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Maroc : Vers un deuxième procès pour maltraitance animale ?

L’association Comme chiens et chats Maroc va déposer une plainte pour un cas de torture perpétrée contre un animal errant. Sur le front de la lutte pour la protection animale, c’est un virage qui s’opère.  

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Le quartier du Maarif à Casablanca vu de haut. / DR
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«La maltraitance des animaux au Maroc est devenue une règle, pas une exception.» C’est le constat formulé par Youssef Rharib, l’avocat de l’association de protection animale Comme chiens et chats Maroc (CCC), qui va plaider la cause d’un nouveau cas de maltraitance animale déclaré, recensé à Casablanca dans le quartier du Maarif, rapporte Le 360.

Dimanche 9 juin, un résident du quartier a en effet alerté l’association sur le cas d’une chatte torturée par un autre habitant du Maarif dans son garage. «C’est un chat errant, une femelle d’environ un an. L’homme l’a saisie dans la rue puis l’a enfermée dans son garage, après quoi il s’est emparé d’un morceau de bois muni de clous et l’a frappée avec. Il n’a laissé personne l’approcher, il voulait qu’elle reste dans son garage jusqu’à ce qu’elle meure infectée», nous explique Hind Moustaghfir, présidente de CCC Maroc. L’association est toutefois parvenue à récupérer l’animal et à le transférer dans une clinique vétérinaire de Berrechid. D’après des voisins, l’homme serait coutumier des sévices de ce genre pratiqués sur des chats errants.

«La plainte est prête mais n’a pas encore été déposée», précise de son côté Youssef Rharib, contacté par Yabiladi. «Elle sera déposée dans les jours à venir», abonde Hind Moustaghfir. Fait inédit : c’est la première fois qu’une plainte va être déposée pour une affaire de maltraitance sur un cas isolé. Il y a bien eu le précédent des 40 chats brûlés vifs à Safi, «mais dans le cas de ce chat, il y a une particularité : il s’agit d’un animal errant qui n’appartient à personne», argue l’avocat.

Dans le cas de Safi, dont l’enquête est toujours en cours, «les chats étaient régulièrement nourris par des bénévoles et avaient élu domicile dans un endroit bien particulier. Les habitants du quartier savaient qu’ils vivaient là-bas.» Sans compter que l’opinion publique a été particulièrement émue par le sort de ces 40 félins décimés, ce qui a semble-t-il légitimé la recevabilité de la plainte.

Des plaintes jugées irrecevables

Car habituellement, du fait du vide juridique et de l’absence de sanctions pénales en matière de maltraitance commise sur des animaux sans propriétaire, le parquet se montre peu enclin à recevoir les plaintes. Seulement trois articles du Code pénal traitent de la maltraitance animale au Maroc (601, 602 et 603). Et encore : ils ne concernent que les animaux domestiques et le bétail, et les amendes ne dépassent pas les 500 dirhams. «De toute façon, ils sont aussi pauvres au niveau de la formule que des sanctions», fustige Youssef Rharib.

En revanche, dans le cas de cette chatte torturée, Hind Moustaghfir se dit très confiante sur la recevabilité de la plainte. «Si c’est un particulier qui porte plainte pour un cas isolé, la plainte n’est effectivement pas jugée recevable, confirme-t-elle, mais si c’est une association qui este en justice par le biais de son avocat, alors elle l’est.»

Au Maroc, les cas de maltraitance animale sont légion, et les sévices ne sont pas que physiques : l’association Comme chiens et chats s’inquiète de la vente d’animaux domestiques et sauvages dans les souks, en dehors de tout cadre légal et sanitaire, et qui ne répond à aucune norme internationale. Les animaux y sont confinés dans de toutes petites cages, privés d’eau et de nourriture et exposés en plein soleil. Le Maroc est pourtant membre de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), une organisation intergouvernementale chargée de définir des normes de santé animale visant à améliorer la santé et le bien-être des animaux.