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Pédophilie à El Jadida : Des ONG saisissent la justice et se portent partie civile

Depuis les révélations, ces deux derniers jours, sur des faits d’attentat à la pudeur sur un mineur dans une plage près d’El Jadida, les dénonciations sont unanimes de la part des associations éducatives et de protection de l’enfance. Des instances se sont coordonnées pour saisir la justice en se portant partie civile, affirmant que contrairement à certaines fausses informations, l’organisation sportive du mis en cause n’est aucunement liée au programme national des colonies de vacances.

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Photo d'illustration / DR.
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Depuis l’arrestation d’un cinquantenaire pour attentat à la pudeur sur un mineur, tel que documenté par des vidéos prises sur la plage de Oualidia, au sud d’El Jadida, les réactions de la société civile se multiplient. Insistant que l’Association des champions d’Anassi que préside le mis en cause n’est aucunement liée au programme national des colonies de vacances, contrairement à certaines fausses allégations, des organisations ont désormais créé un comité de suivi pour saisir la justice en se portant partie civile, mais aussi porter assistance aux victimes. Contacté ce lundi par Yabiladi, le président national de l’Organisation des pionniers enfants du Maroc, Mohamed Hajjioui, a confirmé que la section régionale de Casablanca-Settat avait bien confié le dossier à son avocat pour saisir le parquet.

«Comme affirmé dans le communiqué par nos camarades de l’antenne de la région, l’initiative d’organiser cette excursion n’émane pas d’un responsable affilié au programme "vacances pour tous", d’autant que les encadrants des colonies de vacances sont formés à cet effet et bien conscients de leurs obligations concernant la sécurité des enfants lors de ces sorties, qui sont strictement encadrées par la loi et par les procédures administratives.»

Mohamed Hajjioui

Samedi dernier, la police judiciaire de la ville d’El Jadida a annoncé avoir ouvert une information judiciaire sous la supervision du parquet, pour enquêter sur ces actes criminels imputés à l’homme de 57 ans, interpellé la veille et placé en garde à vue. Une plainte de la famille de la victime a pointé le mis en cause dans l’agression sexuelle de l’enfant, indiquant que les faits se seraient déroulés durant une sortie à la plage.

De nombreuses anomalies

«Le mis en cause a organisé cette sortie de son propre chef, en réunissant de l'argent auprès des parents d’enfants et en laissant croire qu'ils iraient en colonie de vacances. Or, il y a lieu de se demander comment, étant accompagné de 19 mineurs, il n’a attiré l’attention de personne et il a pu louer un espace d’hébergement qui ne correspond aucunement aux règles minimales de prise en charge des enfants. Cet élément à lui seul devait alerter, à commencer par la personnes qui a mis son local à la disposition du concerné, ainsi que les autorités locales, lorsqu’on sait qu’il était le seul adulte non tuteur à les accompagner», a ajouté Mohamed Hajjioui auprès de Yabiladi.

Dans son communiqué, la section régionale de l’organisation dénonce les «actes d’un pédophile constituant une violation flagrante des droits de l’enfant». «Nous condamnons fermement cet acte criminel horrible et nous requérons auprès de notre honorable magistrature les peines maximales», a souligné l’instance, confirmant par ailleurs s’être constituée partie civile. Dans ce sens, Mohamed Hajjioui a affirmé à Yabiladi qu’en tant que membre de la Fédération nationale des colonies de vacances, l’Organisation des pionniers enfants du Maroc fait également partie d’un réseau associatif constitué au sein de la FNCV, afin de coordonner et assurer le suivi de ce cas.

«Ce dossier revêt plusieurs dimensions sur lesquelles le travail est nécessaire, que ce soit de la part de nos pouvoirs publics ou des composantes de la société civile, car au-delà du procès qui doit être exemplaire, il est important de se pencher sur la prise en charge sociale et psychique de l’enfant victime et des autres, dont certains auraient fait l’objet du même traitement.»

Mohamed Hajjioui

D'autres enfants de la sortie seraient concernés

La Fédération nationale des colonies de vacances (FNCV) a fait savoir que le mis en cause est «entraîneur de football, actif dans l’un des stades de proximité du quartier Anassi à Casablanca», où il préside l’Association des champions d’Anassi. Selon les images ayant documenté les faits incriminés, le cinquantenaire a d’abord agressé sexuellement un enfant de moins de neuf ans, devant ses camarades, «de manière à ce que cet acte odieux leur paraisse comme une normalité et les concerne ensuite tous, au nombre de 19», s’est indignée l’organisation.

Sur les réseaux sociaux, l’homme a précédemment lancé un appel pour organiser «une sortie à la plage de Oualidia, dans la province d’El Jadida du 1er au 10 août, comme annoncé sur la page Facebook de ladite association, et non un camp de colonie de vacances, avec la participation de 19 enfants pour qui un appartement de seulement deux pièces a été loué», a encore révélé la Fédération. Et de rappeler que l’organisation des centres d’estivage relevant de l’autorité gouvernementale en charge de la jeunesse est régie par le décret 2.21.186, qui définit leur durée d’activité, tandis que leurs règlements sont déterminés par arrêté du ministre de tutelle, avec pour mission de fournir des services liés à l’accueil, à l’hébergement, à la restauration et à l’encadrement éducatif.

La Fédération ne décolère pas, ajoutant que «l’intéressé a organisé un enlèvement [des mineurs] sous couvert d’une tromperie concernant un soi-disant voyage, pour recourir à un trafic d’enfants, porter atteinte à leur intégrité et les agresser». Dans ce sens, l’organisation «demande que la peine soit durcie pour l’auteur de ce crime grave, afin d’en faire un exemple pour tous ceux qui s’en prennent aux enfants, et de manière à garantir tous les droits des victimes soumises à des actes criminels aussi odieux». La FNCV a par ailleurs souligné le droit pour les enfants concernés à «un suivi psychologique adéquat suite aux violences sexuelles et en prévention des effets de la stigmatisation qui leur serait infligée dans le futur par l’auteur du crime».

L’association Touche pas à mon enfant a également dénoncé ces actes, en exprimant son indignation de «la présence de telles personnes à la tête d’associations qui ternissent le travail d’organisations dans le domaine du sport et détruisent ses nobles objectifs visant à diffuser la culture du sport comme hygiène de vie saine pour les enfants». Dans son communiqué, l’ONG a annoncé qu’elle prendra «les mesures nécessaires pour que ce criminel soit sévèrement puni», dans un contexte où les pédophiles «semblent recourir à de nouveaux moyens pour rester à proximité des enfants victimes».