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Maroc : La condamnation du journaliste Raïssouni confirmée en appel

Condamné en première instance à cinq ans de prison ferme pour agression sexuelle sur un jeune homme se disant homosexuel, Soulaimane Raïssouni a vu sa peine confirmée en appel. Les deux parties pourraient se pourvoir en cassation.

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Photo d'illustration / DR.
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La Cour d’appel de Casablanca a rendu son verdict, en fin de soirée ce mercredi 23 février, confirmant la peine de première instance à laquelle le journaliste Soulaimane Raïssouni a été condamné. Accusé d’agression sexuelle sur un jeune homme se disant homosexuel, il écope de cinq ans de prison ferme et doit verser 100 000 dirhams d’indemnisation à la partie civile. Le tribunal a également rejeté toutes les requêtes de la défense.

La dernière séance du procès de l’ancien rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar Alyaoum s’est tenue plus tôt dans la journée, avant que les juges ne se retirent pour les délibérations. L’audience a été marquée par des plaidoiries qui ont duré plus de huit heures, au cours desquelles les avocats de la défense ont soutenu que les déclarations de la partie civile étaient «entachées de multiples contradictions au cours des différentes étapes du dossier».

A sa sortie de la salle d’audience après le verdict, Me Miloud Kandil, membre des avocats de la défense, a exprimé son désarroi face à la confirmation de la condamnation prononcée en première instance, qu’il a estimée «injuste au vu des preuves contredisant la version tenue par la partie civile» et pointant des «vices de procédure». «La voie juridique qui reste à suivre est de se pourvoir en cassation, en concertation avec notre client, s’il exprime son souhait de faire ce recours (...) Nous avons besoin que ce type de dossiers se referme et qu’une nouvelle page s’ouvre dans notre pays», a-t-il déclaré.

Le plaignant non satisfait du verdict

Avocate de la partie civile, Me Aïcha El Guellaa a estimé pour sa part que «le jugement n’était pas équitable en faveur de la victime Adam, qui a subi un viol et un attentat à la pudeur». «Nous avons interjeté appel du verdict déjà rendu en première instance, mais malheureusement il a été confirmé», a-t-elle ajouté, soulignant selon elle que «le déroulement du procès a obéi aux critères de garantie de l’équité». Elle a indiqué que le plaignant allait se pourvoir en cassation aussi, annonçant par ailleurs la tenue d’une conférence de presse par l’Association marocaine des droits des victimes, jeudi 25 février à 16 heures au siège de l’ONG, afin de commenter les différents aspects du procès du point de vue de la partie civile.

Avant Raïssouni, l’ex-directeur de publication d’Akhbar Al Yaoum, Taoufik Bouachrine, a saisi également la Cour de cassation pour contester sa condamnation en appel à quinze ans de prison ferme. En septembre dernier, la juridiction suprême a confirmé cette peine, pour «traite d’êtres humains», «abus de pouvoir et d’autorité à des fins d’exploitation sexuelle» et «menace contre deux individus à la fois». Ce verdict est alourdi par rapport à celui rendu en première instance et condamnant le journaliste à 12 ans.

Dans ce procès également, la partie civile avait envisagé de saisir la cassation, exprimant son insatisfaction du jugement pour la réparation des plaignantes et estimant que les indemnisations fixées à 200 000 DH ne seraient pas à la hauteur du préjudice subi.

D’autres journalistes du même quotidien ont déjà été poursuivis en justice, à l’image de Hajar Raïssouni. En septembre 2019, elle a été condamnée en première instance à un an de prison ferme et 500 DH d’amende pour «débauche et avortement illégal», de même que son fiancé qui l’a accompagnée à la clinique. Avant d’interjeter appel, la journaliste a été remise en liberté, à la suite d’une grâce royale.

article_updated 24/02/2022 a las 12h19