La crise diplomatique entre la Maroc et l’Algérie fait la une depuis le 20 octobre dernier. Les deux pays voisins ont répondu en conséquences aux accusations du ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelkader Messahel, à travers différentes décisions et un bon nombre de communiqués. Alors, comment l’opposition algérienne voit la situation ? Comment le Maroc et l’Algérie peuvent-ils rétablir les relations diplomatiques ?
Pour répondre à ces questions, Ali Belhadj, le numéro 2 du parti algérien Front islamique du salut (FIS), prohibé depuis 1992 par les autorités algériennes, commente la crise diplomatique entre les deux pays.
Comment voyez-vous la récente crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie ?
En réalité, cette crise ne concerne pas les peuples. Ce sont les régimes qui ont participé à l’éloignement de la nation et sa division.
Les peuples ne font pas attention à ce genre d’absurdités entre les deux régimes. Au contraire, les peuples cherchent à s’unir et à collaborer ensemble. Les dirigeants travaillent en réalité à séparer à travers des accusations mutuelles. Les régimes ont des problèmes internes qu’ils veulent dévoiler à l’extérieur, que ce soit le régime algérien ou marocain.
Concernant les peuples, ce qui se passe est simplement un nuage passager, le vide politique et les problèmes internes chez les deux partis est la cause de ce qui se passe.
A votre avis, quel est le moyen de dépasser ce genre de crises ?
Pour que les relations entre les enfants des peuples arabes et musulmans deviennent naturelles, il faut que les régimes fassent le choix entre deux choses : Soit elles deviennent raisonnables et cherchent l’intérêt de leur peuple, et qu’elles y travaillent assidument, ou qu’elles quittent le pouvoir pour laisser la place à d’autres régimes qui vont prioriser l’unification des peuples et la collaboration mutuelle. Les régimes devraient être raisonnables et viser à mettre un terme à ce genre de choses, à travers la renonciation, sachant que cet abdication n’est pas d’un régime à un autre, mais plutôt une renonciation au profit des peuples. Cela va renforcer ces régimes.
Comment pouvez-vous qualifier la récente déclaration de Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères algérien ?
Si Abdelkader Messahel et les régimes arabes en général n’excluaient pas leur peuple, ils n’auraient pas dit ce genre de choses. Les régimes dans le monde arabe ont une façon de diriger qui n’est pas équitable. Les peuples sont plus concernés par ce qui est important, telles les crises internes que créent ces régimes. La bonne chose est qu’ils connaissent bien leurs dirigeants et qu’ils sont conscients que c’est une manière de canaliser les problèmes internes.
Mais il semblerait que les médias jettent de l’huile sur le feu…
Oui effectivement, je crois que les journalistes devraient être plus raisonnables. Au lieu d’aggraver le problème, ils devraient contribuer à sensibiliser les peuples et les dirigeants sur la situation actuelle. Il existe des lacunes et des failles dans le système algérien, tunisien, égyptien et marocain. Il existe un grand besoin d’une réforme générale et les médias devraient y contribuer. Au Maroc par exemple, le peuple n’est pas intéressé par ce que Messahel a dit. Les médias fiables et objectifs sont supposés prendre avantage de la situation pour permettre au lecteur de comprendre le contexte historique des relations diplomatiques reliant les deux pays.