frontex a recensé 7 416 Marocains sur la route Turquie-Grèce, alors principale porte d’entrée de l’Union européenne.

article_updated 2018/07/03 a las 11h36