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Le Polisario et l’Algérie attaquent Pedro Sánchez pour ses vacances au Maroc

Le Polisario s’est saisi de la controverse sur les vacances de Pedro Sánchez au Maroc, en reprochant au président du gouvernement espagnol par intérim des «liens douteux» avec Rabat. Dans le contexte post-électoral en Espagne, l’extrême gauche a aussi récupéré le sujet, dans une alliance de circonstances avec la droite. En résonnance, le séjour fait couler de l’encre en Algérie.

Publié
Pedro Sánchez en séjour familial à Marrakech, le 1er août 2023
Temps de lecture: 3'

Après les critiques du Parti populaire et de Vox sur le choix du président du gouvernement espagnol par intérim Pedro Sánchez de passer ses vacances à Marrakech, l’Algérie et le Front Polisario emboîtent le pas à la droite et à l’extrême droite pour se saisir du sujet. Faisant écho à Alger, le mouvement séparatiste voit dans le séjour privé du chef du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) un soutien à la position du Maroc sur le Sahara.

Le représentant du Front Polisario en Espagne, Abdullah Arabi, a déclaré mercredi que le voyage de Sánchez traduisait un «appui incontesté de l’Espagne» à Rabat, mais aussi à ce qu’il a qualifié de «violations systématiques et impunies des droits humains» au Sahara occidental. «Malgré l’insistance pour que ce voyage soit complètement limité à la sphère privée, il implique une grande dimension politique qui dépasse la sphère privée», a-t-il dit.

Une caisse de résonnance à Alger

Abdullah Arabi a déclaré que la presse marocaine considérait les vacances de Sanchez comme un indicateur du «soutien absolu» du gouvernement espagnol aux revendications du Maroc sur le Sahara. «Tout au long de cette année et demie, le caractère unilatéral du changement radical de position de Sánchez à l’égard du Sahara occidental s’est confirmé... une position que la société civile espagnole a immédiatement rejetée», a-t-il poursuivi.

En Algérie, le sujet n’a pas tardé à faire parler dans les médias proches du sérail. Echourouk dépeint ainsi le séjour privé de Pedro Sánchez comme révélateur des «antécédents de la subordination du gouvernement espagnol sortant» au Maroc. La même source argue par ailleurs que le changement de position de l’Espagne sur la question du Sahara occidental tenait «à des considérations personnelles plus que politiques».

«Malgré les doutes politiques qui pèsent sur son séjour au Maroc», Sánchez «n’a pas apporté plus de transparence» pour dissiper les doutes, à en croire Echourouk, notamment en ce qui concerne «les dates, le programme de la visite et la nature des mesures de sécurité qui l’accompagnent». Le journal va jusqu’à avancer que le président du gouvernemet espagnol «aurait pu ne pas passer ses vacances dans le royaume alaouite» et plutôt «se rendre dans un autre pays», pour «éviter toute controverse médiatique et politique, compte tenu de sa relation douteuse avec Rabat». Le journal suggère même un éventuel «chantage» que le numéro un du PSOE aurait subi du Maroc.

La réaction du Polisario et des médias proches du pouvoir en Algérie s’ajoute à celles des partis de la droite espagnole, qui tentent d’ancrer ce séjour dans le contexte des élections électorales anticipées du 23 juillet dernier. Hier, le Parti populaire a ouvert le bal en qualifiant ce voyage de «provocation», tout en reprochant à Sánchez de «faillir à des obligations», dans un contexte où le scrutin n’a pas permis de dégager une majorité absolue. A l’extrême droite, Vox a suivi le PP.

L’extrême gauche se rallie à la droite pour s’abattre sur Sánchez 

Alors que Sánchez devra se lancer dans les prochaines étapes pour former un gouvernement, à son retour du Maroc, ce ne sont désormais plus seulement les tendances de droite qui récupèrent la polémique pour tenter un tir groupé contre le PSOE. A l’extrême gauche, Podemos a fait un écho franc à la réaction du Polisario et de l’Algérie, en reprochant au président de l’exécutif par intérim de «montrer sa complaisance avec le Maroc».

Candidate en coalition avec Sumar lors du scrutin du 23 juillet, l’eurodéputée et responsable du secrétariat international de Podemos, Idoia Villanueva, a réagi avec ces mots, hier, tout en arguant que le Maroc «continue de violer les droits fondamentaux en toute impunité», concernant la question du Sahara. Par ailleurs, elle a exprimé son «soutien au peuple sahraoui et au Polisario dans leur lutte pour l’autodétermination». Durant ces élections, Sumar, allié de Podemos, a permis à une membre du mouvement séparatiste d’être élue.

Après le scrutin, le PP est arrivé en tête avec 136 députés à la Chambre basse du Parlement espagnol, suivi du PSOE (122). Avec ce résultat, le président du gouvernement sortant pourrait rempiler pour un nouveau mandat, d’autant que pour s’assurer le siège de chef de l’exécutif, le PP aura besoin de 176 députés. En l’espèce, la polémique récupérée par ses adversaires politiques concernant le séjour au Maroc trahit une volonté de ces dernier de barrer la route à Sánchez pour reconduire un exécutif.

Mardi, la Moncloa a affirmé aux médias espagnol que Pedro Sánchez avait financé son séjour familial privé de ses fonds personnels et non du budget public. Elle a ajouté que ce voyage n’incluait aucun agenda institutionnel.