Menu

angle_2

Huelva Gate : Le ministère du Travail marocain en mode sapeur-pompier

Après un premier démenti précipité, le ministère du Travail reconnait une plainte d’une saisonnière marocaine pour agression sexuelle mais minimise l’étendue du scandale de Huelva en ignorant les autres plaintes. 

Publié
Mohamed Yatim, ministre du Travail / Archive - DR
Temps de lecture: 2'

Le ministère de l'emploi et de l'insertion professionnelle a diffusé via la MAP, le vendredi 8 juin, un communiqué confirmant finalement qu’il y a bien eu agressions sexuelles sur des saisonnières marocaines à Huelva. Cependant, il ne retient qu’une seule plainte, celle «concernant une personne faisant actuellement l’objet d'une enquête judiciaire dans le pays ibérique».

Publié quelques heures après l’article de Yabiladi, «Huelva Gate : Le combat des saisonnières marocaines ne fait que commencer», le ministère revient sur ce qui semble être unes des révélations faites par José Antonio, porte parole du Syndicat des travailleurs d’Andalousie (SAT) à Huelva.

Ce dernier, nous avait affirmé qu’outre les centaines de plaintes déposées par les saisonnières marocaines, celles-ci subissent de nombreux abus. Leur salaire était fixé à 40 euros, mais elles n’en percevaient que 36 ou 37 euros. A ceci, le département ministériel précise que «le salaire fixé à 37 euros pour une journée de travail de 6 heures et demie, demeure assujetti aux heures de travail de chaque salarié», justifiant ainsi les ponctions sur salaire dont se plaignents les saisonnières marocaines.

Des aveux (ou presque) après un long déni

Par ailleurs, le porte-parole du SAT avait confirmé à Yabiladi que ces femmes vivaient dans des conditions inhumaines, non seulement sur leur lieu de travail, mais aussi au niveau du logement et du traitement qui leur est accordé. Le ministère admet néanmoins, que depuis le début de la campagne agricole des visites de terrain sont organisées afin, «d’assurer le contrôle du respect de la législation du travail en vigueur (salaire, durée de travail et logement)», précise le communiqué.

Pour autant, le ministère s’en lave rapidement les mains, affirmant que «les entreprises concernées qui attirent la main-d’œuvre étrangère sont tenues ainsi de respecter le cahier des charges fixé par les autorités espagnoles». Tout juste admet-il, que ses services seraient en train de «procéder à l’amélioration des conditions de séjour des ouvrières dans certaines exploitations agricoles, dont le nombre demeure très limité».

Le ministère préfère s’attarder sur les mérites du programme établi entre le Maroc et l’Espagne ayant permis une augmentation du nombre de saisonnières (15 000 au lieu de 3 000 en moyenne lors des 5 dernières années). Des performances économiques et financières mises en valeur alors qu’il est question ici d’affaire d’agressions sexuelles, de harcèlement, de conditions de travail et de logement comme Yabiladi l’a souligné dans les nombreux articles consacrés au «Huelva Gate». 

Ne se limitant pas à la défense bec et ongles du programme de travail saisonnier à Huelva, le ministère jutifiera le rapatriement des ouvrières marocaines en plein scandale. Pour le département de Mohamed Yatim, les retours étaient prévus car ils correspondaient à la fin de la récolte. Les autorités espagnoles semblent pourtant en avoir décidé autrement : la garde civile étant intervenue pour empêcher le départ des autocars devant ramener les Marocaines dans leur pays.